37.
Citant ces paroles de l’Apôtre: «L’évêque doit être capable d’instruire (II Tim., II, 24 ) », Cyprien les commente en ces termes : « Celui-là est capable d’instruire qui sait apporter dans ses leçons beaucoup de douceur et de patience; car l’évêque doit non-seulement enseigner, mais encore apprendre; or, celui qui instruit le mieux, c’est celui qui profite de chaque jour pour développer et perfectionner ses connaissances ». Ces paroles du saint et pieux évêque nous prouvent que nous n’avons point à redouter la lecture de ses lettres comme si elles devaient ébranler notre croyance et notre conviction par rapport aux décisions solennellement formulées par l’Eglise, après de nombreuses et constantes recherches. En effet, si la science de Cyprien pouvait se prononcer sur un grand nombre de sujets, son humilité lui permettait d’apprendre chaque jour quelque chose. Suivons surtout cet excellent conseil qu’il nous donne: « Remontons aux sources, c’est-à-dire à la tradition apostolique, et suivons-en le cours jusqu’à l’époque où nous sommes ». Or, il rappelle lui-même que nous avons appris des Apôtres « qu’il y a un Dieu, un Christ, une « espérance, une foi, une Eglise et un baptême (Eph., IV, 4, 5) ». Or, du temps même des Apôtres, nous trouvons que certains hommes n’avaient pas la même espérance et avaient un seul et même baptême; de là nous pouvons conclure qu’il peut arriver que, malgré l’unité d’Eglise, d’espérance et de baptême, quelques chrétiens aient le même baptême sans avoir la même Eglise; comme autrefois d’autres avaient le même baptême sans avoir la même espérance. Comment pouvaient-ils n’avoir qu’une seule et même espérance avec les saints, ceux qui s’écriaient: « Mangeons et buvons, car nous mourrons demain (I Cor., XV, 32 ) »; ce qui prouve qu’ils ne croyaient pas à la résurrection des morts? Toutefois c’est parmi eux encore que se trouvaient ces hommes à qui l’Apôtre écrivait : « Est-ce donc Paul qui a été crucifié pour vous? Avez-vous donc été baptisés au nom de Paul (I Cor., I, 13 )? » Ils étaient baptisés, et cependant l’Apôtre n’hésite pas à leur dire : « Comment donc quelques-uns parmi vous osent-ils dire qu’il n’y a point de résurrection des morts (Id., XV, 12 )? »