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De la trinité
CHAPITRE XVIII.
VISION DE DANIEL.
- Mais en vérité je ne sais comment mes. adversaires expliquent la vision où l’Ancien des jours apparut à Daniel. Car c’est de lui que le Verbe divin, qui par amour pour nous a daigné se faire fils de l’homme, a reçu le sceptre et la puissance, selon cette parole qu’il lui adresse au psaume deuxième : « Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd’hui. Demandez-moi et je vous donnerai les nations pour héritage ( Ps., II, 7, 8 ) ». Aussi le psalmiste dit-il dans un autre endroit, que « le Père a soumis toutes choses au Fils ( Ps., VIII, 8 ) ». Or, si (385) Dieu le Père qui donne le royaume, et si Dieu le Fils qui le reçoit, se sont montrés à Daniel sous une forme corporelle, il n’est plus permis d’affirmer que le Père n’a jamais apparu aux prophètes, et que c’est de lui seul, comme de l’unique invisible que l’Apôtre a dit « qu’aucun homme ne l’a vu, ni ne peut le voir ».
Au reste, voici le récit de Daniel lui-même. « Je regardais, dit-il, jusqu’à ce que les trônes fussent placés, et l’Ancien des jours s’assit son vêtement était blanc commue la neige, ses cheveux, comme une laine brillante, son trône, comme une flamme ardente, et les roues de ce trône, comme un feu brûlant. Et un fleuve de feu sortait rapidement de sa face. Mille millions d’anges le servaient, et dix mille millions se tenaient devant lui. Le jugement commença et les livres furent ouverts. Je regardais donc », ajoute le prophète, « en la vision de la nuit , et voici comme le Fils de l’homme qui venait sur les nuées du ciel, et il s’avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on l’offrit en sa présence. Et il lui donna la puissance et l’honneur et le royaume: et tous les peuples de toute tribu et de toute langue le serviront. Sa puissance est une puissance éternelle, qui ne sera point transférée; et son règne ne sera point affaibli ( Dan., VII, 9-14 ) ». Certes, voilà bien le Père qui donne au Fils un royaume éternel, et le Fils qui le reçoit ; et tous deux se montrent visiblement aux regards du prophète. Il nous est donc permis de conjecturer avec raison que Dieu le Père a pu, lui aussi, apparaître aux hommes.
- Mais peut-être dira-t-on encore que le Père est invisible, parce qu’il se montra au prophète pendant son sommeil, tandis que le Fils et le Saint-Esprit sont visibles, parce que Moïse les vit étant éveillé. Eh! peut-on croire que Moïse ait vu des yeux du corps l’essence même du Verbe qui est la sagesse de Dieu? De plus, si nous ne pouvons voir ni l’âme qui anime le corps de l’homme,.ni ce souffle sensible et corporel qu’on appelle vent, combien moins encore cet esprit de Dieu, qui par l’ineffable prérogative de sa nature divine surpasse l’intelligence des anges et des hommes ! Car je ne saurais supposer que mues adversaires s’égarent jusqu’à dire, qu’à la vérité le Fils et l’Esprit-Saint se montrent aux hommes dans l’état de veille, mais que Dieu le Père ne peut leur apparaître que durant le sommeil. Comment donc entendent-ils du Père seul cette parole de l’Apôtre : « Aucun homme ne l’a vu, ni ne peut le voir? » Est-ce que l’homme cesse d’être homme parce qu’il est endormi? Ou bien le même Dieu qui peut se montrer pendant le sommeil tians les fantômes d’un rêve, ne pourrait-il donner à ces fantômes un corps et une réalité pour nous apparaître dans l’état de veille? Au reste l’essence divine, qui est la nature même de Dieu, ne saurait être aperçue ni dans le sommeil sous une image quelconque, ni dans l’état de veille sous une forme corporelle et sensible. Or, cela est vrai non-seulement du Père, mais encore du Fils et du Saint-Esprit.
Et maintenant je m’adresse à ceux qui soutiennent que dans l’état de veille, le Fils seul, ou l’Esprit-Saint, et non le Père, se sont montrés aux hommes sous une forme corporelle. Je pourrais sans doute leur demander comment, en présence des textes si larges et si explicites de nos saintes Ecritures, et en face des interprétations si multipliées qu’on en donne, ils osent raisonnablement affirmer que jamais dans l’état de veille aucun homme n’a vu le Père. Mais je laisse cette objection pour ne leur citer que l’exemple d’Abraham, notre père. Certes il était bien éveillé, et il vaquait à ses travaux, lorsque l’Ecriture dit « que le Seigneur lui apparut». Or, dans cette apparition il ne vit pas un ou deux anges, mais trois; et de ces trois nul n’affecta sur les deux autres quelque prérogative de dignité, ni ne réclama quelque distinction d’honneur ou quelque supériorité dans le commandement.
