Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE XX.
CONTRE EUNOMIUS QUI PRÉTEND QUE LE FILS N’EST PAS FILS PAR NATURE, MAIS PAR ADOPTION. RÉSUMÉ DE CE QUI AÉTÉ DIT PLUS HAUT.
- C’est donc un ridicule raisonnement que celui d’Eunomius, le père de l’hérésie qui porte son nom, lequel ne pouvant comprendre ou ne voulant pas croire que le Verbe unique de Dieu, par qui tout a été fait (Jean, I, 3 ), est Fils de Dieu par nature, c’est-à-dire engendré de la substance du Père, a prétendu qu’il n’est point le Fils de la nature ou de la substance ou de l’essence de Dieu, mais Fils de sa volonté, entendant par là que la volonté par laquelle Dieu engendrerait son Fils ne serait qu’un simple accident, analogue à ce qui se passe chez nous quand nous voulons ce que nous ne voulions pas d’abord : comme si ce n’était pas une preuve de l’inconstance de notre nature, ce que la foi nous défend absolument d’admettre en Dieu. Car ce texte : « Les pensées se multiplient dans le coeur de l’homme, mais la pensée du Seigneur subsiste éternellement (Prov., XIX, 21 ) », n’a pas d’autre but que de nous faire comprendre et croire que, Dieu étant éternel, sa volonté est aussi éternelle et par conséquent immuable comme lui. Or, ce qui se dit des pensées peut avec autant de vérité se dire des volontés : les volontés se multiplient dans le coeur de l’homme, mais la volonté de Dieu subsiste éternellement. Quelques-uns ne voulant point appeler le Verbe unique fils de la pensée ou de la volonté de Dieu, ont prétendu qu’il est la pensée même ou la volonté. Mais il vaut mieux, selon moi, dire qu’il est pensée de pensée, volonté de volonté, comme il est substance de substance, sagesse de sagesse, pour ne pas retomber dans l’absurdité que (564) nous avons déjà réfutée : que le Fils donne la sagesse ou la volonté, vu que le Père n’a ni pensée ni volonté dans sa propre substance.
Un hérétique astucieux demandait un jour si c’est de bon ou de mauvais gré que le Père engendre son Fils? Son but était, si on admettait le second cas, d’en déduire une misère infinie dans Dieu, et, dans le premier cas, d’en tirer cette conclusion nécessaire que le Fils n’est point Fils de la nature, mais de la volonté. Quelqu’un , qui n’était pas moins rusé que lui, lui demanda à son tour si c’est de bon ou de mauvais gré que le Père est Dieu? Dans le second cas, il en aurait aussi déduit que Dieu est infiniment misérable, hypothèse absolument extravagante, et, dans le premier, qu’il n’est pas Dieu par nature, mais par volonté. Que restait-il à l’hérétique, sinon de garder le silence et de se voir pris dans ses propres filets? Du reste, s’il faut attribuer à l’une des personnes de la Trinité le nom propre de volonté, c’est surtout à l’Esprit-Saint qu’il convient, comme on lui attribue la charité. Car qu’est-ce que l’amour, sinon la volonté?
- Je pense que ce que j’ai dit de l’Esprit-Saint dans ce livre, d’après les saintes Ecritures, suffit aux fidèles qui savent déjà que l’Esprit-Saint est Dieu, qu’il n’est point d’une autre substance ni moins grand que le Père et le Fils, comme je l’ai démontré dans les livres précédents, toujours selon ces mêmes Ecritures. En parlant de la création, nous avons aussi aidé de tout notre pouvoir ceux qui aiment à se rendre raison de ces choses, à comprendre, autant qu’ils le pourront, les perfections invisibles de Dieu par les choses qui ont été faites (Rom., I, 20 ), et surtout par la créature raisonnable ou intelligente, qui a été faite à l’image de Dieu; espèce de miroir où ils découvriront, s’ils le peuvent et autant qu’ils le pourront, le Dieu-Trinité, dans notre mémoire, notre intelligence et notre volonté. Quiconque voit clairement ces trois choses créées par Dieu même dans son âme, et comprend quelle grande chose c’est pour elle de pouvoir par là se rappeler, voir, aimer la nature éternelle et immuable, se la rappeler par la mémoire, la contempler par l’intelligence, s’y attacher par l’amour : celui-là aperçoit évidemment une image de la Trinité. C’est à se rappeler cette très-parfaite Trinité pour s’en souvenir, à la voir pour la contempler, à l’aimer pour y trouver son bonheur, qu’il doit consacrer tout ce qu’il a de vie. Mais, qu’il se garde bien de comparer à cette même Trinité et de regarder comme lui étant semblable en tout point, l’image qu’elle a créée elle-même, et qui s’est dégradée par sa propre faute. Nous lui avons assez fait voir qu’elle immense différence il trouvera dans cette imparfaite ressemblance.
