CHAPITRE III. TEXTES DE SAINT PAUL; PAROLES DE JÉSUS-CHRIST SUR MOÏSE ET LES PROPHÈTES.
« Je dis la vérité dans le Christ: je ne mens pas, ma conscience me rendant témoignage par l'Esprit-Saint, qu'il y a une grande tristesse en moi, et une continuelle douleur dans mon coeur. Car je désirais ardemment d'être moi-même anathème à l'égard du Christ pour mes frères, qui sont mes proches selon la chair, qui sont les Israélites, auxquels appartiennent l'adoption, et la gloire, et les testaments, et l'établissement de la foi, et le culte et les promesses; dont les pères sont ceux de qui est sorti, selon la chair, le Christ qui est au-dessus de toutes choses, Dieu béni dans les siècles[^1] ». Que peut-on dire de plus explicite, déclarer de plus exprès, recommander de plus saint ? Comment, en effet, les Israélites ont-ils été adoptés, si ce n'est par le Fils de Dieu ? Voilà pourquoi l'Apôtre dit aux Galates: « Mais lorsque est venue la plénitude du temps, Dieu a envoyé son Fils, formé d'une femme, soumis à la loi, pour racheter ceux qui étaient sous la loi, pour que nous reçussions l'adoption des enfants[^2] ». Et quelle est leur gloire, sinon surtout celle dont parle le même Paul aux mêmes Romains : « Qu'est-ce donc que le Juif a de plus? ou de quoi sert la circoncision ? Beaucoup, de toute manière. Premièrement, parce que c'est à eux (aux Juifs) que les oracles de Dieu ont été confiés[^3] ». Que nos adversaires cherchent quels sont ces oracles de Dieu confiés aux Juifs, et qu'ils nous les montrent ailleurs que dans les prophètes hébreux. Ensuite, pourquoi l'Apôtre dit-il que les deux Testaments appartiennent principalement aux Israélites, sinon parce que l'Ancien Testament leur a été accordé et qu'il contient le Nouveau en figure? Quant à l'établissement de la loi qui a été donnée aux Israélites, nos hérétiques ont l'habitude de déchaîner contre elle leur aveugle fureur, parce qu'ils n'en comprennent pas le but providentiel, parce qu'ils ne savent pas que Dieu ne nous veut plus sous le joug de la loi, mais sous l'empire de la grâce. Qu'ils s'inclinent donc devant l'autorité de l'Apôtre, qui, en louant les Israélites et en constatant leur supériorité, compte parmi leurs biens propres l'établissement de la loi. Or, si la loi était mauvaise, il ne leur en ferait pas un honneur. Et si elle n'annonçait pas le Christ, le Seigneur lui-même ne dirait pas : « Si vous croyiez Moïse, vous me croiriez aussi[^4] » ; et après sa résurrection, il ne lui rendrait pas ce témoignage « Il fallait que fût accompli tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les Prophètes et dans les Psaumes[^5] ».
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Rom. IX, 1, 5.
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Gal. IV, 4, 5.
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Rom. III, 1, 2.
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Jean, V, 46.
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Luc, XXIV, 44.