CHAPITRE II. NE FAUT-IL PAS CROIRE AUSSI CE QU'ORDONNE L'ÉVANGILE ?
Mais, dites-vous, recevoir l'Evangile, ce n'est pas seulement accomplir ce qu'il prescrit, mais encore croire toutes les vérités qui sont consignées, et dont la première est que Dieu est né. De même, pour admettre l'Evangile, ce n'est pas assez de croire que Jésus est; né, il faut en outre faire ce qu'il commande. Mais si vous prétendez que je ne reçois pas l'Evangile, parce que je laisse de côté la génération, je dis que vous ne le recevez pas non plus, et que vous le recevez d'autant moins que vous en méprisez les préceptes. Nous sommes donc jusqu'alors dans une condition égale, sauf à discuter les partis respectifs; et si le mépris que vous faites des préceptes ne vous empêche pas d'affirmer que vous recevez l'Evangile, pourquoi ne pourrais-je pas le dire moi-même tout en rejetant la généalogie? Si recevoir l'Evangile consiste dans ces deux points, comme vous le dites, croire les généalogies, et observer les commandements, de quel droit, vous qui êtes imparfait, jugez-vous un imparfait? L'une de ces deux conditions fait défaut à chacun de nous. Et si, comme c'est plus certain, recevoir l'Evangile, c'est uniquement en observer les divins préceptes, vous êtes injuste à double titre, vous qui, selon le proverbe, n'êtes qu'un déserteur accusant le soldat. Toutefois admettons, puisque vous le voulez, que ces deux points sont les parties d'une foi parfaite, dont l'une consiste dans la parole, c'est-à-dire, à confesser la naissance du Christ, et l'autre dans les oeuvres, ou l'observation des préceptes, ne voyez-vous pas que j'ai choisi la partie la plus pénible et la plus difficile, et vous la partie la plus légère et la plus facile? Rien d'étonnant que la foule du peuple se porte vers vous, et s'éloigne de moi; elle ignore assurément que le règne de Dieu ne réside pas dans la parole, mais dans la vertu. Mais, dites-vous, je regarde cette partie de la foi que vous rejetez, et qui professe que le Christ est né, comme plus efficace et plus propre à procurer le salut des âmes.