11.
Ils nous opposent donc un raisonnement futile, ceux qui nous disent : « Si le pécheur a engendré un pécheur, de sorte que son petit enfant doive recevoir avec le baptême le pardon d'une faute originelle, le juste aussi n'a dû engendrer que le juste ». — Comme si le principe de la justice en l'homme était aussi le principe générateur selon la chair ! Comme si la génération n'était pas due, au contraire, à ce reste de la concupiscence qui se remue dans nos membres, à cette loi de péché que la loi de l'esprit convertit, et dont elle use pour la propagation de la famille ! Oui, chez nous, l'acte de reproduction est dû à ce qui nous reste du vieil homme, à ce qui nous abaisse et nous traîne encore parmi les enfants du siècle, et non pas à ces prémices glorieuses qui nous élèvent par la rénovation au rang des enfants de Dieu. « Ce sont », dit Jésus-Christ, « les enfants du siècle qui engendrent et qui sont engendrés1 ». Aussi ce qui naît de là est tout semblable à son principe : « Ce qui naît de la chair est chair2 ». Les seuls justes, nous l'avouons, ce sont les enfants de Dieu; mais, en tant qu'enfants de Dieu, ils n'engendrent point par la chair, puisque eux-mêmes sont nés en ceci non de la chair, mais de l'esprit. Et, dans leurs rangs mêmes, ceux, quels qu'ils soient, qui engendrent par la chair, n'engendrent non plus que par le côté d'eux-mêmes où les misérables restes d'un vieil et triste état n'ont pas encore été changés par la rénovation parfaite. De là tout enfant qui doit sa naissance à cet endroit vieux et infirme de l'humanité, se trouve nécessairement, lui aussi, dans cet état du vieil homme et de la faiblesse; et, partant, il faut bien qu'à son tour lui-même reçoive spirituellement par la rémission des péchés une génération nouvelle Que si cette rénovation n'a pas lieu pour lui, rien ne lui sert d'être né d'un père juste, puisque celui-ci est juste par l'esprit, et que l'esprit n'est pour rien dans la génération; si, au contraire, il arrive à être régénéré, son père même injuste ne lui peut nuire en rien; car, par la grâce de l'esprit, l'enfant est passé dans l'espérance de la rénovation éternelle, tandis que le père est resté tout entier dans le vieil homme, pour avoir gardé l'esprit de la chair.