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Werke Augustinus von Hippo (354-430) De Civitate Dei

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La cité de dieu

CHAPITRE XXX.

MALGRÉ L’OBSCURITÉ DE QUELQUES PASSAGES DE L’ANCIEN TESTAMENT, OU LA PERSONNE DU CHRIST NE PARAÎT PAS EN TOUTE ÉVIDENCE, IL FAUT, QUAND IL EST DIT QUE DIEU VIENDRA JUGER, ENTENDRE CELA DE JÉSUS-CHRIST.

Il y a beaucoup d’autres témoignages de l’Ecriture sur le dernier jugement, mais il serait trop long de les rapporter, et il nous suffit d’avoir prouvé qu’il a été annoncé par l’Ancien et par le Nouveau Testament. Mais l’Ancien ne déclare pas aussi formellement que le Nouveau que c’est Jésus-Christ qui doit rendre ce jugement. De ce qu’il y est dit que le Seigneur Dieu viendra, il ne s’ensuit pas que ce doive être Jésus-Christ, car cette qualification convient aussi bien au Père ou au Saint-Esprit qu’au Fils. Nous ne devons pas toutefois laisser passer ce point sans preuves. II est nécessaire pour cela de montrer premièrement, comment Jésus-Christ parle dans ses prophètes, sous le nom de Seigneur Dieu, afin qu’aux autres endroits, où cela n’est point manifeste et où néanmoins il est dit que le Seigneur Dieu doit venir pour juger, on puisse l’entendre de Jésus-Christ. Il y a un passage dans le prophète Isaïe qui fait voir clairement ce dont il s’agit. Voici en effet comment Dieu parla par ce Prophète : « Ecoutez-moi, Jacob et Israël que j’appelle. Je suis le premier et je suis pour jamais. Ma main a fondé la terre, et ma droite a affermi le ciel. Je les appellerai, et ils s’assembleront tous et ils entendront. Qui a annoncé ces choses? Comme je vous aime, j’ai accompli votre volonté sur Babylone et exterminé la race des Chaldéens. J’ai parlé et j’ai appelé ; je l’ai amené, et je l’ai fait réussir dans ses entreprises. Approchez-vous de moi, et écoutez-moi. Dès le commencement, je n’ai point parlé en secret ; j’étais présent, lorsque ces choses se faisaient. Et maintenant le Seigneur Dieu m’a envoyé, et son Esprit1 ». C’est lui-même qui parlait tout à l’heure comme le Seigneur Dieu, et néanmoins on ne saurait pas que c’est Jésus-Christ, s’il n’ajoutait : « Et maintenant le Seigneur Dieu m’a envoyé, et son Esprit ». Il dit cela, en effet, selon la forme d’esclave, et parle d’une chose à venir, comme si elle était passée. De même, en cet autre passage du même prophète : « Il a été conduit à la mort, comme une brebis que l’on mène à la boucherie2 » ; il ne dit pas : «Il sera conduit», mais il se sert du passé pour le futur, selon le langage ordinaire des Prophètes. Il y a un autre passage dans Zacharie, où il dit clairement que le Tout-Puissant a envoyé le Tout-Puissant. Or, de qui peut-on entendre cela, sinon de Dieu le Père qui a envoyé Dieu le Fils? Voici le passage: « Le Seigneur tout puissant a dit : Après la gloire, il m’a envoyé vers les nations, qui vous ont pillé. Car vous toucher, c’est toucher la prunelle de son oeil. J’étendrai ma main sur eux, et ils deviendront les dépouilles de ceux qui étaient leurs esclaves et vous connaîtrez que c’est le Seigneur tout-puissant qui m’a envoyé3 ». Voilà le Seigneur tout puissant qui dit qu’il est envoyé par le Seigneur tout-puissant. Qui serait entendre ces paroles d’un autre que de Jésus-Christ, qui parle aux brebis égarées de la maison d’Israël ? Aussi dit-il dans l’Evangile. « Je n’ai été envoyé que pour les brebis perdues de la maison d’Israël4», qu’il compare ici à la prunelle des yeux de Dieu, pour montrer combien il les chérit. Parmi ces brebis, il faut compter les Apôtres mêmes, mais « après la gloire », c’est-à-dire après sa résurrection glorieuse, car avant, comme dit saint Jean l’évangéliste: «Jésus n’était point encore glorifié5 ». Il fut aussi envoyé aux nations, en la personne de ses Apôtres; et ainsi fut accompli ce qu’on lit dans le psaume : « Vous me délivrerez des rébellions de ce peuple; vous m’établirez chef des nations6 »; afin que ceux qui avaient pillé les Israélites, et dont les Israélites avaient été les esclaves, devinssent eux-mêmes les dépouilles des Israélites ; car c’est ce qu’il avait promis aux Apôtres en leur disant : « Je vous ferai pêcheurs d’hommes7 » ; et à l’un deux: « Dès ce moment ton emploi sera de prendre des hommes8 ». Ils deviendront donc les dépouilles, mais en un bon sens, comme sont celles qu’on enlève dans l’Evangile à ce Fort armé, après l’avoir lié de chaînes encore plus fortes que lui9.

