Übersetzung
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De la trinité
CHAPITRE V.
COMMENT TROIS PERSONNES NE FONT-ELLES QU’UN SEUL DIEU?
- Mais ici quelques-uns se troublent, quand (349) on leur dit qu’il y a trois personnes en Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et que ces trois personnes ne sont pas trois dieux, mais un seul et même Dieu. Aussi demandent-elles comment on peut comprendre un tel langage, surtout si vous ajoutez que toute action extérieure est commune à la Trinité entière, et que néanmoins la voix du Père qui s’est fait entendre, n’est pas la voix du Fils, que l’Incarnation n’appartient qu’au Fils qui a pris une chair, qui a souffert, qui est ressuscité et qui est monté au ciel; et que seul l’Esprit-Saint s’est montré sous la forme d’une colombe. Ces esprits curieux veulent donc comprendre comment la Trinité entière a pu parler par cette voix qui n’est que la voix du Père, comment encore cette même Trinité a créé la chair que le Fils seul a prise dans le sein d’une Vierge, et enfin comment cette colombe sous-laquelle se montra seul l’Esprit-Saint a été l’oeuvre de toute la Trinité. Car autrement, la Trinité n’agirait pas inséparablement, et le Père serait une chose, le Fils une autre, et l’Esprit-Saint une autre. Si au contraire certaines actions sont communes aux trois personnes, et certaines autres propres seulement à chacune d’elles, l’on ne peut plus dire que la Trinité agisse inséparablement. Ils se tourmentent encore pour savoir comment l’Esprit-Saint fait partie essentielle de la Trinité, puisqu’il n’est engendré ni du Père, ni du Fils, quoiqu’il soit l’Esprit du Père et du Fils.
Telles sont les questions dont quelques personnes me poursuivent à satiété. C’est pourquoi je vais essayer de leur répondre, autant que la grâce divine suppléera à mon impuissance, et en évitant de suivre les sentiers d’une jalouse et maligne critique ( Sag., VI, 25 ) je disais que jamais je ne me préoccupe de ces mystérieuses questions, je mentirais. J’avoue donc que j’y réfléchis souvent, parce que j’aime en toutes choses à découvrir la vérité, et d’un autre côté la charité me presse de communiquer à mes frères le résultat de mes réflexions. Ce n’est point que j’aie atteint le terme, ou que je sois déjà parfait, car si l’apôtre saint Paul n’osait se rendre ce témoignage, pourrais-je le faire, moi qui suis si éloigné de lui? «Mais oubliant, selon ma faiblesse, ce qui est derrière moi, et m’avançant « vers ce qui est devant moi, je m’efforce d’atteindre le but pour remporter le prix de la céleste vocation ( Philipp., III, 12, 14 ) ». Quelle distance ai-je donc parcourue dans cette route? à quel point suis-je arrivé? et quel espace me reste-t-il encore à franchir? voilà les questions auxquelles onde-sire une réponse nette et précise. Puis-je la refuser à ceux qui la sollicitent, et dont la charité me rend l’humble serviteur? Mais je prie aussi le Seigneur de faire qu’en voulant instruire mes frères, je ne néglige point ma propre perfection , et qu’en répondant à leurs questions, je trouve moi-même la solution de tous mes doutes. J’entreprends donc ce traité par l’ordre et avec le secours du Seigneur notre Dieu, et je me propose bien moins d’y soutenir d’un ton magistral des vérités déjà connues, que d’approfondir ces mêmes vérités en les examinant avec une religieuse piété.
Edition
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De Trinitate
V.
[V 8] Sed in ea nonulli perturbantur cum audiunt deum patrem et deum filium et deum spiritum sanctum, et tamen hanc trinitatem non tres deos sed unum deum; et quemadmodum id intellegant quaerunt, praesertim cum dicitur inseparabiliter operari trinitatem in omni re quam deus operatur, et tamen quandam vocem patris sonuisse, quae vox filii non sit; in carne autem natum et passum et resurrexisse et ascendisse non nisi filium; in columbae autem specie venisse non nisi spiritum sanctum. Intellegere volunt quomodo et illam vocem quae non nisi patris fuit trinitas fecerit, et illam carnem in qua non nisi filius de virgine natus est eadem trinitas creaverit, et illam columbae speciem in qua non nisi spiritus sanctus apparuit illa ipsa trinitas operata sit. Alioquin non inseparabiliter trinitas operatur, sed alia pater facit, alia filius, alia spiritus sanctus; aut si quaedam simul faciunt, quaedam sine invicem, iam non inseparabilis trinitas. Movet etiam quomodo spiritus sanctus in trinitate sit, quem nec pater nec filius ambo genuerint, cum sit spiritus patris et filii. Quia ergo quaerunt ista homines, et taedio nobis sunt ut si quid hinc ex dono dei sapit infirmitas nostra, edisseramus eis ut possumus, neque cum invidia tabescente iter habeamus.
Si dicimus nos nihil de talibus rebus cogitare solere, mentimur; si autem fatemur habitare ista in cogitationibus nostris quoniam rapimur amore indagandae veritatis, flagitant iure caritatis ut eis indicemus quid hinc excogitare potuerimus. Non quia iam acceperim aut iam perfectus sim (nam si Paulus apostolus, quanto magis ego longe infra illius pedes iacens, non me arbitror apprehendisse?), sed pro modulo meo si ea quae retro sunt obliviscor et in anteriora me extendo et secundum intentionem sequor ad palmam supernae vocationis, quantum eiusdem viae peregerim et quo pervenerim unde mihi in fine reliquus cursus est ut aperiam desideratur a me illis desiderantibus quibus me servire cogit libera caritas. Oportet autem et donabit deus ut eis ministrando quae legant ipse quoque proficiam, et eis cupiens respondere quaerentibus ipse quoque inveniam quod quaerebam. Ergo suscepi haec iubente atque adiuvante domino deo nostro non tam cognita cum auctoritate disserere quam ea cum pietate disserendo cognoscere.