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On a coutume de demander si l’on doit ratifier le baptême donné par un infidèle qui aurait porté la curiosité jusqu’à apprendre la manière de le conférer. Dans ce cas encore, est-il important de savoir dans quelles dispositions était le sujet? agissait-il avec dissimulation ou sans dissimulation? Supposé qu’il eût agi avec dissimulation, voulait-il tromper l’Eglise ou ce qu’il croyait être l’Eglise? Voulait-il seulement rire, comme-font quelquefois les bouffons? Recevoir, fallacieusement le baptême dans l’Eglise, est-ce un plus grand crime que de le recevoir sérieusement dans le schisme ou l’hérésie? Enfin qu’arriverait-il si, après avoir demandé fallacieusement le baptême à un hérétique ou sérieusement à un bouffon, Dieu permettait que des sentiments de piété sincère survinssent tout à coup pendant la cérémonie? A vrai dire, si nous comparons cet hérétique à celui qui reçoit fallacieusement le baptême dans l’Eglise catholique, je m’étonnerais que l’on doutât auquel des deux on doit donner la préférence, car je ne vois pas que la sincérité du ministre puisse être de quelque utilité à l’hypocrisie du sujet. Mais nous supposons ici l’hypocrisie réciproque de la part du ministre et de la part du sujet dans l’unité catholique, et nous demandons si le baptême donné dans de telles conditions doit être préféré à celui qui serait conféré par un bouffon, en supposant que le sujet subitement converti le reçoive dans de bonnes dispositions. Nous demandons, quant à ce qui concerne les hommes eux-mêmes, s’il y a une grande différence entre celui qui s’en remet à un bouffon, et celui qui tourne en dérision les sacrements de l’Eglise. Pour ce qui regarde l’intégrité du sacrement, elle ne saurait être aucunement compromise. Or, s’il n’importe nullement à l’intégrité du sacrement dans l’Eglise catholique que l’un des deux, le ministre ou le sujet, agisse sérieusement ou par hypocrisie, pourvu que tous deux accomplissent ce qui est essentiellement nécessaire; je ne vois pas pourquoi l’on admettrait une différence quand il s’agit du baptême conféré hors de l’Eglise, en supposant toutefois que le changement subit qui s’opère dans le sujet lui soit inspiré, non point parla dissimulation, mais par un sentiment de piété véritable. Est-ce que la validité du baptême dépend plus de la véracité de ceux dans la société desquels il est conféré, que sa nullité ne dépend de l’hypocrisie de ceux par qui ce sacrement est conféré et dans lesquels il s’accomplit? Et cependant, si plus tard de tels faits viennent à se dévoiler, jamais on ne réitère le baptême, et cette dissimulation sacrilège est punie par l’excommunication ou guérie par une sévère pénitence.