Le Seigneur parlant encore par les Prophètes : « En ce jour-là, dit-il, j’aurai soin d’exterminer toutes les nations qui viennent contre Jérusalem, et je verserai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de miséricorde; ils jetteront les yeux sur moi, parce qu’ils m’ont insulté; et ils se lamenteront, comme ils se lamenteraient au sujet d’un fils bien-aimé; ils seront outrés de douleur, comme ils le seraient pour un fils unique10 ». A qui appartient-il, sinon à, Dieu seul, d’exterminer toutes les nations ennemies de la cité de Jérusalem, «qui viennent contre elle », c’est-à-dire qui lui sont contraires, ou, selon d’autres versions, qui « viennent sur elle», c’est-à-dire qui veulent l’assujétir? et à qui appartient-il de répandre l’esprit de grâce et de miséricorde sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem? Sans doute cela n’appartient qu’à Dieu; et aussi est-ce à Dieu que le Prophète le fait dire. Et toutefois Jésus-Christ fait voir que c’est lui qui est ce Dieu qui a fait toutes ces merveilles, lorsqu’il ajoute : « Et ils jetteront les yeux sur moi, parce qu’ils m’ont insulté, et ils se lamenteront, comme ils se lamenteraient au sujet d’un fils bien-aimé, et ils seront outrés de douleur, comme ils le seraient pour un fils unique ». Car en ce jour-là, les Juifs mêmes, qui doivent recevoir l’esprit de grâce et de miséricorde, jetant les yeux sur Jésus-Christ, qui viendra dans sa majesté, et voyant que c’est, lui qu’ils ont méprisé dans son abaissement, en la personne de leurs pères, se repentiront de l’avoir insulté dans sa passion. Quant à leurs pères qui ont été les auteurs d’une si grande impiété, ils le verront bien- aussi, quand ils ressusciteront; mais ce ne sera que pour être punis de leur attentat, et non pour se convertir. Ce n’est donc pas d’eux qu’il faut entendre ces paroles: «Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem l’esprit de grâce et de miséricorde ; et ils jetteront les yeux sur moi, à cause qu’ils m’ont insulté » ; et pourtant, ceux qui croiront à la prédication d’Elie doivent descendre de leur race. Mais de même que nous disons aux Juifs: Vous avez fait mourir Jésus-Christ, quoique ce crime soit l’ouvrage de leurs ancêtres ; de même ceux dont parle le Prophète s’affligeront d’être en quelque sorte les auteurs du mal que d’autres ont accompli. Ainsi, bien qu’après avoir reçu l’esprit de grâce et de miséricorde, ils ne soient point enveloppés dans une même condamnanation, ils ne laisseront pas de pleurer le crime de leurs pères, comme s’ils en étaient coupables. Au reste, tandis que les Septante ont traduit : « Ils jetteront les yeux sur moi, à cause qu’ils m’ont insulté », l’hébreu porte: « Ils jetteront les yeux sur moi qu’ils ont percé11 » ; expressions12 qui rappellent encore mieux Jésus-Christ crucifié. Toutefois « l’insulte », suivant l’expression adoptée par les Septante, embrasse en quelque sorte l’ensemble de la passion. En effet, Jésus-Christ fut insulté par les Juifs, et quand il fut pris, et quand il fut lié, et quand il l’ut jugé, et quand il fut revêtu du manteau d’ignominie, et quand il fut couronné d’épines, frappé sur la tête à coups de roseau, adoré dérisoirement le genou en terre, et quand il porta sa croix, et enfin quand il y fut attaché. Ainsi, en réunissant l’une et l’autre version, et en lisant qu’ils l’ont insulté et qu’ils l’ont percé, nous reconnaîtrons mieux la vérité de la passion du Sauveur.

