CHAPITRE X.
DE LA FAUSSETÉ DE L’HISTOIRE QUI COMPTE DANS LE PASSÉ PLUSIEURS MILLIERS D’ANNÉES.
Laissons là les conjectures de ceux qui déraisonnent sur l’origine du genre humain. Les uns croient que les hommes ont toujours existé aussi bien que le monde, ce qui a fait dire à Apulée : « Chaque homme est mortel, « pris en particulier, mais les hommes, pris ensemble, sont immortels1 ». Lorsqu’on leur demande comment cette opinion peut s’accorder avec le récit de leurs historiens sur les premiers inventeurs des arts ou sur ceux qui ont habité les premiers certains pays, ils répondent que d’âge en âge il arrive des déluges et des embrasements qui dépeuplent une partie de la terre et amènent la ruine des arts, de sorte que le petit nombre des hommes survivants paraît les inventer, quand il ne fait que les renouveler2, mais qu’au reste un homme ne saurait venir que d’un autre homme. Parler ainsi, c’est dire, non ce qu’on sait, mais ce qu’on croit.
