53.
Qu'on dise maintenant: « Si la mort physique est née du péché, nous ne devrions plus mourir maintenant, après cette rémission des péchés que nous a octroyée le Rédempteur ». — C'est ne pas comprendre que ces malheurs d'origine; dont la tache et la honte sont effacées de Dieu, afin qu'après cette vie ils ne puissent nous. nuire, demeurent néanmoins par sa permission, afin de servir d'exercice à notre foi ; grâce à ces épreuves, les fidèles s'instruisent, s'exercent, progressent dans les saints combats de la justice. Il se pourrait, en effet, qu'en comprenant aussi peu que vous cette vérité, un autre contradicteur nous fit cette objection : Si Dieu a vraiment prononcé à cause du péché cet arrêt : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front; et la terre ne te produira que des ronces, et des épines1 », pourquoi, même après les péchés remis, ce dur labeur nous incombe-t-il toujours?, pourquoi le champ même du fidèle ne lui produit-il aussi que ces plantes dures et cruelles ? De même encore, si c'est le péché qui a dicté contre la femme cette condamnation : « Tu enfanteras dans la douleur2 », pourquoi, même après les péchés remis, les femmes chrétiennes éprouvent-elles encore ces mêmes douleurs de l'enfantement? — Et pourtant, bien certainement, c'est à cause du péché par eux commis, que les premiers humains reçurent et méritèrent de Dieu ces décrets redoutables ; et ces paroles que j'ai citées du livre divin, au sujet du travail de l'homme et de l'enfantement de la femme, ne trouvent d'autres adversaires que ceux mêmes qui combattent ces mêmes lettres sacrées, à titre d'ennemis jurés de la foi catholique.