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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE II. FAUSTE DISTINGUE, DANS LA LOI, LES PRÉCEPTES MORAUX ET LES RITES QU'ON Y A ATTACHÉS.
Condamnons ensemble, si cela vous plait, les écrivains et entreprenons de défendre la loi et les Prophètes. Je parle pour le moment de la loi, et non de la circoncision, ni du sabbat, ni des sacrifices, ni des autres rites judaïques, mais de ce qui forme proprement la loi, c'est-à-dire des commandements : « Tu ne tueras pas; tu ne commettras point d'adultère ; tu ne te parjureras pas[^1] » et le reste. Comme cette loi était répandue chez les nations, c'est-à-dire existait depuis le commencement du monde, des écrivains hébreux se sont en quelque sorte rués sur elle, et y ont attaché une sorte de lèpre et de teigne, en y mêlant leurs abominables et infâmes prescriptions touchant la circoncision et les sacrifices. Si donc tu es vraiment ami de la loi, condamne avec moi ceux qui ont osé la souiller par un mélange de préceptes en désaccord avec elle : préceptes que vous savez parfaitement n'être ni la loi, ni une partie de la loi, autrement vous les observeriez fidèlement même après avoir embrassé la justice, ou vous avoueriez hautement que vous n'êtes point justes. Mais, tout au contraire, quand vous voulez mener une bonne conduite, vous mettez le plus grand soin à éviter les crimes défendus par les commandements, et vous ne vous inquiétez en rien de ce qui regarde les Juifs : comment vous en excuser, s'il n'est pas constant que ce n'est plus la même loi ? En résumé, si tu te fâchais quand on t'accuse d'être incirconcis, de ne pas observer le sabbat, comme tu t'irrites et te crois gravement insulté quand on t'accuse de ne pas tenir compte du commandement: « Tu ne tueras pas », ou : « Tu ne commettras pas d'adultère » ; on verrait alors clairement qu'il y a, ici et là, précepte et loi de Dieu. Mais maintenant, tu te vantes et te glorifies de l'observation des uns, et tu ne redoutes nullement l'infraction des autres, puisque tu les condamnes. Il est donc évident, que, comme je l'ai dit, ces rites ne sont pas la loi, mais la tache et la teigne de la loi, et si nous les condamnons, c'est comme faux et non comme légitimes. Et cela n'outrage ni la loi, ni l'auteur de la loi; mais l'origine remonte à ceux qui ont inscrit le nom de l'un et de l'autre en tête de leurs prescriptions criminelles. Et si parfois notre blâme atteint le nom révéré de la loi, quand nous combattons les préceptes judaïques, la faute en est à vous qui n'admettez aucune distinction entre les institutions hébraïques et la loi. Rendez donc à la loi sa dignité propre, détachez-en les turpitudes judaïques comme on coupe des verrues, rejetez sur les écrivains le crime de l'avoir déformée, et vous verrez aussitôt que nous sommes les ennemis du judaïsme et non de la loi. C'est ce mot de loi qui vous trompe, parce que vous ne savez pas précisément à quoi vous devez l'attribuer.
- Ex. XX, 13, 14, 16.
Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
2.
age, si libet, assensu communi scriptoribus damnatis defensionem suscipiamus legis et prophetarum. Legem autem nunc dico ego non circumcisionem nec sabbata et sacrificia ceteraque huiusmodi Iudaeorum, sed eam, quae vere sit lex, id est: Non occides, non moechaberis, non peiurabis et cetera. Cui quia olim diffamatae in gentibus, id est ex quo mundi huius creatura consistit, Hebraeorum scriptores irruentes tamquam lepram ac scabiem abominanda haec sua et turpissima praecepta commiscuerunt, quae ad peritomen spectant et sacrificia, age, si es certo et tu amicus legis, damna eos mecum, qui hanc violare ausi sunt hac commixtione inconvenientium eidem praeceptorum, quae praecepta nisi et vos legem non esse sciretis, nec legis partem, utique aut eadem servare niteremini professi iustitiam, aut vos coram fateremini esse non iustos. p. 592,8 Nunc vero et de illis, quae scelera prohibent mandatis, sollicita vobis est cura recte volentibus vivere, et de his, quae pertinent ad Iudaeos, nulla fit mentio, quod quatenus excusatum vobis erit, nisi eadem legem non esse constiterit. Denique si, sicut incenderis intolerabile convicium iudicans, si quis te neglegentem praecepti huius appellet, quo dictum est: Non occides vel: Non moechaberis, ita etiam exardesceres, si quis te et incircumcisum vocaret et neglegentem sabbati, erat intellegi procul dubio, quod esset utrumque lex et dei mandatum. Nunc vero et de illis superioribus laudem quaeris et gloriam, si ea conserves, et de his nullam eiusdem boni iacturam metuis, quia contemnis. p. 592,19 Quare constat haec, ut dixi, non esse legem, sed legis potius maculas et scabiem; quae si damnantur a nobis, damnantur ut[i] falsa, non ut legitima. Nec tangit convicium hoc legem nec legis auctorem deum, sed eos, qui hunc et illam nefariis suis religionibus inscripserunt. Ut autem interdum legis nos reverendum nomen, cum Iudaica praecepta persequimur, lacessamus, vestro fit vitio, qui inter Hebraicas institutiones et legem nullum vultis esse discrimen. Alioquin reddite legi propriam dignitatem, Israheliticas ab eadem turpitudines tamquam verrucas incidite, deformationis eius crimen scriptoribus imputate, et statim videbitis nos Iudaismi inimicos fuisse, non legis! Nomen est, quod vos decipit, quia cui iure debeat adscribi, non nostis. p. 593,6