Edition
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De Trinitate
XX.
[XX 38] Quocirca ridenda est dialectica Eunomii a quo Eunomiani haeretici exorti sunt. Qui cum non potuisset intellegere nec credere voluisset unigenitum dei verbum per quod facta sunt omnia filium dei esse natura, hoc est de substantia patris genitum, non naturae vel substantiae sive essentiae dixit esse filium sed filium voluntatis dei, accidentem scilicet deo, volens asserere voluntatem qua gigneret filium; videlicet ideo quia nos aliquid aliquando volumus quod antea non volebamus, quasi non propter ista mutabilis intellegatur nostra natura, quod absit ut in deo esse credamus. Neque enim ob aliud scriptum est: Multae cogitationes in corde viri; consilium autem domini manet in aeternum, nisi ut intellegamus sive credamus sicut aeternum deum, ita aeternum eius esse consilium, ac per hoc immutabile sicut ipse est. Quod autem de cogitationibus, hoc etiam de voluntatibus verissime dici potest: ‚Multae voluntates in corde viri; voluntas autem domini manet in aeternum.‘ Quidam ne filium consilii vel voluntatis dei dicerent unigenitum verbum, ipsum consilium seu voluntatem patris idem verbum esse dixerunt. Sed melius quantum existimo dicitur consilium de consilio et voluntas de voluntate sicut substantia de substantia, sapientia de sapientia, ne absurditate illa quam iam refellimus filius patrem dicatur facere sapientem vel volentem si non habet pater in substantia sua consilium vel voluntatem.
Acute sane quidam respondit haeretico versutissime interroganti utrum deus filium volens an nolens genuerit, ut si diceretur, ‚nolens,‘ absurdissima dei miseria sequeretur; si autem, ‚volens,‘ continuo quod intendebat velut invicta ratione concluderet non naturae esse filium sed voluntatis. At ille vigilantissime vicissim quaesivit ab eo utrum deus pater volens an nolens sit deus, ut si responderet, ‚nolens,‘ sequeretur illa miseria quam de deo credere magna insania est; si autem diceret, ‚volens,‘ responderetur ei: ‚Ergo et ipse voluntate sua deus est non natura.‘ Quid ergo restabat nisi ut obmutesceret et sua interrogatione obligatum insolubili vinculo se videret? Sed voluntas dei si et proprie dicenda est aliqua in trinitate persona, magis hoc nomen spiritui sancto competit sicut caritas. Nam quid est aliud caritas quam voluntas?
[39] Video me de spiritu sancto in isto libro secundum scripturas sanctas hoc disputasse quod fidelibus sufficit iam scientibus deum esse spiritum sanctum nec alterius substantiae nec minorem quam est pater et filius, quod in superioribus libris secundum easdem scripturas verum esse docuimus. De creatura etiam quam fecit deus quantum valuimus admonuimus eos qui rationem de rebus talibus poscunt ut invisibilia eius per ea quae facta sunt sicut possent intellecta conspicerent, et maxime per rationalem vel intellectualem creaturam quae facta est ad imaginem dei, per quod velut speculum quantum possent, si possent, cernerent trinitatem deum in nostra memoria, intellegentia, voluntate. Quae tria in sua mente naturaliter divinitus instituta quisquis vivaciter perspicit et quam magnum sit in ea unde potest etiam sempiterna immutabilisque natura recoli, conspici, concupisci (reminiscitur per memoriam, intuetur per intellegentiam, amplectitur per dilectionem), profecto reperit illius summae trinitatis imaginem. Ad quam summam trinitatem reminiscendam, videndam, diligendam ut eam recordetur, eam contempletur, ea delectetur totum debet referre quod vivit. Verum ne hanc imaginem ab eadem trinitate factam, et suo vitio in deterius commutatam ita eidem comparet trinitati ut omni modo existimet similem, sed potius in qualicumque ista similitudine magnam quoque dissimilitudinem cernat quantum satis esse videbatur admonui.