Quand donc nous lisons dans les Prophètes que Dieu doit venir juger, il le faut entendre de Jésus-Christ ; car, bien que ce soit le Père qui doive juger, il ne jugera que par l’avénement du Fils de l’homme. Il ne jugera personne visiblement ; il a donné tout pouvoir de juger au Fils, qui viendra pour rendre le jugement, comme il est venu pour le subir. De quel autre que de lui peut-on entendre ce que Dieu dit par Isaïe, sous le nom de Jacob et d’Israël, dont le Christ est issu selon la chair: « Jacob est mon serviteur; je le protégerai ; Israël est mon élu ; c’est pourquoi mon âme l’a choisi. Je lui ai donné mon esprit; il prononcera le jugement aux nations. Il ne criera point, il ne se taira point; et sa voix ne sera point entendue au dehors. Il ne brisera point le roseau cassé ; il n’éteindra point la lampe qui fume encore; mais il jugera en vérité. Il sera resplendissant, et ne pourra être opprimé jusqu’à ce qu’il établisse le jugement sur la terre ; et les nations espéreront en lui13 ». L’hébreu ne porte pas Jacob et Israël; mais les Septante, voulant nous montrer comment il faut entendre le mot de serviteur que porte le serviteur, c’est-à-dire le profond abaissement où a daigné se soumettre le Très-Haut, ont mis le nom de celui dans la postérité duquel il a pris cette forme de serviteur. Le Saint-Esprit lui a été donné, et nous le voyons descendre sur lui dans l’Evangile, sous la forme d’une colombe14. Il a prononcé le jugement aux nations, parce qu’il a prédit l’accomplissement futur de ce qui leur était caché. Sa douceur l’a empêché de crier; et toutefois il n’a pas cessé de prêcher la vérité. Mais sa voix n’a point été entendue au dehors, et ne l’est pas encore, parce que ceux qui sont retranchés de son corps ne lui obéissent pas. Il n’a point brisé ni éteint les Juifs, ses persécuteurs, qui sont comparés ici tour à tour à un roseau cassé, parce qu’ils ont perdu leur fermeté, et à une lampe fumante, parce qu’ils n’ont plus de lumière. Il les a épargnés, parce qu’il n’était pas encore venu pour les juger, mais pour être jugé par eux15. Il a prononcé un jugement véritable, leur prédisant qu’ils seraient punis, s’ils persistaient en leur malice. Sa face a été resplendissante sur la montagne16, et son nom célèbre dans l’univers ; et il n’a pu être opprimé par ses persécuteurs, ni dans sa personne, ni dans son Eglise. Ainsi, c’est en vain que ses ennemis disent: « Quand est-ce que son nom sera aboli et périra? jusqu’à ce qu’il établisse le jugement sur la. terre17 ». Voilà ce que nous cherchions et ce qui était caché car c’est le dernier jugement qu’il établira sur la terre, quand il descendra du ciel. Nous voyons déjà accompli ce que le Prophète ajoute : « Et les nations espéreront en son nom ». Que ce fait, qui ne peut pas être nié, soit donc une raison pour croire ce que l’on mnie impudemment. Car qui eût osé espérer cette merveille dont sont témoins ceux-là mêmes qui refusent de croire en Jésus-Christ, et qui grincent des dents et sèchent de dépit, parce qu’ils ne peuvent les nier? qui eût osé espérer que les nations espéreraient au nom de Jésus-Christ, quand on le prenait, quand on le liait et le bafouait, quand on l’insultait et le crucifiait, et enfin quand ses disciples même avaient perdu l’espérance qu’ils commençaient à avoir en lui? Ce qu’à peine un seul larron crut alors sur la croix, toutes les nations le croient maintenant, et, de peur de mourir à jamais, elles sont marquées du signe de cette croix sur laquelle Jésus-Christ est mort.

