CHAPITRE XV. ORACLES PAÏENS COMPARÉS AUX PRÉDICTIONS DES PROPHÈTES.
Or, ce que la Sibylle, ou les sibylles, Orphée, je ne sais quel Mercure, ou d'autres devins, théologiens, sages ou philosophes païens ont pu dire ou prédire de vrai sur le Fils de Dieu ou sur Dieu le Père, peut sans doute avoir quelque valeur pour confondre la vanité des païens, mais ne suffit pas à faire accepter leur autorité, quand nous démontrons que nous adorons ce même Dieu sur lequel ils n'ont pu garder le silence eux qui osaient enseigner aux gentils, leurs frères, à honorer les idoles et les démons, ou n'avaient pas le courage de les en empêcher. Mais nos saints auteurs ont étendu et gouverné, par l'ordre et avec l'aide de Dieu, une république, un royaume où ce qui était un culte pour les païens, était considéré comme un sacrilège. Et si, là, quelques-uns se laissaient aller à adorer les idoles et les démons, ou ils étaient punis par les lois mêmes de l'État, ou ils étaient retenus par les accents de tonnerre que faisaient librement retentir les Prophètes. Car ils adoraient le Dieu unique qui a fait le ciel et la terre, par des rites prophétiques, il est vrai, c'est-à-dire figuratifs de l'avenir; et ces rites devaient être abolis, lors de l'accomplissement des faits dont ils étaient le symbole: puisque le royaume lui-même était comme un grand prophète, où le roi et le prêtre recevaient une onction mystérieuse et symbolique[^1]; royaume qui n'a disparu, à l'insu des Juifs, et par cela même malgré eux, que lorsqu'est venu le Dieu oint par la grâce spirituelle au-dessus de tous ceux qui devaient y participer avec lui, le Saint des saints[^2], tout à la fois vrai roi par le soin qu'il prend de nos intérêts, et vrai prêtre parce qu'il s'est lui-même offert pour nous. Ainsi donc autant il y a de distance, à l'occasion de l'avènement du Christ, entre l'annonce des anges et la confession des démons, autant il y en a entre l'autorité des Prophètes et une sacrilège curiosité.
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Deut. XVIII, 15; Ps. II, 6 ; Id. CLX, 4 ; I Rois, X, 1 ; Ex. XXIX.
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Dan. IX, 24; Ps. XLIV, 8.