- Je m’étais proposé de rechercher dans ce livre trois choses. La première, si le Père, le Fils et le Saint-Esprit ont apparu simultanément, et sous une forme corporelle aux patriarches et aux prophètes: la seconde, si dans ces diverses apparitions c’est une seule des trois personnes qui se soit montrée à l’exclusion des deux autres; et la troisième, si dans quelques-unes de ces manifestations nous ne devons pas abandonner la distinction des personnes, et n’y voir que le Dieu unique, c’est-à-dire la Trinité tout entière. Pour réussir dans cette triple recherche, j’ai étudié les divers passages de l’Ecriture qui se rapportaient à mon sujet, et cette étude m’a convaincu, autant (386) que le permet une modeste et saine appréciation des secrets divins, qu’on ne saurait sans témérité déterminer laquelle des trois personnes de la sainte Trinité s’est montrée aux patriarches et aux prophètes, sous une forme corporelle, ou sous une image sensible, à moins que l’ensemble du contexte ne nous fournisse à cet égard quelques notions bien précises. Car pour ce qui est de la nature, ou de l’essence, ou de la substance divine, c’est-à-dire pour ce qui est de Dieu en tant qu’il est Dieu, quelque nom qu’on veuille lui donner, il est certain qu’il ne peut être vu corporellement. Mais on doit croire que le Père, non moins que le Fils et l’Esprit-Saint, a pu révéler sa présence aux hommes par l’action d’une forme corporelle ou d’une image sensible. C’est pourquoi craignant d’allonger outre mesure ce second livre, je réserve pour les suivants les développements de ce sujet. (387)
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Fünfzehn Bücher über die Dreieinigkeit
18. Kapitel. Die Vision Daniels.
33. Doch ich kann nicht verstehen, wie die eben genannten Leute die Erscheinung erklären, die Daniel vom „Hochbetagten“1 hatte, von dem der Menschensohn, der zu werden er sich unsertwegen herbeiließ, das Reich empfangen hat; er empfing es ja von dem, der in den Psalmen zu ihm sagt: „Mein Sohn bist du, heute habe ich dich erzeugt; so heische nur von mir; ich werde dir die Heidenvölker zum Erbe geben.“2 Wenn also Daniel in sichtbarer Gestalt der Vater erschien, der das Reich S. 98 verlieh, und der Sohn, der es empfing, wie können da jene noch behaupten, der Vater sei den Propheten niemals erschienen, und deshalb dürfe man nur in ihm den Unsichtbaren sehen, „den kein Mensch gesehen hat noch sehen kann“?3 Daniel erzählt ja folgendes: „Ich sah, wie Throne aufgeschlagen waren, und ein Hochbetagter saß darauf, und sein Gewand war weiß wie Schnee und sein Haupthaar wie die Wolle rein; sein Thron bestand aus Feuerflammen; seine Räder waren brennendes Feuer, ein Feuerfluß zog vor seinem Antlitz her; tausend mal tausend dienten ihm, und zehntausend mal zehntausend standen bei ihm. Er hielt nun Gericht, und Bücher wurden aufgeschlagen.“4 Und gleich darauf: „Ich schaue in nächtlichem Gesichte, und siehe, mit den Wolken des Himmels kam einer wie ein Menschensohn, und er gelangte bis zum Hochbetagten, und er wurde ihm zugeführt. Da wurde ihm gegeben Herrschaft, Ehre und Reich, und alle Völker, Nationen und Zungen sollten ihm dienen. Seine Herrschaft sollte ewige Macht sein, die nicht vergehen wird, und sein Reich soll unzerstörbar sein.“5
Siehe, da haben wir den Vater, der das ewige Reich schenkt, und den Sohn, der es empfängt. Beide stehen vor dem Auge des Propheten in sichtbarer Gestalt. Es ist daher ganz entsprechend, wenn man auch von Gott Vater glaubt, daß er auf diese Weise den Sterblichen zu erscheinen pflegt.