Il n’est donc personne qui doute de ce jugement dernier, annoncé dans les saintes Ecritures, sinon ceux qui, par une incrédulité aveugle et opiniâtre, ne croient pas en ces Ecritures mêmes, bien qu’elles aient déjà justifié devant toute la terre une partie des vérités qu’elles annoncent. Voilà donc les choses qui arriveront en ce jugement, ou vers cette époque: l’avénement d’Elie, la conversion des Juifs, la persécution de l’Antéchrist, la venue de Jésus-Christ pour juger, la résurrection des morts, la séparation des bons et des méchants, l’embrasement du monde et son renouvellement. Il faut croire que toutes ces choses arriveront ; mais comment et en quel ordre? l’expérience nous l’apprendra mieux alors que toutes nos conjectures ne peuvent le faire maintenant. J’estime pourtant qu’elles arriveront dans le même ordre où je viens de les rappeler.

Il ne me reste plus que deux livres à écrire pour terminer cet ouvrage et m’acquitter de mes promesses avec l’aide de Dieu. Dans le premier des deux je traiterai du supplice des méchants ; dans l’autre, de la félicité des bons; et j’y réfuterai les vains raisonnements des hommes qui se croient sages en se raillant des promesses de Dieu, et qui méprisent comme faux et ridicules les dogmes qui nourrissent notre foi. Mais pour ceux qui sont sages selon Dieu, sa toute-puissance est le grand argument qui leur fait croire toutes les vérités qui semblent incroyables aux hommes, et qui néanmoins sont contenues dans les saintes Ecritures, dont la véracité a déjà été justifiée de tant de manières. Ils tiennent pour certain qu’il est impossible que Dieu ait voulu nous tromper, et qu’il peut faire ce qui parait impossible aux infidèles.


  1. Isa. XLVIII, 12-16. ↩

  2. Isa. LIII, 7, sec. LXX.  ↩

  3. Zach. II, 8, 9.  ↩

  4. Matt. XV, 24.  ↩

  5. Jean, VII, 39.  ↩

  6. Ps. XVII, 44.  ↩

  7. Matt. IV, 19.  ↩

  8. Luc, V, 10.  ↩

  9. Matt. XII, 29. ↩

  10. Zach. XII, 9, 10. ↩

  11. Jean, V, 22. ↩

  12. Ce sont celles de la Vulgate. ↩

  13. Isa. XLII, 1-4, sec. LXX. ↩

  14. Matt. III, 16. ↩

  15. Comp. saint Jérôme, commentant Isaïe, Epist. CLI ad Algasiam. ↩

  16. Matt. XVII, 1, 2.  ↩

  17. Ps. XL, 6 ↩

Edition ausblenden
De civitate Dei (CCSL)

Caput XXX: Quod in libris ueteris testamenti, cum deus legitur iudicaturus, non euidenter Christi persona monstretur, sed ex quibusdam testimoniis, ubi dominus deus loquitur, appareat non dubie, quod ipse sit Christus.

