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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) Contra Faustum Manichaeum

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Contre Fauste, le manichéen

CHAPITRE II. COMBIEN EST PITOYABLE L'ARGUMENTATION DE FAUSTE.

Augustin. La principale raison qui fait rejeter à Fauste la généalogie de Jésus-Christ, accuse sa défaite; il suffit, pour s'en convaincre, de lire ce que nous avons dit plus haut du fils de l'homme, titre que le Christ se donne si souvent à lui-même[^9], et du Fils de Dieu; on voit qu'il est en même temps fils de l'homme[^1] ; que selon la divinité, il n'a point de parenté sur la terre, et que selon la chair, il est de la race de David, ainsi que l'enseigne l'Apôtre[^2]. Il faut donc croire et comprendre qu'il est sorti du sein du Père[^3], et est descendu du ciel[^4], et que ce Verbe fait chair a habité parmi les hommes[^5] pour soutenir qu'il n'a eu sur la terre ni mère ni parenté, s'appuiera-t-on sur ces paroles : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères[^6]?» Mais il faut aussi admettre que ses disciples, à qui il donnait un exemple en sa personne, pour leur apprendre à mépriser les liens du sang en vue du royaume des cieux, n'ont pas eu de père, puisqu'il leur a dit : « N'appelez personne votre père sur la terre, parce que vous n'avez qu'un père qui est Dieu[^7] ». Ce qu'il leur enseignait à faire par rapport à leurs pères, il le faisait le premier pour sa mère et ses frères; ainsi en est-il de tant. d'autres circonstances où il se donnait à nous comme exemple à imiter, et où il marchait le premier, pour nous attirer à sa suite. Voyons comme Fauste ainsi défait avec sa raison péremptoire, se traîne et s'embarrasse dans les autres. Il prétend qu'on ne doit pas croire au récit des Apôtres qui ont annoncé sa naissance divine et humaine, parce qu'ils ne se sont attachés à lui que plus tard, qu'ils ne l'ont point vu naître, et qu'ils ne disent point avoir appris de sa bouche cette circonstance. Mais comment ajoutent-ils foi, lui et les siens, à saint Jean, lorsqu'il dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, et le Verbe était Dieu; il était au commencement avec Dieu ; toutes choses ont été faites par lui, et rien n'a été fait sans lui[^8] ? »Comment croient-ils d'autres passages qui leur plaisent, quoiqu'ils n'y comprennent rien ? Qu'ils nous disent où saint Jean a pu voir cela, où il assure l'avoir appris du Seigneur même. Quelle que soit, selon eux, la source où saint Jean a pu puiser cette connaissance, nous croirons que les évangélistes ont pu aussi y apprendre la naissance du Christ qu'ils ont annoncée.Je leur demanderai ensuite le motif qui leur fait croire que le Seigneur a dit: « Qui est ma mère, ou qui sont mes frères? » Si c’est parce que l'Evangéliste le rapporte, pourquoi ne le croient-ils pas quand il dit que sa mère et ses frères le cherchaient[^10] ? S'il est faux dans ce qu'ils refusent de croire, comment croient-ils à son témoignage quand il affirme que le Christ a dit ce qu'ils ne veulent pas comprendre? Si saint Matthieu n'a pu connaître la naissance du Christ, parce qu'il ne s'est mis à sa suite que plus tard, comment Manès, venu tant d'années après, a-t-il pu savoir que le Christ n'était pas né ? Ils diront sans doute que l'Esprit-Saint qui était dans Manès le savait bien. Si cet esprit eût été l'Esprit-Saint, il eût dit la vérité. Pourquoi, dans ce qui concerne le Christ, ne préférerions-nous pas nous en rapporter à ses disciples qui ont vécu avant lui, qui, non-seulement ont pu apprendre de l'Esprit-Saint, qu'il leur avait communiqué, les circonstances naturelles qu'ils ignoraient, mais qui, avec les simples lumières de la raison, ont rassemblé ce qui touche à l'origine et à la parenté du Christ selon la chair, et dont la mémoire était si récente et encore toute vivante ? Mais ces Apôtres, on nous les donne comme des témoins sourds et aveugles ! Que n'as-tu été, ô Fauste, non-seulement aveugle et sourd, pour ne pas apprendre tant d'inepties et de sacrilèges, mais encore muet, pour ne pouvoir les publier !

  1. Matt. VIII, 20.

  2. Matt. IX, 6.

  3. Rom. I, 3 ; II Tim. II, 8.

  4. Jean, XVI, 28.

  5. Id. VI, 41.

  6. Id. I, 14.

  7. Matt. XII, 48.

  8. Id. XXIII, 9.

  9. Jean, I, 1-3.

  10. Matt. XII, 48, 46.

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Reply to Faustus the Manichaean

2.

Augustin replied: As regards what Faustus calls his principal reason for not receiving the genealogy of Jesus Christ, a complete refutation is found in the passages formerly quoted, where Christ declares Himself to be the Son of man, and in what we have said of the identity of the Son of man with the Son of God: that in His Godhead He has no earthly descent, while after the flesh He is of the seed of David, as the apostle teaches. We are to believe, therefore, that He came forth from the Father, that He descended from heaven, and also that the Word was made flesh and dwelt amongst men. If the words, "Who is my mother, and who are my brethren?" 1 are quoted to show that Christ had no earthly mother or descent, it follows that we must believe that His disciples, whom He here teaches by His own example to set no value on earthly relationship, as compared with the kingdom of heaven, had no fathers, because Christ says to them, "Call no man father upon earth; for one is your Father, even God." 2 What He taught them to do with reference to their fathers, He Himself first did in reference to His own mother and brethren; as in many other things He condescended to set us an example, and to go before that we might follow in His footsteps. Faustus' principal objection to the genealogy fails completely; and after the defeat of this invincible force, the rest is easily routed. He says that the apostles who declared Christ to be the Son of man as well as the Son of God are not to be believed, because they were not present at the birth of Christ, whom they joined when He had reached manhood, nor heard of it from Christ Himself. Why then do they believe John when he says, "In the beginning was the Word, and the Word was with God, and the Word was God. The same was in the beginning with God. All things were made by Him, and without Him was not anything made," 3 and such passages, which they agree to, without understanding them? Where did John see this, or did he ever hear it from the Lord Himself? In whatever way John learned this, those who narrate the nativity may have learned also. Again, how do they know that the Lord said, "Who is my mother, and who are my brethren?" If on the authority of the evangelist, why do they not also believe that the mother and the brethren of Christ were seeking for Him? They believe that Christ said these words, which they misunderstand, while they deny a fact resting on the same authority. Once more, if Matthew could not know that Christ was born, because he knew Him only in His manhood, how could Manichaeus, who lived so long after, know that He was not born? They will say that Manichaeus knew this from the Holy Spirit which was in him. Certainly the Holy Spirit would make him speak the truth. But why not rather believe what Christ's own disciples tell us, who were personally acquainted with Him, and who not only had the gift of inspiration to supply defects in their knowledge, but in a purely natural way obtained information of the birth of Christ, and of His descent, when the event was fresh in memory? And yet he dares to call the apostles deaf and blind. Why were you not deaf and blind, to prevent you from learning such profane nonsense, and dumb too, to prevent you from uttering it?


  1. Matt. xii. 48. ↩

  2. Matt. xxiii. 9. ↩

  3. John i. 1-5. ↩

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