34. Es müßte schon jemand mit der Erklärung kommen, daß der Vater deshalb unsichtbar sei, weil er im Traume erschien, daß dagegen der Sohn und Heilige Geist deshalb sichtbar seien, weil Moses alle jene Vorgänge mit wachen Augen sah. Als ob Moses das Wort und die Weisheit Gottes mit leiblichen Augen gesehen hätte oder als ob überhaupt der Hauch (spiritus), sei es des Menschen, der das Fleisch lebendig macht, sei es der stoffliche, den wir Wind heißen, gesehen werden S. 99 könnte. Wieviel weniger kann dann jener Geist Gottes gesehen werden, der das geistige Wesen aller Menschen und Engel durch die unnennbare Erhabenheit der göttlichen Substanz überragt? Oder fällt etwa jemand so sehr dem Irrtum zum Opfer, daß er sich zu der Behauptung versteigt, der Sohn und der Heilige Geist seien den Menschen auch im Wachen sichtbar, der Vater aber nur im Traume? Wie soll dann das Wort: „den kein Mensch gesehen hat oder sehen kann“6 noch vom Vater allein Geltung haben? Oder hört etwa der Träumende für die Zeit seines Traumes auf, Mensch zu sein? Oder sollte der, welcher ein körperliches Symbol bilden konnte, um in einem Traumgesicht seine Gegenwart zu bekunden, nicht eine körperliche Gestalt formen können, um wachen Augen seine Gegenwart zu offenbaren, wo doch seine eigentliche Substanz selbst, die sein Wesen bestimmt, weder im Träumen noch im Wachen durch ein körperliches Symbol oder eine körperliche Gestalt sichtbar werden kann; — so ist nicht nur die Substanz des Vaters, sondern auch die des Sohnes und des Heiligen Geistes. Dazu kommt folgende unbestreitbare Erwägung: Wenn manche den Wachgesichten solche Wichtigkeit beimessen, daß sie glauben, in ihnen sei den leiblichen Blicken der Menschen nicht der Vater, sondern nur der Sohn oder der Heilige Geist erschienen — ich will die so weitverzweigten und bedeutungsreichen Darlegungen der Heiligen Schrift übergehen, welche jedem mit gesundem Kopf die Behauptung verbieten, daß die Person des Vaters nirgends durch eine körperliche Gestalt wachen Augen ihre Gegenwart gezeigt habe, ich will das, wie gesagt, übergehen —, was sagen sie dann von unserem Vater Abraham, dem — die Schrift schickt ihrem Berichte das Wort voraus: „Der Herr ist Abraham erschienen“7 — nicht einer oder zwei, sondern drei Männer erschienen sind und der dabei zweifellos wach war und Dienste leistete? Dabei heißt S. 100 es von keinem der drei, daß er die beiden anderen an Adel der Würde, an Glanz des Ruhmes oder an Gewalt des Gebietens überragt habe.
35. Weil wir also nach der oben angegebenen Gliederung unseres Themas in drei Teile zuerst die Frage behandeln wollten, ob der Vater oder der Sohn oder der Heilige Geist oder das eine Mal der Vater, ein anderes Mal der Sohn, ein anderes Mal der Heilige Geist oder ohne persönliche Unterscheidung, wie man sagt, der eine und alleinige Gott, das heißt die Dreieinigkeit selbst durch das Medium jener geschöpflichen Gestalten den Vätern erschien, so haben wir, soweit wir konnten und soweit es uns notwendig erschien, die in Betracht kommenden Stellen der Heiligen Schrift befragt, und nach meiner Meinung führt eine besonnene und vorsichtige Betrachtung der heiligen Geheimnisse zu dem bescheidenen Ergebnis, daß wir nicht ohne weiteres entscheiden können, welche Person aus der Dreieinigkeit jeweils den Vätern oder Propheten erschienen ist, außer wenn sich aus dem Textzusammenhang einige Wahrscheinlichkeitsmomente für eine bestimmte Meinung ergeben. Denn die Natur selbst oder die Substanz oder das Wesen, oder wie immer man die in sich ruhende Wirklichkeit Gottes heißen mag, kann mit den Leibessinnen nicht gesehen werden. Durch das Medium eines Geschöpfes jedoch konnte, wie uns der Glaube lehrt, nicht nur der Sohn oder der Heilige Geist, sondern auch der Vater in einem körperlichen Bilde oder Symbol den sterblichen Sinnen ein Gleichnis seiner selbst geben. Mit diesem Sachverhalt wollen wir uns vorerst, damit der Umfang dieses zweiten Buches nicht ungebührlich anwächst, zufrieden geben und die Untersuchung der noch verbleibenden Fragen dem folgenden Buche zuweisen.