Multa alia sunt scripturarum testimonia diuinarum de nouissimo iudicio dei, quae si omnia colligam, nimis longum erit. satis ergo sit, quod et nouis et ueteribus litteris sacris hoc praenuntiatum esse probauimus. sed ueteribus per Christum futurum esse iudicium, id est iudicem Christum de caelo esse uenturum, non tam, quam nouis, euidenter expressum est, propterea quia, cum ibi dicit dominus deus se esse uenturum uel dominum deum dicitur esse uenturum, non consequenter intellegitur Christus. dominus enim deus et pater est et filius et spiritus sanctus; neque hoc tamen intestatum relinquere nos oportet. primo itaque demonstrandum est, quemadmodum Iesus Christus tamquam dominus deus loquatur in propheticis libris, et tamen Iesus Christus euidenter appareat, ut et quando non sic apparet et tamen ad illud ultimum iudicium dominus deus dicitur esse uenturus, possit Iesus Christus intellegi. est locus apud Esaiam prophetam, qui hoc quod dico euidenter ostendit. deus enim per prophetam: audi me, inquit, Iacob et Israel quem ego uoco. ego sum primus et ego in sempiternum, et manus mea fundauit terram, et dextera mea firmauit caelum. uocabo eos, et stabunt simul, et congregabuntur omnes et audient. quis ei nuntiauit haec? diligens te feci uoluntatem tuam super Babylonem, ut auferrem semen Chaldaeorum. et locutus sum et ego uocaui; adduxi eum et prosperam feci uiam eius. accedite ad me et audite haec, non a principio in abscondito locutus sum; quando fiebant, ibi eram. et nunc dominus deus misit me et spiritus eius. nempe ipse est, qui loquebatur sicut dominus deus; nec tamen intellegeretur Iesus Christus, nisi addidisset: et nunc dominus deus misit me et spiritus eius. dixit hoc enim secundum formam serui, de re futura utens praeteriti temporis uerbo, quemadmodum apud eundem prophetam legitur: sicut ouis ad immolandum ductus est. non enim ait: ducetur, sed pro eo, quod futurum erat, praeteriti temporis uerbum posuit. et adsidue prophetia sic loquitur. est et alius locus apud Zachariam, qui hoc euidenter ostendit, quod omnipotentem misit omnipotens: quis quem, nisi deus pater deum filium? nam ita scriptum est: haec dicit dominus omnipotens: post gloriam misit me super gentes, quae spoliauerunt uos; quia qui tetigerit uos, quasi qui tangit pupillam oculi eius. ecce ego inferam manum meam super eos, et erunt spolia his, qui seruierant eis; et cognoscetis quia dominus omnipotens misit me. ecce dicit dominus omnipotens a domino omnipotente se missum. quis hic audeat intellegere nisi Christum loquentem, scilicet ouibus quae perierant domus Israel? ait namque in euangelio: non sum missus nisi ad oues quae perierunt domus Israel; quas hic comparauit pupillae oculi dei propter excellentissimum dilectionis adfectum; ex quo genere ouium etiam ipsi apostoli fuerunt. sed post gloriam resurrectionis utique suae, quae antequam fieret, ait euangelista: Iesus nondum erat glorificatus, etiam super gentes missus est in apostolis suis, ac sic inpletum est quod in psalmo legitur: erues me de contradictionibus populi, constitues me in caput gentium, ut, qui spoliauerant Israelitas quibusque Israelitae seruierant, quando sunt gentibus subditi, non uicissim eodem modo spoliarentur, sed ipsi spolia fierent Israelitarum - hoc enim apostolis promiserat dicens: faciam uos piscatores hominum, et uni eorum: ex hoc iam, inquit, homines eris capiens - ; spolia ergo fierent, sed in bonum, tamquam erepta uasa illi forti, sed fortius adligato. item per eundem prophetam dominus loquens: et erit, inquit, in die illa quaeram auferre omnes gentes quae ueniunt contra Hierusalem, et effundam super domum Dauid et super habitatores Hierusalem spiritum gratiae