Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE IV.
POUR POUVOIR AIMER DIEU, IL FAUT LE CONNAITRE PAR LA VRAIE FOI.
Mais il faut se tenir en lui et s’attacher à lui par l’amour, afin de jouir de la présence de celui par qui nous sommes et en dehors duquel nous ne pourrions pas même exister. Car comme « c’est par la foi que nous marchons et non par une claire vue (II Cor., V, 7 )», nous ne voyons pas encore Dieu, comme dit le même Apôtre, « face à face (I Cor., XIII, 12. ) »; et pourtant, si nous ne l’aimons pas maintenant, nous ne le verrons jamais. Mais peut-on aimer ce qu’on ignore? On peut connaître quelque chose et ne pas l’aimer; mais je demande si l’on peut aimer ce que l’on ne connaît pas; car, si on ne le peut pas, personne n’aimera Dieu avant de le connaître. Et qu’est-ce que connaître Dieu, sinon le voir des yeux de l’esprit et en avoir la ferme perception? Car ce n’est pas un corps qui puisse être cherché avec les yeux de la chair. Mais avant de pouvoir connaître et percevoir Dieu, autant qu’il peut être vu et perçu, avantage réservé aux coeurs purs, — car il est écrit « Heureux ceux qui ont le coeur pur, parce qu’ils verront Dieu (Matt., V, 8 ) » — il faut que le coeur soit purifié, pour devenir capable et digne de le voir, et il ne peut être purifié qu’en aimant par la foi. Car où sont ces trois vertus, que tous les efforts des Livres divins tendent à produire dans notre âme, la Foi, l’Espérance et la Charité (I Cor., XIII, 13 ), sinon dans l’âme qui croit ce qu’elle ne voit pas, qui espère et aime ce qu’elle croit? On aime donc même ce qu’on ignore, mais qu’on croit pourtant. Toutefois il faut bien prendre garde que l’âme, en croyant ce qu’elle ne voit pas, ne se figure ce qui n’est pas, et n’espère et n’aime ce qui est faux. Dans ce cas, la charité ne viendrait plus d’un coeur pur, d’une bonne conscience et d’une foi non feinte, laquelle est la fin des préceptes, comme dit le même Apôtre (I Tim., I, 5 ).
Quand, dans la lecture ou la conversation, il est question d’objets matériels que nous n’avons pas vus et que nous croyons, l’esprit se les figure nécessairement sous des traits et des formes corporelles, au gré de l’imagination. Que l’on tombe à faux ou que l’on tombe juste, ce dernier cas est très-rare, cela importe peu; il ne s’agit pas ici de croire d’une foi ferme, mais de quelque but utile à atteindre par cette voie. En effet, parmi ceux qui lisent ou entendent lire ce qu’a écrit l’apôtre Paul ou ce qu’on a écrit de lui, qui ne se figure le visage de l’apôtre lui-même et de tous ceux dont il donne les noms? Et dans la multitude d’hommes à qui ces épîtres sont connues et qui tous imaginent des traits et des figures différentes, on ne sait certainement pas quel est celui qui s’approche le plus de la vérité. Or, les formes corporelles de ces personnages ne sont pas l’objet de notre foi; mais la vie qu’ils ont menée par la grâce de Dieu et les actions que l’Ecriture sainte rapporte de chacun d’eux, voilà ce qu’il est utile de croire, ce qu’il faut désirer et ne pas désespérer d’atteindre. La figure même de Notre-Seigneur est aussi l’objet de mille imaginations différentes : et pourtant , quelle qu’elle fût, il n’en avait qu’une. Et dans ce que nous croyons de Notre-Seigneur Jésus-Christ, la notion saine n’est pas celle que l’esprit s’imagine, et qui est peut-être fort éloignée de la réalité, mais celle que nous en avons d’après l’espèce humaine; car nous portons l’idée de la nature humaine gravée dans notre âme, à tel point que nous reconnaissons l’homme ou la forme humaine aussitôt qu’elle frappe nos yeux. (456)
Edition
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De Trinitate
IV.
[IV 6] Sed dilectione standum est ad illud et inhaerendum illi ut praesente perfruamur a quo sumus, quo absente nec esse possemus. Cum enim per fidem adhuc ambulamus non per speciem, nondum utique videmus deum, sicut idem ait facie ad faciem. Quem tamen nisi iam nunc diligamus, numquam videbimus. Sed quis diligit quod ignorat? Sciri enim aliquid et non diligi potest; diligi autem quod nescitur, quaero utrum possit, quia si non potest, nemo diligit deum antequam sciat. Et quid est deum scire nisi eum mente conspicere firmeque percipere? Non enim corpus est, ut carneis oculis inquiratur.
Sed et priusquam valeamus conspicere atque percipere deum sicut conspici et percipi potest, quod mundis cordibus licet: Beati enim mundi cordes, quia ipsi deum videbunt, nisi per fidem diligatur, non poterit cor mundari quo ad eum videndum sit aptum et idoneum. Ubi sunt enim illa tria propter quae in animo aedificanda omnium divinorum librorum machinamenta consurgunt, fides, spes, caritas, nisi in animo credente quod nondum videt et sperante atque amante quod credit? Amatur ergo et quod ignoratur sed tamen creditur. Nimirum autem cavendum est ne credens animus id quod non videt fingat sibi aliquid quod non est et speret diligatque quod falsum est. Quod si fit, non erit caritas de corde puro et conscientia bona et fide non ficta, qui finis praecepti est, sicut idem apostolus dicit.
[7] Necesse est autem, cum aliqua corporalia lecta vel audita quae non vidimus credimus, fingat sibi animus aliquid in lineamentis formisque corporum sicut occurrerit cogitanti, quod aut verum non sit aut etiam si verum est, quod rarissime potest accidere, non hoc tamen fide ut teneamus quidquam prodest, sed ad aliud aliquid utile, quod per hoc insinuatur. Quis enim legentium vel audientium quae scripsit apostolus Paulus vel quae de illo scripta sunt non fingat animo et ipsius apostoli faciem et omnium quorum ibi nomina commemorantur? Et cum in tanta hominum multitudine quibus illae litterae notae sunt alius aliter lineamenta figuramque illorum corporum cogitet, quis propinquius et similius cogitet utique incertum est. Neque ibi occupatur fides nostra qua facie corporis fuerint illi homines, sed tantum quia per dei gratiam ita vixerunt et ea gesserunt quae scriptura illa testatur. Hoc utile est credere et non desperandum et appetendum. Nam et ipsius facies dominicae carnis innumerabilium cogitationum diversitate variatur et fingitur, quae tamen una erat quacumque erat. Neque in fide nostra quam de domino Iesu Christo habemus illud salubre est quod sibi animus fingit longe fortasse aliter quam res habet, sed illud quod secundum speciem de homine cogitamus; habemus enim quasi regulariter infixam naturae humanae notitiam secundum quam, quidquid tale aspicimus, statim hominem esse cognoscimus vel hominis formam.