CHAPITRE II. PRÉCEPTES ACTIFS ET PRÉCEPTES FIGURATIFS.
Augustin. Nous avons déjà exposé plus haut dans quel sens et pour quel motif les héritiers du Nouveau Testament admettent l'Ancien[^1]. Maintenant que Fauste, après avoir agité la question des promesses, amène celle des préceptes, je réponds que lui et les siens ignorent complètement la différence qui existe entre les préceptes de vie pratique et les préceptes de vie figurative. Par exemple : « Vous ne convoiterez point[^2] », voilà un précepte essentiellement pratique; « Tout enfant mâle sera circoncis le huitième jour[^3] », c'est là un précepte symbolique. Par suite de cette ignorance, les Manichéens et tous ceux qui rejettent l'Ancien Testament n'ont pas compris que toutes les prescriptions cérémonielles imposées par Dieu à son peuple, étaient la figure des choses à venir, et parce qu'elles ont cessé d'être observées, ils les critiquent d'après ce qui s'observe de nos jours, sans penser qu'elles étaient convenables pour ces temps primitifs, alors qu'elles étaient autant de figures prophétiques des mystères qui sont maintenant dévoilés. Mais qu'ont-ils à opposer à ce témoignage de l'Apôtre : « Toutes ces choses qui leur arrivaient étaient des figures; elles ont été écrites pour nous qui vivons à la fin des temps[^4]? » Par ces paroles, l'Apôtre révèle d'un côté le motif qui nous fait admettre ces Ecritures, et de l'autre, la raison qui a fait cesser pour nous l'obligation d'observer ces rites symboliques. En disant que « ces choses ont été écrites pour nous », il enseigne clairement avec quelle sollicitude nous devons nous attacher à les lire et à les comprendre, et quelle autorité nous devons leur reconnaître, puisqu'elles ont été écrites pour nous. Et quand il ajoute que « ces choses étaient pour nous autant de figures », « qu'elles étaient en eux autant de figures », c'est déclarer qu'une fois en possession de la réalité dévoilée, il n'est plus nécessaire que nous soyons astreints à l'observation des figures prophétiques. C'est ce qui lui fait dire dans un autre endroit : « Que personne donc ne vous condamne pour le boire et pour le manger, ou au sujet des jours de fêtes, des nouvelles lunes et des jours de sabbat, puisque toutes ces choses n'ont été que l'ombre de celles qui, devaient arriver[^5] ». Par ces paroles : « Que personne ne vous condamne au sujet de ces pratiques », l'Apôtre nous apprend qu'elles ont cessé d'être désormais obligatoires; et par ces autres : « Elles étaient l'ombre des choses à venir[^6] », il montre que c'était un devoir indispensable de les observer à cette époque, où les mystères qui nous ont été depuis révélés, étaient annoncés sous le voile de ces diverses figures.
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Liv. IV, cap. II.
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Exod. XX, 17.
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Gen. XVII, 10-12.
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I Cor. X, 6, 11.
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Coloss. II, 16, 17.
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Tit. I, 15.