CHAPITRE IX.
L’ÂME SE CONNÂIT PAR LE SEUL FAIT QU’ELLE CONNAÎT L’ORDRE DE SE CONNAITRE.
- Que l’âme ne cherche donc pas à se voir comme absente, mais qu’elle s’attache à se bien discerner comme présente. Qu’elle ne se connaisse pas comme ne se connaissant pas, mais qu’elle se distingue elle-même de tout objet étranger qu’elle connaît. Comment en effet accomplira-t-elle cet ordre : Connais-toi toi-même, si elle ne sait pas ce que veut dire:
Connais-toi, ni ce que signifie : Toi-même? Mais si elle comprend ces deux expressions, elle se connaît elle-même ; car on ne lui dit pas : Connais-toi toi-même, comme on lui dirait : Connais les Chérubins et les Séraphins, lesquels sont absents et que nous croyons des puissances célestes d’après ce qu’on nous enseigne; ni comme on lui dirait: Connais la volonté de cet homme, volonté que nous ne pouvons ni sentir, ni comprendre, si elle ne se manifeste par quelques signes corporels, et à laquelle, même alors, nous croyons plutôt que nous ne la comprenons; ni comme on dirait à un homme-: Regarde ton visage, ce qu’il ne peut faire que dans un miroir. En effet notre visage est absent pour nos yeux, puisqu’ils ne peuvent se diriger sur lui. Mais quand on dit à l’âme: Connais-toi toi-même, par ce seul fait qu’elle comprend ce mot: Toi-même, elle se connaît elle-même, et cela uniquement parce qu’elle est présente à elle-même ; ce qui n’a plus lieu, si elle mie comprend pas la parole qu’on lui adresse. On lui donne donc un ordre qui est exécuté aussitôt que compris. (480)