CHAPITRE XXXIV. ABRAHAM A TU LA VÉRITÉ ET N'A POINT MENTI.
Quelques-uns, sans être calomniateurs ni médisants comme Fauste, ayant au contraire le respect dû aux livres que cet hérétique blâme sans les comprendre, ou ne comprend pas quand il les blâme, quelques-uns, dis-je, en considérant cette action d'Abraham, ont cru voir qu'il avait un peu faibli et comme chancelé dans sa foi, et renié sa femme par crainte de la mort, comme Pierre renia le Seigneur[^2]. S'il fallait l'entendre ainsi, je conviendrais de la faute d'Abraham ; néanmoins je ne croirais pas tous ses mérites détruits et effacés pour cela, pas plus que ceux de l'Apôtre, quoiqu'il y ait de la différence entre renier sa femme et renier le Sauveur. Mais j'ai une autre interprétation que celle-là: il n'y a pas de raison qui m'oblige à blâmer témérairement un homme que personne ne peut convaincre d'avoir menti par peur. En effet, comme on ne lui avait pas demandé si c'était sa femme, il n'a pas eu à répondre que ce ne l'était pas ; mais comme on lui demandait ce que lui était cette femme, il a répondu que c'était sa soeur, sans nier cependant qu'elle fût son épouse; il a tu une partie de la vérité, mais il n'a point dit de mensonge.
- Matt. XXVI, 70, 74.