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De l'utilité de la foi
36.
Si donc la raison ou mes conseils sont parvenus à t'ébranler, si, comme je le crois, tu as un vrai souci de tes intérêts, daigne m'entendre ; abandonne-toi aux meilleurs maîtres de la doctrine chrétienne et catholique, avec une foi sincère, une espérance vive et une charité simple, et ne cesse pas de prier Dieu qui seul nous a créés par sa bonté, qui nous a châtiés par sa justice et délivrés par sa clémence. De cette manière, ni les leçons et les discussions des hommes profondément savants et vraiment chrétiens, ni les livres ni les pensées raisonnables même ne te manqueront pour arriver facilement à ton but. Quant à ces docteurs bavards et pitoyables (c'est le terme le plus doux que je puisse employer), abandonne-les totalement; tout occupés de rechercher l'origine du mal, ils ne trouvent que le mal. Leurs discussions à ce sujet ne font guère qu'exciter chez leurs auditeurs l'esprit de recherche, et ils éveillent les intelligences d'une manière si fâcheuse, que mieux vaudrait dormir toujours que de veiller de cette façon. En effet, de léthargiques qu'ils sont, ils en font des frénétiques; et bien que ces deux maladies soient le plus souvent mortelles, elles présentent toutefois cette différence, que le léthargique meurt sans faire de mal aux autres, tandis que le frénétique est dangereux pour beaucoup de personnes raisonnables, pour celles surtout qui veulent le secourir.
Non, Dieu n'est point l'auteur du mal ; jamais il ne s'est repenti de ce qu'il a fait; nulle passion ne jette le trouble et le désordre dans son esprit ; son empire ne se borne pas à une petite partie de la terre; il n'est pas de crime, pas de forfait qu'il approuve ou commande; il ne ment jamais. Ces déclamations et d'autres de ce genre nous émouvaient, alors que ces sectaires déclaraient avec tant de violence que c'était là la doctrine de l'Ancien Testament; ce qui est de toute fausseté. Aussi j'avoue qu'ils font bien de blâmer ces assertions. Qu'ai-je donc appris avec eux? Le voici : c'est qu'on peut blâmer certaines choses .sans blâmer la doctrine catholique. Ainsi ce que j'ai appris de vrai auprès d'eux, je le garde; ce qui m'a paru faux, je le repousse. Mais l'Église catholique m'a appris bien d'autres choses, ce que ne pourraient faire ces hommes maigres de corps, mais épais d'esprit : elle m'a appris que Dieu n'est point corporel, qu'aucune partie de lui-même n'est sensible aux yeux de notre corps, que rien dans sa substance et sa nature n'est sujet à l'altération et au changement, ni formé de parties unies entre elles. Si tu m'accordes tout cela, et en effet on ne peut avoir une autre idée de la divinité, tout l'échafaudage de ces hérétiques est renversé. Quant à ce fait, que Dieu n'a ni créé ni fait le mal, qu'il n'y a présentement et qu'il n'y a jamais eu ni nature ni substance que Dieu n'ait créée ou faite, et que cependant il nous délivre du. mal ; tout cela est prouvé par des raisons si péremptoires que personne ne saurait en douter, surtout toi et ceux qui te ressemblent, si toutefois on apporte à cet examen, outre une vive intelligence, la piété et une certaine paix de l'âme, sans lesquelles il est impossible de rien comprendre à des matières si importantes.. Il ne s'agit pas ici d'un vain récit, de je ne sais quel conte persan auquel il suffit de prêter l'oreille, et que comprend. l'intelligence du dernier enfant. La vérité est loin, bien loin des folles idées des Manichéens.
Mais cet entretien s'est prolongé déjà beaucoup plus longtemps que je ne le pensais; mettons-y donc un terme. Souviens-toi néanmoins, je te prie, que je n'ai pas encore commencé à réfuter les Manichéens, ni à attaquer leurs rêveries, et que je n'ai rien montré des grandeurs de l'Eglise catholique elle-même. J'ai voulu seulement te faire con. naître, s'il m'était possible, l'opinion fausse que, par méchanceté ou par ignorance, on nous avait inspirée des vrais chrétiens, et te donner le goût des choses grandes et divines. C'est pourquoi finissons ici cet entretien; quand ton esprit sera devenu plus calme, je serai peut-être plus disposé à continuer.