et misericordiae; et adspicient ad me pro eo quod insultauerunt, et plangent super eo planctum quasi super carissimum, et dolebunt dolore quasi super unigenitum. numquid nisi dei est auferre omnes gentes inimicas sanctae ciuitatis Hierusalem, quae ueniunt contra eam, id est contrariae sunt ei, uel, sicut alii sunt interpretati, ueniunt super eam, id est, ut eam sibi subiciant; aut effundere super domum Dauid et super habitatores eiusdem ciuitatis spiritum gratiae et misericordiae? hoc utique dei est, et ex persona dei dicitur per prophetam; et tamen hunc deum haec tam magna et tam diuina facientem se Christus ostendit adiungendo atque dicendo: et adspicient ad me pro eo quod insultauerunt, et plangent super eo planctum quasi super carissimum - siue dilectum - et dolebunt dolore quasi super unigenitum. paenitebit quippe Iudaeos in die illa, etiam eos, qui accepturi sunt spiritum gratiae et misericordiae, quod in eius passione insultauerint Christo, cum ad eum adspexerint in sua maiestate uenientem eumque esse cognouerint, quem prius humilem in suis parentibus inluserunt; quamuis et ipsi parentes eorum tantae illius inpietatis auctores resurgentes uidebunt eum, sed puniendi iam, non adhuc corrigendi. non itaque hoc loco ipsi intellegendi sunt, ubi dictum est: et effundam super domum Dauid et super habitatores Hierusalem spiritum gratiae et misericordiae; et adspicient ad me pro eo quod insultauerunt; sed tamen de illorum stirpe uenientes, qui per Heliam illo tempore credituri sunt. sed sicut dicimus Iudaeis: uos occidistis Christum, quamuis hoc parentes eorum fecerint, sic et isti se dolebunt fecisse quodammodo, quod fecerunt illi, ex quorum stirpe descendunt. quamuis ergo accepto spiritu gratiae et misericordiae iam fideles non damnabuntur cum inpiis parentibus suis, dolebunt tamen tamquam ipsi fecerint, quod ab illis factum est. non igitur dolebunt reatu criminis, sed pietatis adfectu. sane ubi dixerunt septuaginta interpretes: et adspicient ad me pro eo quod insultauerunt, sic interpretatum est ex Hebraeo: et adspicient ad me, quem confixerunt, quo quidem uerbo euidentius Christus crucifixus apparet. sed illa insultatio, quam septuaginta ponere maluerunt, eius uniuersae non defuit passioni. nam et detento et adligato et adiudicato et obprobrio ignominiosae uestis induto et spinis coronato et calamo in capite percusso et inridenter fixis genibus adorato et crucem suam portanti et in ligno iam pendenti utique insultauerunt. proinde interpretationem non sequentes unam, sed utramque iungentes, cum et insultauerunt et confixerunt legimus, plenius ueritatem dominicae passionis agnoscimus. cum ergo in propheticis litteris ad nouissimum iudicium faciendum deus legitur esse uenturus, etsi eius alia distinctio non ponatur, tantummodo propter ipsum iudicium Christus debet intellegi, quia etsi pater iudicabit, per aduentum filii hominis iudicabit. nam ipse per suae praesentiae manifestationem non iudicat quemquam, sed omne iudicium dedit filio, qui manifestabitur homo iudicaturus, sicut homo est iudicatus. quis est enim alius, de quo item deus loquitur per Esaiam sub nomine Iacob et Israel, de cuius semine corpus accepit? quod ita scriptum est: Iacob puer meus, suscipiam illum; Israel electus meus, adsumpsit eum anima mea. dedi spiritum meum in illum, iudicium gentibus proferet. non clamabit neque cessabit neque audietur foris uox eius. calamum quassatum non conteret et linum fumans non exstinguet; sed in ueritate proferet iudicium. refulgebit et non confringetur, donec ponat in terra iudicium; et in nomine eius gentes sperabunt. in Hebraeo non legitur Iacob et Israel; sed quod ibi legitur seruus meus, nimirum