CHAPITRE VI. TOUTES LES NATIONS ÉTANT BÉNIES DANS LE CHRIST, FILS D'ABRAHAM, IL EST DONC LE VRAI CHRIST.
On nous dira peut-être : Montrez-nous où le Christ a été prédit par les Prophètes israélites? comme si c'était une mince autorité que celle des Apôtres, quand ils nous disent que ce que nous avons lu dans les livres des Prophètes israélites s'est accompli dans le Christ; ou celle du Christ lui-même qui atteste que c'est de lui que cela a été écrit. Par conséquent, si quelqu'un ne peut donner cette démonstration, c'est une preuve que son intelligence est en défaut : car ni les Apôtres, ni le Christ, ni les saints livres ne mentent. Cependant, pour ne pas trop m'étendre et pour me borner à un seul point, je citerai ce que l'Apôtre a dit à la suite, dans le même passage : « La parole de Dieu ne peut rester sans effet; car tous ceux qui descendent d'Israël a ne sont pas Israélites; ni ceux qui appartiennent à la race d'Abraham ne sont pas a tous ses enfants ; mais c'est en Isaac que sera ta postérité ; c'est-à-dire, ce ne sont pas les enfants selon la chair qui sont enfants de Dieu, mais ce sont les enfants de la promesse qui sont comptés dans la postérité[^1] ». Que répondront-ils à cela, quand il est dit clairement ailleurs, à Abraham, à propos de cette postérité : « Toutes les nations de la terre seront bénies dans ta postérité[^2]? » En effet, s'il s'agissait, dans notre discussion, du temps où l'Apôtre écrivait : « Les promesses ont été faites à Abraham et à celui qui naîtrait de lui; il ne dit pas : A ceux qui naîtront, comme parlant de plusieurs, mais comme d'un seul : Et à celui qui, naîtra de toi, c'est-à-dire au Christ[^3] » : peut-être aurait-on quelque raison de ne pas croire avant de voir toutes les nations avoir foi au Christ que l'on annonce comme étant de la race d'Abraham. Mais maintenant que nous voyons l'accomplissement de ce qui a été prédit si longtemps d'avance, maintenant que toutes les nations sont déjà bénies dans la postérité d'Abraham, à qui on avait dit, deux mille ans auparavant : « Toutes les nations seront bénies dans ta postérité » ; qui sera assez opiniâtre dans sa folie pour tenter d'introduire un autre Christ qui ne soit pas de la race d'Abraham, ou pour prétendre que les prophéties des Hébreux, de ce peuple, dont Abraham est le père, n'ont rien prédit sur le véritable Christ?
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Rom. IX, 6-8.
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Gen. XXVI, 4.
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Gal. III, 16.