12.
Revenons à l'apôtre saint Paul. Appelé Saul avant sa conversion , il ne me paraît avoir changé de nom, que, pour mieux montrer son humilité, se regardant comme le dernier des Apôtres. Or, il déclare une guerre énergique,et continuelle aux orgueilleux et aux arrogants qui mettaient toute leur confiance dans leurs propres oeuvres, et par là il se propose d'exalter d'autant plus la nécessité et la puissance de la grâce de Dieu. Quand donc, si ce n'est dans sa personne, cette grâce de Dieu s'est-elle révélée dans toute son évidence et son efficacité? Violent persécuteur de l'Eglise de Dieu, digne à ce titre des plus rigoureux châtiments, il reçut, non point la condamnation, mais la miséricorde; non point le châtiment, mais la grâce. C'est donc avant tout sa propre cause qu'il défend et justifie contre l'ignorance de ceux qui ne comprennent rien à ces mystères cachés et profonds, contre ceux ,aussi qui voudraient dénaturer son langage si précis et si formel. Aussi ce qu'il prêche, ce qu'il proclame sans hésiter, c'est le don de Dieu par lequel seul arrivent au salut les fils du bienfait divin, les fils de la grâce et de la miséricorde, les fils du Testament Nouveau. Tout d'abord, écoutez son salut : « A vous la grâce et la paix par Dieu le Père et Notre-Seigneur Jésus-Christ1 ». Ensuite toute sa lettre aux Romains roule à peu près sur cette seule question qu'il traite avec tant de véhémence et d'abondance, qu'il fatigue à la vérité l'attention des lecteurs, mais d'une fatigue utile et salutaire; car il veut .seulement exercer et non briser les membres de l'homme intérieur.
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Début des Epîtres. ↩