Traduction de M. PICHENET, professeur au lycée de Nancy.
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On the Profit of Believing
36.
Wherefore, if either our reasoning or our discourse hath in any way moved you, and if you have, as I believe, a true care for yourself, I would you would listen to me, and with pious faith, lively hope, and simple charity, entrust yourself to good teachers of Catholic Christianity; and cease not to pray unto God Himself, by Whose goodness alone we were created, and suffer punishment by His justice, and are set free by His mercy. Thus there will be wanting to you neither precepts and treatises of most learned and truly Christian men, nor books, nor calm thoughts themselves, whereby you may easily find what you are seeking. For do you abandon utterly those wordy and wretched men, (for what other milder name can I use?) who, whilst they seek to excess whence is evil, find nothing but evil. And on this question they often rouse their hearers to inquire; but after that they have been roused, they teach them such lessons as that it were preferable even to sleep for ever, than than thus to be awake. For in place of lethargic they make them frantic, between which diseases, both being usually fatal, there is still this difference, that lethargic persons die without doing violence to others; but the frantic person many who are sound, and specially they who wish to help him, have reason to fear. For neither is God the author of evil, nor hath it ever repented Him that He hath done aught, nor is He troubled by storm of any passion of soul, nor is a small part of earth His Kingdom: He neither approves nor commands any sins or wickedness, He never lies. For these and such like used to move us, when they used them to make great and threatening assaults, and charged this as being the system of teaching of the Old Testament, which is most false. Thus then I allow that they do right in censuring these. What then have I learnt? What think you, save that, when these are censured, the Catholic system of teaching is not censured. Thus what I had learnt among them that is true, I hold, what is false that I had thought I reject. But the Catholic Church hath taught me many other things also, which those men of bloodless bodies, but coarse minds, cannot aspire unto; that is to say, that God is not corporeal, that no part of Him can be perceived by corporeal eyes, that nothing of His Substance or Nature can any way suffer violence or change, or is compounded or formed; and if you grant me these, (for we may not think otherwise concerning God,) all their devices are overthrown. But how it is, that neither God begot or created evil, nor yet is there, or hath there been ever, any nature and substance, which God either begot not or created not, and yet that He setteth us free from evil, is proved by reasons so necessary, that it cannot at all be matter of doubt; especially to you and such as you; that is, if to a good disposition there be added piety and a certain peace of mind, without which nothing at all can be understood concerning so great matters. And here there is no rumor concerning smoke, and I know not what Persian vain fable, unto which it is enough to lend an ear, and soul not subtile, but absolutely childish. Far altogether, far otherwise is the truth, than as the Manichees dote. But since this discourse of ours hath gone much further than I thought, here let us end the book; in which I wish you to remember, that I have not yet begun to refute the Manichees, and that I have not yet assailed that nonsense; and that neither have I unfolded any thing great concerning the Catholic Church itself, but that I have only wished to root out of you, if I could, a false notion concerning true Christians that was maliciously or ignorantly suggested to us, and to arouse you to learn certain great and divine things. Wherefore let this volume be as it is; but when your soul becomes more calmed, I shall perhaps be more ready in what remains. 1
cf. Retr. b. i. ch. 14. 6. "But in the end of the book I say, But since this discourse of ours, &c.' This I did not say in such sort as though I had not hitherto written anything against the Manichaeans, or had not committed to writing anything at all about Catholic doctrine, when so many volumes before published were witnesses that I had not been silent on either subject; but in this book written to him I had not yet begun to refute the Manichaeans, and had not yet attacked those follies, nor had I as yet opened anything great concerning the Catholic Church itself; because I hoped that after that beginning made, I should write to that same person what I had not yet here written." ↩