septuaginta interpretes uolentes admonere quatenus id accipiendum sit, quia scilicet propter formam serui dictum est, in qua se altissimus humillimum praebuit, ipsius hominis nomen ad eum significandum posuerunt, de cuius genere eadem serui forma suscepta est. datus est in eum spiritus sanctus, quod et columbae specie euangelio teste monstratum est; iudicium gentibus protulit, quia praenuntiauit futurum, quod gentibus erat occultum; mansuetudine non clamauit, nec tamen in praedicanda ueritate cessauit; sed non est audita foris uox eius nec auditur, quandoquidem ab eis, qui foris ab eius corpore praecisi sunt, non illi oboeditur; ipsosque suos persecutores Iudaeos, qui calamo quassato perdita integritate et lino fumanti amisso lumine conparati sunt, non contriuit, non exstinxit, quia pepercit eis, qui nondum uenerat eos iudicare, sed iudicari ab eis. in ueritate sane protulit iudicium praedicens eis, quando puniendi essent, si in sua malignitate persisterent. refulsit in monte facies eius, in orbe fama eius; nec confractus siue contritus est, quia neque in se neque in ecclesia sua, ut esse desisteret, persecutoribus cessit; et ideo non est factum nec fiet, quod inimici eius dixerunt uel dicunt: quando morietur et peribit nomen eius? donec ponat in terra iudicium. ecce manifestatum est quod absconditum quaerebamus; hoc enim est nouissimum iudicium, quod ponet in terra, cum uenerit ipse de caelo, de quo iam uidemus inpletum, quod hic ultimum positum est: et in nomine eius gentes sperabunt. per hoc certe quod negari non potest etiam illud credatur quod inpudenter negatur. quis enim speraret, quod etiam hi, qui nolunt adhuc credere in Christum, iam nobis cum uident et, quoniam negare non possunt, dentibus suis frendent et tabescunt? quis, inquam, speraret gentes in Christi nomine speraturas, quando tenebatur ligabatur, caedebatur inludebatur, crucifigebatur, quando et ipsi discipuli spem perdiderant, quam in illo habere iam coeperant? quod tunc uix unus latro sperauit in cruce, nunc sperant gentes longe lateque diffusae, et ne in aeternum moriantur, ipsa in qua ille mortuus est cruce signantur. nullus igitur uel negat uel dubitat per Christum Iesum tale, quale istis sacris litteris praenuntiatur, nouissimum futurum esse iudicium, nisi qui eisdem litteris nescio qua incredibili animositate seu caecitate non credit, quae iam ueritatem suam orbi demonstrauere terrarum. in illo itaque iudicio uel circa illud iudicium has res didicimus esse uenturas, Heliam Thesbiten, fidem Iudaeorum, Antichristum persecuturum, Christum iudicaturum, mortuorum resurrectionem, bonorum malorumque diremptionem, mundi conflagrationem eiusdem que renouationem. quae omnia quidem uentura esse credendum est; sed quibus modis et quo ordine ueniant, magis tunc docebit rerum experientia, quam nunc ad perfectum hominum intellegentia ualet consequi. existimo tamen eo quo a me commemorata sunt ordine esse uentura. duo nobis ad hoc opus pertinentes reliqui sunt libri, ut adiuuante domino promissa conpleamus; quorum erit unus de malorum supplicio, alius de felicitate iustorum; in quibus maxime, sicut deus donauerit, argumenta refellentur humana, quae contra praedicta ac promissa diuina sapienter sibi miseri rodere uidentur et salubris fidei nutrimenta uelut falsa et ridenda contemnunt. qui uero secundum deum sapiunt, omnia, quae incredibilia uidentur hominibus et tamen scripturis sanctis, quarum iam ueritas multis modis adserta est, continentur, maximum argumentum tenent ueracem dei omnipotentiam, quem certum habent nullo modo in eis potuisse mentiri et posse facere quod inpossibile est infideli.

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