Traduction
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Contre Fauste, le manichéen
CHAPITRE XLVII. JACOB JUSTIFIÉ D'AVOIR EU QUATRE FEMMES.
Quant au crime énorme que l'on fait à son fils Jacob d'avoir eu quatre femmes[^3], nous le repoussons par une observation générale. Quand c'était l'usage, ce n'était pas un crime, et maintenant c'est un crime, parce que ce n'est plus l'usage. En effet, il y a des péchés contre nature, il y en a contre la coutume, il y en a contre les commandements. Cela étant, quel est, donc le crime que l'on fait au saint homme Jacob d'avoir eu quatre femmes à la fois ? Si on consulte la nature, ce n'était point par libertinage, mais pour avoir des enfants, qu'il agissait ainsi; si on consulte l'usage, telle était la coutume de ces temps et de ces pays-là; si on consulte le commandement, il n'y avait pas de loi qui le défendît. Et pourquoi est-ce un crime maintenant, sinon parce que c'est contraire à la coutume et aux lois ? Or, quiconque les viole, n'usât-il d'ailleurs de plusieurs femmes que pour avoir des enfants, pèche cependant et offense la société humaine, à laquelle la propagation des enfants est nécessaire. Mais comme, dans l'état actuel des coutumes et des lois, l'usage d'une multitude de femmes ne prouverait que l'étendue du libertinage, on en conclut faussement qu'on n'a jamais pu avoir beaucoup de femmes sans être livré à la convoitise charnelle et aux sales voluptés. Ici, en se comparant, non pas à des hommes dont la vertu dépasse leur intelligence, mais eux-mêmes à eux-mêmes, comme dit l'Apôtre[^4], nos adversaires ne comprennent plus. Et comme n'ayant qu'une femme, ils n'en usent pas dans le but d'avoir des enfants, mais souvent ne font que céder lâchement à l'aiguillon de la chair, ils se croient dans le vrai en supposant que ceux qui usent de plusieurs femmes sont encore bien plus dominés par la passion, puisqu'ils se voient, avec une seule femme, incapables de garder la continence.
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Gen. XXIX - XXX.
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II Cor. X, 12.
Edition
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Contra Faustum Manichaeum libri triginta tres
47.
Iam vero filio eius Iacob quod pro ingenti crimine quattuor obiciuntur uxores, generali praelocutione purgatur: p. 639,6 Quando enim mos erat, crimen non erat; et nunc propterea crimen est, quia mos non est. Alia enim sunt peccata contra naturam, alia contra mores, alia contra praecepta. Quae cum ita sint, quid tandem criminis est, quod de pluribus simul habitis uxoribus obicitur sancto viro Iacob? Si naturam consulas, non lasciviendi, sed gignendi causa illis mulieribus utebatur; si morem, illo tempore atque in illis terris hoc factitabatur; si praeceptum, nulla lege prohibebatur. Nunc vero cur crimen est, si quis hoc faciat, nisi quia et moribus et legibus hoc non licet? Quae duo quisquis contempserit, etiamsi tantummodo causa generandi uti possit feminis pluribus, peccat tamen et ipsam violat humanam societatem, cui necessaria est propagatio filiorum. p. 639,18 Sed quia homines aliter se habentibus iam moribus et legibus non possunt delectari uxorum multitudine nisi libidinis magnitudine, ideo errant et putant haberi omnino non potuisse uxores multas nisi flagrantia concupiscentiae carnalis et sordidae voluptatis. Comparantes enim non alios, quorum animi virtutem prorsus nosse non possunt, sed, sicut ait apostolus, semet ipsos sibimet ipsis non intellegunt. Et quia ipsi, etiamsi unam habuerint, ad eandem non solum generandi officio ducti viriliter accedunt, sed saepe coeundi stimulo victi enerviter pertrahuntur, quasi veraciter sibi videntur conicere, quam maiore huiuscemodi morbo per multas alii captiventur, quando se vident in unam temperantiam non posse servare. p. 640,8