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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE PREMIER. POURQUOI FAUSTE REJETTE L'ANCIEN TESTAMENT.

Fauste. Pourquoi ne recevez-vous pas l'Ancien Testament? — Parce qu'un vase plein ne reçoit pas, mais rejette ce qu'on lui verse de trop, et qu'un estomac rassasié repousse ce qu'on y introduit. Par conséquent les Juifs, rassasiés du vieux Testament d'après les instructions de Moïse, ont repoussé le Nouveau; et nous, remplis du Nouveau, d'après l'enseignement du Christ, nous rejetons l'Ancien. Vous, vous ne recevez les deux que parce que vous n'êtes pas pleins, mais demi-pleins; et, pour vous, l'un complète moins l'autre qu'il ne le gâte; car jamais on ne remplit les vases à demi-pleins d'une matière différente, mais bien d'une matière semblable et de même nature; ainsi le vin s'ajoute au vin, le miel au miel, le vinaigre au vinaigre; et si on mêlait des substances d'une nature différente, comme du fiel à du miel, de l'eau à du vin, du poisson à du vinaigre, ce ne serait plus remplir, mais altérer. Voilà donc pourquoi nous sommes peu disposés à recevoir l'Ancien Testament; et comme notre Eglise, épouse du Christ, pauvre, il est vrai, mais mariée à un riche, se contente des biens de son époux, elle dédaigne les richesses d'amants de basse condition; les dons de l'Ancien Testament et de son auteur sont sans prix à ses yeux, et, mettant tous ses soins à sauver sa réputation, elle ne reçoit que les lettres de son époux. Permis donc à votre Eglise de s'emparer de l'Ancien Testament, elle, vierge lascive et sans pudeur, qui reçoit avec plaisir les présents et les lettres d'un étranger. Ce dieu qui est votre amant, ce corrupteur de la pudeur des Hébreux, vous promet, dans ses deux tables de pierre, de l'or, de l'argent, une chère abondante[^4], et la terre des Chananéens[^5]. Ces sordides avantages vous ont si bien séduits, que vous péchez encore même après le Christ, et que-vous vous montrez ingrats envers ses immenses bienfaits. Vous êtes si bien alléchés par ces faux biens. que vous brûlez, pour le Dieu des Hébreux, même après les noces du Christ. Apprenez donc que vous êtes encore maintenant dans l'erreur et trompés par ses fausses promesses. Il est pauvre, il n'a rien, il ne peut pas même vous donner ce qu'il promet : car s'il n'a pu remplir ses promesses à l'égard de sa propre épouse, je veux dire la synagogue, qui pourtant lui montrait en tout de la complaisance et le servait plus humblement qu'une servante : que pourra-t-il vous donner, à vous qui lui êtes étrangers, et rejetez fièrement le joug de ses commandements ? Du reste, continuez comme vous avez commencé, mettez une pièce neuve sur un vieux vêtement, versez du vin nouveau dans de vieilles outres[^1], servez deux époux sans plaire à aucun, faites de-la foi chrétienne un centaure qui ne soit entièrement ni cheval, ni homme; mais permettez-nous de ne servir que le Christ, de nous contenter de sa dot immortelle et d'imiter l'Apôtre qui nous dit : « Notre suffisance vient de Dieu, qui nous a rendus propres à être les ministres de la nouvelle alliance[^2] ». La condition du Dieu des Hébreux et la nôtre sont très-différentes: car il ne peut remplir ses promesses, et nous dédaignons de recevoir ce qu'il promet. La libéralité du Christ nous a rendus fiers à l'égard de ses flatteries. Et pour que vous ne trouviez pas ce rapprochement inconvenant, Paul nous a le premier appliqué cette comparaison tirée de l'état conjugal : « Car la femme qui est soumise à un mari, le mari vivant, est liée par la loi ; mais si son mari meurt, elle est affranchie de la loi du mari. Donc », ajoute-t-il, « son mari vivant, elle sera appelée adultère, si elle s'unit à un autre homme; mais si son mari meurt, elle n'est point adultère en s'unissant à un autre homme[^3] ». Par là il fait voir que ceux qui se sont unis au Christ avant d'avoir répudié et en quelque sorte mis au tombeau l'auteur de la loi, sont coupables d'adultère spirituel. Et ceci s'adresse particulièrement aux Juifs qui ont cru, afin de les obliger à renoncer à leur ancienne superstition. Pour nous, quel besoin avons-nous de commandement là-dessus, nous qui sommes passés du paganisme au Christ, et pour qui le Dieu des Hébreux, non-seulement est mort, mais n'est même pas né? Sans doute, pour le Juif croyant; Adonis doit être mort, bien que ce soit encore une idole pour le gentil; et ainsi en est-il de tout croyant pour ce qu'il adorait avant de connaître le Christ. Mais si, après avoir rompu avec l'idolâtrie, un Juif adore encore simultanément Dieu et le Christ, il ne diffère pas de la femme sans pudeur, qui, après la mort de son mari, s'unit à deux autres à la fois.

