5.
Nous n’acceptons donc pas le baptême des hérétiques, quoique nous refusions de réitérer ce sacrement à ceux qui l’ont déjà reçu de leurs mains, Avant tout, ce baptême est l’oeuvre de Jésus-Christ, même dans les pécheurs, soit dans les schismatiques déclarés, soit dans ceux qui ne sont séparés que d’une manière occulte ; que les uns et les autres corrigent ce qu’il y avait en eux de répréhensible, et nous le recevons aussitôt avec toute la vénération qui lui est due. Je puis paraître embarrassé lorsqu’on me presse par cette question : «Un hérétique remet donc les péchés » ; mais à mon tour je presse mes adversaires lorsque je leur dis : Les péchés sont donc remis par celui qui n’observe pas les commandements divins, par l’avare, le voleur, 1’usurier, l’envieux et par quiconque ne renonce au siècle que dans ses paroles et non point par ses oeuvres? Si la rémission des péchés s’opère par la vertu propre du sacrement de Dieu, qu’importe tel ou tel ministre? au contraire, si c’est par son propre mérite que le ministre confère la rémission des péchés , cette rémission n’est opérée ni par l’un ni par l’autre de ceux que nous venons de signaler. En effet, quelque mauvais que soient les hommes le baptême reste toujours le sacrement de Jésus-Christ; mais ces hommes mauvais, quels qu’ils soient, n’appartiennent pas à cette colombe unique, incorruptible, sainte, pudique, n’ayant ni tache ni ride (Eph. V, 27.). De même donc que le baptême n’est d’aucune utilité pour celui qui, en le recevant, ne renonce au siècle que du bout des lèvres et non point par ses œuvres ; de même il est sans résultat pour celui qui est baptisé dans le schisme ou l’hérésie; tous deux cependant l’ont reçu validement: qu’ils se convertissent et ils éprouveront les effets de ce qui pour eux jusque-là était sans aucun résultat.