CHAPITRE X. LE CULTE PRESCRIT PAR MOÏSE N'ÉTAIT POINT UN PAGANISME.
Mais comment vois-tu que la loi de Moïse ne diffère en rien du paganisme? Est-ce parce qu'elle parle de temple, de sacrifice, d'autel, de prêtre ? Mais tous ces noms se trouvent dans le Nouveau Testament. « Détruisez ce temple », dit le Christ, « et je le relèverai en trois jours[^1] ». Et : « Quand tu présentes ton offrande à l'autel[^2] » ; puis : « Va, montre-toi au prêtre et offre le don prescrit par Moïse, en témoignage pour eux[^3] ». Or, ce que tout cela figurait, le Seigneur nous le fait voir d'un côté, quand il compare le temple de son corps au temple de Jérusalem; et nous le voyons, d'autre part, dans l'enseignement de l'Apôtre : « Car le temple de Dieu est saint, et ce temple, c'est vous[^4]. Je vous conjure donc par la miséricorde de Dieu d'offrir vos corps en hostie vivante, sainte et agréable à Dieu[^5] », et dans d'autres passages de ce genre. Par conséquent toutes ces choses « ont été des figures de ce qui nous regarde[^6] », comme ledit le même apôtre et comme il faut souvent le rappeler; car ce n'étaient pas des offrandes aux démons, mais au seul vrai Dieu qui a fait le ciel et la terre; non qu'il eût besoin de ces offrandes, mais parce qu'il avait établi une distinction entre les temps, exigeant pour le présent ce qui devait être une figure de l'avenir. Mais vous qui, pour séduire et tromper des chrétiens ignorants et imparfaits, feignez une grande horreur pour le paganisme, montrez-nous des livres chrétiens autorisés, où il vous soit ordonné de vénérer et d'adorer le soleil et la lune. C'est bien plutôt votre erreur qui rapproche du paganisme, puisque vous n'honorez pas le Christ, mais je ne sais quoi sous le nom de Christ ; un rêve mensonger de votre imagination, des dieux visibles dans le ciel étalé sous nos yeux, ou d'autres dieux chimériques et sans nombre. A ces fantômes, semblables à de vaines et fantastiques idoles, vous n'élevez pas de temples, mais vous consacrez vos coeurs en guise de temple.
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Jean, II, 19.
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Matt. V, 24.
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Id. VIII, 4.
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I Cor. III, 17.
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Rom. XII, 1.
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I Cor. X, 6.