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Works Augustine of Hippo (354-430) De spiritu et littera De l'esprit et de la lettre
CHAPITRE X. DANS QUEL SENS LA LOI N'EST-ELLE PAS ÉTABLIE POUR LE JUSTE.

16.

« La loi n'est pas établie pour celui qui est juste », et cependant cette loi « est bonne si l'on en use légitimement1 ». Il y a une sorte de contradiction dans ce langage, et l'Apôtre, en l'énonçant, voulait sans doute forcer le lecteur à scruter et à résoudre la question. « La loi est bonne si l'on en use légitimement2 »; comment accorder cette proposition avec la suivante: « Sachant ceci, c'est que la loi n'a pas été établie pour le juste?» Et qui donc use légitimement de la loi, si ce n'est celui qui est juste ? Et cependant ce n'est pas pour lui que la loi a été établie , mais pour le pécheur. Est-ce donc que le pécheur, pour être justifié, c'est-à-dire pour devenir juste, doit user légitimement de la loi, afin que cette loi, lui servant de pédagogue, le conduise à la grâce par laquelle seule peuvent être accomplies toutes les prescriptions de la loi? Or, la grâce nous justifie gratuitement, c'est-à-dire sans aucun mérite antérieur de notre part : « autrement la grâce n'est plus une grâce3 » ; car elle nous est donnée non point parce que nous avons accompli des bonnes oeuvres, mais afin que nous puissions les accomplir; ou encore elle nous est donnée non point parce que nous avons accompli la loi, mais afin que nous puissions l'accomplir. En effet, le Sauveur a dit: « Je ne suis pas venir détruire la loi, mais l'accomplir4 », lui dont il est écrit : « Nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, rempli de grâce et de vérité5 ». Telle est la gloire dont il est dit : « Tous ont « péché, et ils ont besoin de la gloire de Dieu»; telle est aussi la grâce dont l'Apôtre dit aussitôt : « Nous avons été justifiés gratuitement par sa grâce ».

Si donc le pécheur use légitimement de la loi, c'est afin de devenir juste; et quand il aura obtenu cette justice, il doit voir dans la loi, non plus une sorte de véhicule pour arriver au terme, mais plutôt, selon la comparai. son de l'Apôtre, une sorte de pédagogue qui lui a appris ses devoirs. En effet, comment la loi n'a-t-elle pas été établie pour le juste, si elle est nécessaire à celui-là même qui est juste, non pas dans ce sens que cette loi le conduise du péché à la grâce sanctifiante, mais en tant que, devenu juste, il en use légitimement ? Ne fait-il pas assurément un usage légitime de la loi, l'homme juste qui, pour inspirer une terreur salutaire aux coupables, leur impose les prescriptions de la loi, afin que sous le feu de la concupiscence mauvaises se révoltant contre la défense et augmentant le nombre et la gravité de ses prévarications ils cherchent promptement, et par la foi, un refuge assuré dans la grâce justifiante, et échappent aux menaces de la lettre en goûtant les douceurs de la justice par la vertu dit Saint-Esprit? De cette manière toute contradiction cesse entre ces deux passages cités plus haut, car nous voyons comment le juste peut user légitimement d'une loi bonne, quoique la loi ne soit point établie pour l'homme juste. En effet, ce n'est point par la loi qu'il a été justifié, mais par la loi de la foi, par laquelle il a cru qu'il avait absolument besoin de la grâce divine pour accomplir, malgré sa faiblesse, les prescriptions de la loi.


  1. I Tim. I, 9, 8.  ↩

  2. Gal. III, 21.  ↩

  3. Rom. XI, 6.  ↩

  4. Matth. V, 17.  ↩

  5. Jean, I, 14. ↩

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De l'esprit et de la lettre

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