• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra epistulam fundamenti Manichaeorum Réfutation de l'épître manichéenne appelée Fondamentale

CHAPITRE XXXIV. LA NATURE N'EST JAMAIS SANS QUELQUE BIEN.

37. Mais, me direz-vous peut-être, ces maux ne peuvent être arrachés à de telles natures, voilà pourquoi nous devons les regarder comme leur étant naturels. La question présente n'est pas de savoir ce qui peut ou ne peut pas être arraché; je dis seulement qu'il suffit du plus simple bon sens pour comprendre que toutes les natures comme telles sont bonnes, que ces biens peuvent être parfaitement conçus sans la présence de ces maux, tandis que sans ces biens, aucune nature ne saurait se concevoir. En effet, je puis avoir l'idée de l'eau sans que pour cela elle soit de l'eau trouble et fangeuse; au contraire, en dehors de l'union et de la continuité des parties, il m'est impossible de me faire l'idée d'un corps, d'en avoir la moindre perception; de là il suit que même ces eaux fangeuses ne peuvent exister, si elles ne possèdent le bien sans lequel il ne saurait y avoir de nature corporelle. Quant à ce que vous avancez que ces maux sont inséparables de ces natures, je réponds qu'il en est au moins de même de ces biens. Or, à raison de ces maux que vous croyez inséparables, vous dites de ces êtres, qu'ils sont mauvais par nature; pourquoi donc, à raison de ces biens qui, vous en êtes convaincus, sont absolument inséparables, n'avouez-vous pas que ces mêmes êtres sont bons par nature?

38. Maintenant, et c'est ici la question suprême, il nous reste à chercher l'origine de ces maux qui me déplaisent autant qu'à vous. Eh bien 1 je vous promets la réponse, si, de votre côté, vous voulez me faire connaître l'origine de ces biens, que vous voulez vous-mêmes nécessairement, à moins de vous condamner à l'absurdité la plus profonde. Mais pourquoi ma question? est-ce que vous et moi nous ne convenons pas que tout bien, quel qu'il soit, a pour unique principe Dieu lui-même, qui est le souverain bien par essence? Soulevez-vous donc contre ce Manès, qui, en présence de ces biens si grands et si nombreux que nous avons énumérés et si justement loués : la paix et la concorde des parties dans chaque nature, la santé et la force dans les êtres vivants, et autres biens que je ne puis rappeler, ne craint pas de les placer dans cette terre des ténèbres, afin de pouvoir affirmer qu'ils n'ont nullement pour auteur l'auteur même de tous les biens. Comme il ne cherchait que ce qui pouvait inspirer de l'horreur, il n'a entrevu aucun de ces biens. Pour le peindre, je le comparerais volontiers à un malheureux que le rugissement d'un lion vient de glacer d'effroi. Il le contemple, traînant ou déchirant comme sa proie une victime animale ou humaine; frappé d'une stupeur véritablement enfantine, il ne pense guère à admirer la nature de ce roi des animaux; une seule chose l'occupe tout entier, c'est sa férocité et ses instincts cruels, et pour lui ce lion n'est pas seulement le mal, mais le plus grand de tous les maux, et ce cri est sur ses lèvres d'autant plus exagéré qu'il est inspiré par un plus grand effroi. Mais s'il voyait un lion se laissant conduire avec une douceur étonnante, si surtout jamais lion ne l'avait effrayé, comme il admirerait avec le calme le plus parfait la beauté de cet animal! comme il abonderait en éloges ! Je ne prends de cette comparaison que ce qui convient à mon sujet; n'est-il pas vrai que pour tel phénomène particulier qui nous déplaît dans un être, nous prenons souvent en haine sa nature tout entière? Cependant il serait bien plus convenable d'admirer ? un animal dans sa réalité vivante et véritable, même quand il nous effraie dans les forêts, que de prodiguer nos éloges à son image reproduite par le ciseau, ou peinte sur la muraille. Que Manès ne pense pas nous faire tomber dans la même erreur; qu'il n'aspire pas à nous aveugler jusqu'au point, quand nous considérons telle nature, d'épouser tellement ses reproches, que nous repoussions la nature tout entière quand elle n'est blâmable que dans quelque partie. Soyons justes avant tout, et maintenant demandons-nous pourquoi les biens sont mêlés à ces maux que moi aussi j'ai couverts de toute ma réprobation. Pour nous rendre cette étude plus facile, désignons-les tous par une seule expression.

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (63.21 kB)
  • epubEPUB (54.16 kB)
  • pdfPDF (183.75 kB)
  • rtfRTF (148.20 kB)
Traductions de cette œuvre
Against the Epistle of Manichaeus Called Fundamental Comparer
Réfutation de l'épître manichéenne appelée Fondamentale

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité