DE L'ESPRIT ET DE LA LETTRE
In Oeuvres complètes de Saint Augustin, sous la direction de M. Raulx, tome XVIIème, p. 147à 184, Bar-le-Duc 1871
Dans son Traité des Mérites et de la Rémission des péchés, saint Augustin avait dit que, par la puissance de Dieu, l'homme peut être exempt de péché, mais il avait nié que personne, dans cette vie, à l'exception de Jésus-Christ, eût été ou dût être sans péché. Marcellin, étonné qu'on pût croire possible une chose sans exemple, en écrivit à Augustin, qui lui répondit par le livre De l'Esprit et de la Lettre. Le saint docteur ne considérait pas comme une très-grave aberration de penser que des hommes aient vécu sans souillure; il lui paraîtrait plus coupable de soutenir que la seule volonté humaine, sans l'assistance divine, puisse s'élever à la perfection de la justice. Commentant les paroles de l'Apôtre : « La lettre tue et l'esprit vivifie », Augustin entend par « la lettre », non pas les cérémonies judaïques abolies par l'avènement du Sauveur, mais les préceptes mêmes du Décalogue, quand l'Esprit divin ne verse pas dans l'âme la force et l'amour. Il distingue la loi des oeuvres et la loi de la foi; l'une prescrit, l'autre donne la force; la première est toute judaïque, la seconde est toute chrétienne.