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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE V. APOSTROPHE IRONIQUE A L'ÉGLISE MANICHÉENNE.

Et maintenant, c'est à toi que je m'adresse, secte manichéenne, menteuse et enveloppée de mensonges. Quoi ! épouse de tant d'éléments, ou plutôt femme perdue, prostituée aux démons et grosse de vanités sacriléges, quoi ! tu oses briser le mariage catholique de ton maître par ta criminelle impudicité ! Montre-nous tes corrupteurs adultères, le pondérateur porte-lumière, et l'Atlas qui porte le monde. Car tu prétends que celui-là est le maître des éléments, et tient le monde suspendu; et que celui-ci, appuyé sur un genou, soutient cette masse énorme sur de robustes épaules, sans doute, de peur que l'autre ne puisse suffire à la besogne. Où sont-ils? et s'ils existent, quand viendront-ils à toi, accablés qu'ils sont sous le poids de leur tâche? Quand viendront-ils chez toi, pour se délasser de leur fatigue excessive, pour être frottés de ta main caressante, oisive et délicate, l'un aux doigts et l'autre aux épaules? Mais tu es le jouet de démons impurs, qui s'unissent à toi pour que tu conçoives des mensonges et enfantes des fantômes. Comment ne repousserais-tu pas le diptyque du vrai Dieu, ennemi de tes parchemins, en vertu desquels tu as aimé tant de faux dieux, d'un coeur inconstant, égaré dans les fictions de tes pensées; dans lesquels on peut retrouver tous les mensonges des poètes, moins sérieux cependant, et moins honnêtes chez toi que chez eux : puisque, faisant profession de mentir, ils ne trompent personne, tandis que tes livres fourmillant d'erreurs, séduisent les âmes encore enfantines, même chez les vieillards, les corrompent par de misérables illusions, et font que, éprouvant une vive démangeaison aux oreilles, elles les ferment à la vérité, et se tournent vers les fables[^1]? Comment supporterais-tu la vaine doctrine de ces tables, où on lit pour premier commandement : « Écoute, Israël; le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu[^2] », alors que te complaisant dans une si grande multitude de dieux, tu te vautres dans la honte et la fange d'un coeur adultère? Ne te rappelles-tu pas ce chant de volupté, où tu dépeins le roi très-grand sur son trône, le porte-sceptre éternel, au front couronné de fleurs et à la face rayonnante? Quand tu n'aurais qu'un amant de ce genre, tu devrais déjà rougir car une épouse pudique ne saurait agréer même un amant unique au front couronné de fleurs. Et tu ne peux pas dire qu'il y a, dans ces paroles ou dans cette image, une signification mystique : car ce qu'on fait surtout valoir à tes yeux dans Manès, c'est qu'il te dira la vérité nue et simple, en termes propres, sans figures et sans voiles. Tu chantes donc littéralement un roi porte-sceptre, couronné de fleurs. Qu'il dépose au moins son sceptre, quand il se couronne de fleurs : ce luxe et cette mollesse ne conviennent point au sceptre austère d'un roi. De plus, ce n'est pas là ton seul amant; tu continues ta chanson, et tu mentionnes douze siècles aussi ornés de fleurs; remplis de sons harmonieux et jetant des fleurs au visage de leur père. Là, tu les proclames tous les douze, grands dieux, rangés autour de lui, en quatre groupes ternaires. Mais comment ce Dieu, que vous dites entouré, peut-il être immense ; c'est ce que vous n'avez jamais su expliquer. Tu parles encore de sujets sans nombre, de troupes de dieux et de légions d'anges, que tu prétends être, non pas créés par Dieu, mais engendré de sa propre substance.

  1. II Tim. IV, 4.

  2. Deut. VI, 4.

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Reply to Faustus the Manichaean

5.

I turn now to thee, thou deluded and deluding congregation of Manichaeus,--wedded to so many elements, or rather prostituted to so many devils, and impregnated with blasphemous falsehoods,--dost thou dare to slander as unchaste the marriage of the Catholic Church with thy Lord? Behold thy lovers, one balancing creation, and the other bearing it up like Atlas. For one, by thy account, holds the sources of the elements, and hangs the world in space; while the other keeps him up by kneeling down and carrying the weight on his shoulders. Where are those beings? And if they are so occupied, how can they come to visit thee, to spend an idle hour in getting their shoulders or their fingers relieved by thy soft, soothing touch? But thou art deceived by evil spirits which commit adultery with thee, that thou mayest conceive falsehoods and bring forth vanities. Well mayest thou reject the message of the true God, as opposed to thy parchments, where in the vain imaginations of a wanton mind thou hast gone after so many false gods. The fictions of the poets are more respectable than thine, in this at least, that they deceive no one; while the fables in thy books, by assuming an appearance of truth, mislead the childish, both young and old, and pervert their minds. As the apostle says, they have itching ears, and turn away from hearing the truth to listen to fables. 1 How shouldest thou bear the sound doctrine of these tables, where the first commandment is, "Hear, O Israel, the Lord thy God is one Lord," 2 when thy corrupt affections find shameful delight in so many false deities? Dost thou not remember thy love-song, where thou describest the chief ruler in perennial majesty, crowned with flowers, and of fiery countenance? To have even one such lover is shameful; for a chaste wife seeks not a husband crowned with flowers. And thou canst not say that this description or representation has a typical meaning, for thou art wont to praise Manichaeus for nothing more than for speaking to thee the simple naked truth without the disguise of figures. So the God of thy song is a real king, bearing a sceptre and crowned with flowers. When he wears a crown of flowers, he ought to put aside his sceptre; for effeminacy and majesty are incongruous. And then he is not thy only lover; for the song goes on to tell of twelve seasons clothed in flowers, and filled with song, throwing their flowers at their father's face. These are twelve great gods of thine, three in each of the four regions surrounding the first deity. How this deity can be infinite, when he is thus circumscribed, no one can say. Besides, there are countless principalities, and hosts of gods, and troops of angels, which thou sayest were not created by God, but produced from His substance.


  1. 2 Tim. iv. 4. ↩

  2. Deut. vi. 4. ↩

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Reply to Faustus the Manichaean

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