Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
5.
Quisquis itaque dicit: si omnipotens est deus, faciat, ut quae facta sunt, facta non fuerint, non videt hoc se dicere: si omnipotens est, faciat, ut ea, quae vera sunt, eo ipso, quo vera sunt, falsa sint. p. 732,25 Potest enim facere, ut aliquid non sit, quod erat; tunc enim facit, ut non sit, quando id esse invenerit, de quo fiat, velut cum aliquem, qui coepit esse nascendo, faciat non esse moriendo; hoc enim factum invenit, de quo fieret. Quis autem dicat, ut id, quod iam non est, faciat non esse? Quicquid enim praeteritum est, iam non est, quod et si de ipso fieri aliquid potest, adhuc est, de quo fiat, et si est, quomodo praeteritum est? Non ergo est, quod vere dicimus fuisse, sed ideo verum est illud fuisse, quia in nostra sententia verum est, non in ea re, quae iam non est. Sententia quippe, qua dicimus aliquid fuisse, ideo vera est, quia illud, de quo dicimus, iam non est. Hanc sententiam deus falsam facere on potest, quia non est contrarius veritati. Quodsi quaeras, ubi sit haec vera sententia, prius invenitur in animo nostro, cum id verum scimus et dicimus, sed si et de animo nostro ablata fuerit, cum id, quod scimus, obliti fuerimus, manebit ipsa veritate. p. 733,11 Semper enim verum erit fuisse illud, quod erat et non est; et ibi verum erit iam fuisse, quod erat, ubi verum erat, antequam fieret futurum esse, quod non erat. Huic veritati deus non potest adversari, in quo est ipsa summa et incommutabilis veritas, quo illustratur, ut sit, quicquid in quorumque animis et mentibus verum est. Omnipotentem autem deum non ita dicimus, ac si eum etiam mori posse credamus, et quia hoc non potest, ideo non sit dicendus omnipotens. Ille plane omnipotens vere solus dicitur, quia vere est et a quo solo est, quicquid aliquo modo est vel spiritale vel corporale, quia universa creatura sua utitur, ut ei placet; placet autem illi secundum veram incommutabilemque iustitiam, quod ipse sibi est, omnia mutabilia, cum ipse sit incommutabilis, mutans pro meritis sive naturarum sive factorum. p. 733,25 Numquid ergo dicturi sumus, quod Helias, cum esset creatura, mutari non posset vel in deterius vel in melius, aut eo modo non posset, qui esset humano generi insolitus, secundum dei omnipotentis voluntatem? Quis hoc stultissimus dixerit? Cur ergo quod de illo in scriptura veracissima positum est, non credamus? Nisi putemus hoc solum posse facere deum, quod videre consuevimus.
Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE V. DIEU NE PEUT PAS FAIRE QUE CE QUI A ÉTÉ, N'AIT PAS ÉTÉ. IL EST NÉANMOINS TOUT-PUISSANT.
Ainsi donc, quiconque dit: Si Dieu est tout-puissant, qu'il fasse que ce qui a été fait n'ait pas été fait, ne s'aperçoit pas que cela revient à dire : Si Dieu est tout-puissant, qu'il fasse que ce qui est vrai soit faux, par cela même qu'il est vrai. En effet, Dieu peut faire que quelque chose qui était, ne soit plus: car alors il trouve une chose existante, sur laquelle exercer le pouvoir de détruire : comme par exemple, quand il fait cesser d'être, parla mort, ce qui a commencé à être en naissant : là il trouve un fait sur lequel agir. Mais qui peut demander qu'il fasse cesser d'être ce qui n'existe pas ? Or, tout ce qui est passé, n'est plus; s'il y avait encore quelque chose à en faire, c'est que cela serait encore, et si cela était encore, comment cela serait-il passé ? Donc, ce que nous pouvons véritablement dire avoir été, n'est plus; et s'il est vrai que cela a été, c'est une vérité qui ne subsiste que dans notre esprit, et non dans la réalité qui a cessé d'être. Quand nous disons que quelque chose a été, nous ne disons la vérité que parce que la chose dont nous parlons n'est plus. Dieu ne peut pas rendre fausse notre pensée, parce qu'il ne peut être contraire à la vérité. Si vous me demandez où est cette pensée, je vous répondrai qu'elle se trouve d'abord dans notre esprit, quand nous savons que la chose est vraie et que nous le disons. Mais si, en vertu de l'oubli, cette pensée est sortie de notre esprit, elle subsiste néanmoins dans la vérité même. Car il sera toujours vrai que ce qui était et n'est plus, a été ; et il sera vrai que ce qui était a été, là même où il était vrai que la chose future serait, avant qu'elle fût. Dieu ne peut être contraire à cette vérité, lui en qui est la souveraine et immuable vérité, lui de qui vient toute la lumière du vrai qui éclaire les âmes et les esprits. Mais quand nous disons que Dieu est tout-puissant, nous ne l'entendons pas en ce sens qu'il puisse aussi mourir, jet que, parce qu'il ne peut pas mourir, il ne faut pas l'appeler tout-puissant. Car celui-là seul peut-être nommé vraiment tout-puissant, qui existe réellement, et de qui seul tout ce qui est, d'une façon ou de l'autre, spirituel ou corporel, tient l'existence. Or, il use de toutes ses créatures comme il lui plaît; et, suivant la vraie et immuable justice, qui n'est autre chose que lui-même, il lui plaît, tout en restant immuable, de régler les changements des êtres changeants selon leurs natures ou leurs actions. Oserons-nous dire qu'Elie, étant une créature, n'a pu subir un changement en bien ou en mal, ou n'a pu en subir un qui fût extraordinaire pour le genre humain, mais conforme à la volonté du Dieu tout-puissant? Quel est l'homme assez fou pour le soutenir ? Pourquoi donc ne croirions-nous pas d'Elie ce que la très-véridique Ecriture nous en raconte ? A moins que nous ne pensions que Dieu ne peut faire que ce que nous avons l'habitude de voir.