CHAPITRE IV. SAINT PAUL EST-IL TOMBÉ DANS L'ERREUR ?
Mais, dit-il, je puis démontrer, par une preuve irréfragable, ou que saint Paul par la suite a changé de sentiment, et réformé dans son Epître aux Corinthiens la pensée émise dans l'épître aux Romains, ou qu'il n'a jamais écrit lui-même ces paroles qu'on lui prête, que le Fils de Dieu est né de la race de David selon la chair. Et quelle est cette preuve ? C'est, répond-il, qu'on ne peut admettre comme vrais en même temps ce passage de l'Epître aux Romains : « Touchant son Fils qui lui est né selon la chair, du sang de David », et cet autre de l'Epître aux Corinthiens : « C'est pourquoi nous ne connaissons plus personne selon la chair, et si nous avons connu le Christ selon la chair; nous ne le connaissons plus maintenant de cette sorte[^1] ». Il nous reste donc à démontrer que ces deux passages sont également vrais, et ne renferment aucune contradiction.
Nous ne pouvons convenir que l'un des deux ne soit pas de l'Apôtre, car en ce point tous les exemplaires sont unanimes. Quelques exemplaires latins portent, il est vrai, « né de la race de David », au lieu de l'expression «formé de, etc...» qui se trouve dans les exemplaires grecs ; mais on voit que l'interprète latin s'est attaché plus au sens qu'au terme, et d'ailleurs tous les exemplaires de toutes les langues s'accordent à dire que le Christ est issu du sang de David selon la chair. D'un autre côté, loin de nous d'admettre jamais que saint Paul soit tombé dans l'erreur ou qu'il ait cru devoir réformer son sentiment. Fauste lui-même a senti tout ce qu'il y aurait d'injurieux et d'impie dans une pareille assertion, et il a mieux aimé soutenir que cette lettre de l'Apôtre avait été falsifiée par des mains étrangères, plutôt que de la supposer entachée d'erreur en sortant des siennes.
- II Cor. V, 16.