Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
13.
Cur autem arbitretur Faustus parem nobis esse religionem circa panem et calicem, nescio, cum Manichaeis vinum gustare non religio, sed sacrilegium sit. In uva enim agnoscunt deum suum, in cupa nolunt, quasi aliquid eos calcatus et inclusus offenderit. Noster autem panis et calix, non quilibet, - quasi propter Christum in spicis et in sarmentis ligatum, sicut illi desipiunt, - sed certa consecratione - mysticus fit nobis, non nascitur. Proinde quod non ita fit, quamvis sit panis et calix, alimentum est refectionis, non sacramentum religionis, p. 553,2 nisi quod benedicimus gratiasque agimus domino in omni eius munere non solum spiritali, verum etiam corporali. Vobis autem per fabulam vestram in escis omnibus Christus ligatus apponitur adhuc ligandus vestris visceribus solvendusque ructatibus. Nam et cum manducatis, dei vestri defectione vos reficitis, et cum digeritis, illius refectione deficitis. Cum enim vos plenos reddit, resumptio vestra ipsum premit. Quod quidem misericordiae deputaretur, quando aliquid pro vobis patitur in vobis, nisi vos rursus inanes relinqueret, ut a vobis liberatus effugeret. Quomodo ergo comparas panem et calicem nostrum et parem religionem dicis errorem longe a veritate discretum, peius desipiens quam nonnulli, qui nos propter panem et calicem Cererem ac Liberum colere existimant? p. 553,15 Quod ideo commemorandum putavi, ut advertatis, ex qua vanitate veniat etiam illud vestrum, quod propter sabbatum Saturno dicatos fuisse patres nostros putatis. Sicut enim a Cerere et Libero paganorum diis longe absumus, quamvis panis et calicis sacramentum, quod ita laudastis, ut in eo nobis pares esse volueritis, nostro ritu amplectamur, ita patres nostri longe fuerunt a Saturniacis catenis, quamvis pro tempore prophetiae sabbati vacationem observaverint.
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XIII. LE PAIN ET LE VIN. COMBIEN LES CATHOLIQUES ET LES MANICHÉENS PENSENT DIFFÉREMMENT LA-DESSUS.
Je ne sais comment Fauste s'est imaginé que nous avons le même culte pour le pain et le vin, quand goûter le vin est pour les Manichéens, non un acte de piété, mais un sacrilége. En effet, ils reconnaissent leur dieu dans le raisin, mais non dans la coupe, comme si, quand il a été foulé et enfermé, il les blessait en quelque chose. Pour nous, au ton, traire, le pain et le vin (non pas tout pain et tout vin, ni parce que le Christ est enchaîné dans les épis et dans les ceps, comme les Manichéens le disent dans leur folie), le pain et le vin, dis-je, deviennent pour nous le Christ en vertu d'une certaine consécration; mais le Christ n'y naît pas. En dehors de cela, le pain et le vin sont- des aliments destinés à nous soutenir, mais non un sacrement religieux, bien que nous les bénissions, et que nous rendions grâces au Seigneur pour tous ses dons, non-seulement spirituels, mais aussi corporels. Quant à vous, d'après vos fables, on vous sert le Christ enchaîné dans tous les aliments, pour être enchaîné de nouveau dans vos entrailles, puis dégagé par vos rots. Car quand vous mangez, vous vous restaurez aux dépens de votre dieu, et quand vous digérez, il se refait à vos propres dépens. En effet, quand il vous remplit, votre réfection est pour lui un poids : ce qui serait de sa part un acte de miséricorde, puisqu'il souffrirait quelque chose en vous à cause de vous, s'il ne vous laissait bientôt vides en fuyant pour se dégager de sa prison. Comment donc oses-tu,comparer à cela notre pain et notre vin, et mets-tu au niveau de notre culte une erreur .si éloignée de la vérité ? Tu es plus absurde, en cela, que ceux qui nous accusent, à l'occasion du pain et du vin, d'adorer Cérès et Bacchus. Et si je rappelle ceci, c'est pour vous faire voir combien est peu fondée cette autre opinion que vous avancez à l'occasion du sabbat, à savoir que nos pères étaient consacrés à Saturne. Autant nous sommes loin de Cérès et de Bacchus, ces dieux païens, bien que nous vénérions, parmi nos rites, le sacrement du pain et du vin, que vous louez vous-mêmes jusqu'à vouloir le partager avec nous; autant nos pères étaient loin des chaînes de Saturne, quoiqu'ils aient observé le repos du sabbat, parce qu'ils vivaient dans un temps prophétique.