  1. Deut. VIII, 7-9.

  2. Ex. XXIII, 23.

  3. Matt. IX, 16, 17.

  4. II Cor. III, 5, 6.

  5. Rom. VII, 2, 3.

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Reply to Faustus the Manichaean

1.

Faustus said: Why do we not receive the Old Testament? Because when a vessel is full, what is poured on it is not received, but allowed to run over; and a full stomach rejects what it cannot hold. So the Jews, satisfied with the Old Testament, reject the New; and we who have received the New Testament from Christ, reject the Old. You receive both because you are only half filled with each, and the one is not completed, but corrupted by the other. For vessels half filled should not be filled up with anything of a different nature from what they already contain. If it contains wine, it should be filled up with wine, honey with honey, vinegar with vinegar. For to pour gall on honey, or water on wine, or alkalies on vinegar, is not addition, but adulteration. This is why we do not receive the Old Testament. Our Church, the bride of Christ, the poor bride of a rich bridegroom, is content with the possession of her husband, and scorns the wealth of inferior lovers, and despises the gifts of the Old Testament and of its author, and from regard to her own character, receives only the letters of her husband. We leave the Old Testament to your Church, that, like a bride faithless to her spouse, delights in the letters and gifts of another. This lover who corrupts your chastity, the God of the Hebrews in his stone tablets promises you gold and silver, and abundance of food, and the land of Canaan. Such low rewards have tempted you to be unfaithful to Christ, after all the rich dowry bestowed by him. By such attractions the God of the Hebrews gains over the bride of Christ. You must know that you are cheated, and that these promises are false. This God is in poverty and beggary, and cannot do what he promises. For if he cannot give these things to the synagogue, his proper wife, who obeys him in all things like a servant, how can he bestow them on you who are strangers, and who proudly throw off his yoke from your necks? Go on, then, as you have begun, join the new cloth to the old garment, put the new wine in old bottles, serve two masters without pleasing either, make Christianity a monster, half horse and half man; but allow us to serve only Christ, content with his immortal dower, and imitating the apostle who says, "Our sufficiency is of God, who has made us able ministers of the New Testament." 1 In the God of the Hebrews we have no interest whatever; for neither can he perform his promises, nor do we desire that he should. The liberality of Christ has made us indifferent to the flatteries of this stranger. This figure of the relation of the wife to her husband is sanctioned by Paul, who says: "The woman that has a husband is bound to her husband as long as he liveth; but if her husband die, she is freed from the law of her husband. So, then, if while her husband liveth she be joined to another man, she shall be called an adulteress; but if her husband be dead, she is not an adulteress, though she be married to another man." 2 Here he shows that there is a spiritual adultery in being united to Christ before repudiating the author of the law, and counting him, as it were, as dead. This applies chiefly to the Jews who believe in Christ, and who ought to forget their former superstition. We who have been converted to Christ from heathenism, look upon the God of the Hebrews not merely as dead, but as never having existed, and do not need to be told to forget him. A Jew, when he believes, should regard Adonai as dead; a Gentile should regard his idol as dead; and so with everything that has been held sacred before conversion. One who, after giving up idolatry, worships both the God of the Hebrews and Christ, is like an abandoned woman, who after the death of one husband marries two others.


  1. 2 Cor. iii. 5, 6. ↩

  2. Rom. vii. 2, 3. ↩

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