Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
23.
Unde tantum abest, ut hoc, quod Faustus commemoravit, propterea non pertineat ad Christum, quia inter cetera maledicta positum est, ut nec ipsa cetera rectum habeant intellectum, nisi ad Christi gloriam, qua generi humano consulitur, prophetata referantur. p. 466,26 Quanto magis hoc, quod et si talis fuisset Moyses, ut aliud corde intuens id ore funderet, facilius eum dicerem prophetasse nescientem, quam, cum audirem populo Iudaeorum dictum: Videbis vitam tuam pendentem et non credes vitae tuae, de Christo prophetatum negarem. Neque enim hoc intuebatur animo Caiphas, quod ex verbis eius intellectum est, cum Christum ut inimicum persequens ait expedire, ut unus homo moreretur, ne periret tota gens, ubi evangelista subiecit hoc eum non a se dixisse, sed cum esset pontifex prophetasse. Sed Moyses non erat Caiphas. Quare illud, quod populo Hebraeo dixit: Videbis vitam tuam pendentem et non credes vitae tuae, non solum de Christo dicit, quod, etsi nesciens dixisset, de nullo alio dixisse deberet intellegi, verum etiam sciens dixit. p. 467,11 Erat enim fidelissimus dispensator prophetici sacramenti, id est illius sacerdotalis chrismatis, unde Christi nomen agnoscimus: in quo sacramento, quamvis homo pessimus, Caiphas etiam nesciens potuit prophetare. Hoc quippe in eo egit propheticum chrisma, ut prophetaret; hoc autem vita impia, ut nesciens prophetaret. Quo itaque ore dicitur nihil de Christo prophetasse Moyses, a quo illud chrisma coepit, unde Christi nomen innotuit, et unde Christum etiam persecutor Christi vel nesciens prophetavit.
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XXIII. CETTE PROPHÉTIE S'APPLIQUE AU CHRIST. PROPHÉTIE DE CAÏPHE.
Tant s'en faut que les paroles citées par Fauste ne se rapportent pas au Christ, parce qu'elles sont placées entre d'autres malédictions, qu'au contraire ces autres malédictions elles-mêmes n'ont plus de sens raisonnable, si on n'y veut pas voir des prophéties relatives à la gloire du Christ, ce grand intérêt de l'humanité. A combien plus forte raison faut-il le dire de celle-ci ? Et si Moïse avait été homme à parler contre sa pensée, j'aimerais encore mieux dire qu'il a prophétisé sans le savoir, que de ne pas voir une prophétie relative au Christ dans ces mots : « Tu verras ta vie suspendue, et tu ne croiras pas à ta vie ». Certainement Caïphe n'avait pas la pensée que l'on a prêtée à ses paroles, quand, persécutant le Christ comme un ennemi, il disait qu'il était bon qu'un homme mourût, pour sauver le peuple entier de sa ruine. Sur quoi l'Evangile ajoute qu'il ne disait pas cela de lui-même, mais qu'étant pontife, il prophétisait[^1]. Mais Moïse n'était pas Caïphe ; aussi ce qu'il a dit au peuple hébreu : « Tu verras ta vie suspendue, et tu ne croiras pas à ta vie », non-seulement il l'a dit du Christ, et, l'eût-il dit sans le savoir, on ne pourrait l'entendre autrement, mais il l'a dit avec' connaissance de cause. Car il était le très-fidèle dispensateur du mystère prophétique, c'est-à-dire de cette onction sacerdotale, qui a donné son nom au Christ; et c'est dans ce même mystère que Caïphe, quoique très-méchant homme, a pu prophétiser même sans le savoir. De quel front donc vient-on nous dire que Moïse n'a rien prophétisé du Christ : Moïse, par qui a commencé cette onction, d'où est venu le nom de Christ, et par laquelle un persécuteur du Christ l’a prophétisé même sans le savoir ?
- Jean, XI, 49, 51.