Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
4.
Hactenus enim et Iudaeorum me poteras dicere schisma, quia et omnipotentem deum colam, quod sibi et Iudaeus omnis audaciter assumit, cum non considerares rituum diversitatem, qua a me coleretur omnipotens et a Iudaeis, si tamen omnipotentem Iudaei colunt. Sed interim de opinione tractamus, quae sic et paganos de solis cultura fefellit ut de omnipotentis Iudaeos. Sed nec vestrum quidem schisma si me dixeris, verum est, quamvis Christum venerer et colam, quia alio eum ritu colo et alia fide quam vos. Schisma vero aut nihil immutare debet ab eo, unde factum est, aut non multum, ut puta vos, qui desciscentes a gentibus p. 538,4 monarchiae opinionem primo vobiscum divulsistis, id est, ut omnia credatis ex deo; sacrificia vero eorum vertistis in agapes, idola in martyres, quos votis similibus colitis; defunctorum umbras vino placatis et dapibus, sollemnes gentium dies cum ipsis celebratis, ut Kalendas et solstitia, de vita certe mutastis nihil; estis sane schisma a matrice sua diversum nihil habens nisi conventum. Necnon et priores vestri Iudaei, segregati etiam ipsi a gentibus, sculpturas solum dimiserunt; templa vero et immolationes et aras et sacerdotia atque omne sacrorum ministerium eodem ritu exercuerunt ac multo superstitiosius quam gentes. De opinione vero monarchiae in nullo etiam ipsi dissentiunt a paganis. Quare constat vos atque Iudaeos schismata esse gentilitatis, cuius fidem tenentes et ritus modice quamvis immutatos de sola conventuum divisione putatis vos esse sectas. p. 538,19 Porro autem sectas si quaeras, non plus erunt quam duae, id est gentium et nostra, qui eis longe diversa sentimus, ita quidem oppositi‹s› invicem nobis, ut est veritas et mendacium, ut dies et nox, ut egestas et copia, ut morbus et sanitas. Vos vero nec erroris secta estis nec veritatis, sed schisma tantum; nec ipsum veritatis saltem, sed erroris.
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE IV. CE N'EST POINT LE MANICHÉISME, MAIS LE CATHOLICISME ET LE JUDAÏSME, QUI SONT DES SCHISMES DE LA GENTILITÉ.
Tu aurais pu jusqu'à un certain point m'appeler un schisme du judaïsme, puisque j'adore le Dieu tout-puissant (ce que tout Juif prétend aussi dans son audace), pourvu toutefois que tu ne fisses pas attention à la différence des rites par lesquels les Juifs et moi adorons le Tout-Puissant, si tant est que les Juifs l’adorent réellement. Mais il ne s'agit pour le moment que de l'erreur qui a entraîné les païens au culte du soleil et les Juifs au culte du Tout-Puissant. Si tu disais que je suis un schisme de votre religion, tu te tromperais encore, bien que je vénère et adore le Christ; mais avec un autre rite et une autre foi que les vôtres. Or, un schisme ne doit rien changer à la religion dont il se sépare, ou n'y changer que peu de chose : comme vous, par exemple, qui, en vous séparant des Gentils, avez d'abord emporté avec vous l'idée de l'unité monarchique, c'est-à-dire la foi que tout vient de Dieu; puis qui avez converti leurs sacrifices en agapes, leurs idoles en martyrs à qui vous offrez les mêmes hommages; qui apaisez les ombres des morts avec du vin et des aliments, célébrez les mêmes fêtes que les Gentils, comme les calendes et les solstices par exemple, mais qui n'avez certainement rien changé à la manière de vivre. Vous êtes évidemment un schisme, qui ne différez du culte d'origine que par vos réunions à part. Dit reste les Juifs, vos prédécesseurs, en se séparant ainsi des Gentils, ne leur avaient laissé que les figures taillées; mais les temples, les immolations, les autels, le sacerdoce, tout le ministère sacré, ils les avaient conservés avec le même rite et plus de superstitions encore que les Gentils. Quant à l'idée de l'unité monarchique, ils sont encore là-dessus parfaitement d'accord avec les païens; d'où il résulte que vous et les Juifs n'êtes que des schismes de la gentilité, que vous en avez la foi et les rites quoique légèrement modifiés, et que vous n'avez d'autres raisons que vos réunions à part pour vous regarder comme des sectes. Or, si vous cherchez quelles sont les sectes, vous n'en trouverez pas plus de deux: celle des Gentils et la nôtre, qui a des opinions si éloignées des leurs. Nous sommes opposés les uns aux autres, comme la vérité et le mensonge, le jour et la nuit, la pauvreté et la richesse, la maladie et la santé. Mais vous, vous n'êtes une secte ni de l'erreur, ni de la vérité, mais un simple schisme, et un schisme de l'erreur encore, et non de la vérité.