XXXIII.
Mais voici une question dont il voudra bien me donner la réponse: parmi les évêques de l'Eglise romaine dont il fait la nomenclature, il cite Etienne dont l'épiscopat lui paraît sans tache. Cependant si nous en croyons les lettres authentiques des autres évêques et de saint Cyprien lui-même, il est certain que le pape Etienne, non-seulement ne rebaptisait pas les hérétiques , mais menaçait même d'excommunication ceux qui réitéraient le baptême ou ordonnaient de le réitérer. D'un autre côté, nous savons que Cyprien resta toujours dans la communion de ce Pontife. A cela que peuvent répondre nos adversaires? Qu'ils se tourmentent autant qu'ils le voudront; qu'ils examinent attentivement s'ils peuvent répondre. Pour ne rien dire des autres, voici deux évêques contemporains qui n'avaient pas toujours les mêmes opinions; voici deux évêques des églises les plus célèbres, l'Eglise de Rome et celle de Carthage, Etienne et Cyprien, et tous deux inébranlablement attachés à l'unité catholique. Etienne enseignait que le baptême de Jésus-Christ ne doit jamais être réitéré, et condamnait sévèrement ceux qui agissaient autrement; Cyprien enseignait qu'on doit baptiser dans 1'Eglise catholique, comme n'ayant pas reçu le baptême de Jésus-Christ,ceux qui avaient reçu le baptême au sein du schisme ou de l'hérésie. Tous deux avaient de nombreux partisans, et tous cependant vivaient dans l'unité la plus parfaite. Si donc nos adversaires sont dans la vérité quand, pour justifier leur séparation, ils soutiennent que dans la même communion des sacrements, les méchants souillent les bons et que, par conséquent, on doit se soustraire, même corporellement, à cette contagion, dans la crainte que tous ne périssent également, il faut conclure que du temps d'Etienne et de Cyprien, l'Eglise avait péri tout entière sans qu'il en restât aucune portion où Donat lui-même pût prendre une naissance spirituelle. Si cette conclusion leur paraît ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire un blasphème, ils admettent donc que l'Eglise est demeurée vivante et pure jusqu'au temps de Cécilianus, de Majorin ou de Donat; que rien n'a pu la souiller, ni l'admission dans son sein de certains hommes non baptisés, ni la présence de certains fidèles tout couverts de péchés et de crimes, ni le refus opposé par Cyprien et Isar ceux qui partageaient ses opinions sur le baptême, de rompre toute communion avec eux, parce que, sans doute, ils n'admettaient pas qu'ils pussent être souillés par le crime des autres tout en restant avec eux en communion dans l'unité des sacrements de Jésus-Christ. Mais alors pourquoi ne pas convenir également que cette même Eglise est toujours existante, qu'elle tend, selon les prophéties, à se répandre sur toute la terre, et que sa robe virginale ne saurait être souillée par les crimes de tous ceux qui la trahissent et la calomnient? C'est ainsi que dans une aire, le froment, en attendant sa purification, ne saurait être souillé par son mélange avec la paille ; et que, dans un même filet, les bons poissons ne perdent rien de leurs qualités pour nager avec les mauvais jusqu'aux rivages.