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Quels sont donc ceux qu'il désigne par ces paroles : « Depuis le plus petit jusqu'au plus grand ? » Ne sont-ce pas tous ceux qui appartiennent spirituellement à la maison d'Israël et à la maison de Juda, c'est-à-dire à la famille d'Isaac et à la race d'Abraham? Ecoutons l'Apôtre rappelant la promesse faite à Abraham : « Il vous sera donné des descendants dans la personne d'Isaac, c'est-à-dire que ceux qui sont enfants selon la chair ne sont pas pour cela enfants de Dieu; ce sont les enfants de la promesse qui sont réputés les enfants d'Abraham. Car voici les termes de cette promesse: Je viendrai en ce même temps, et Sara aura un fils. Ce n'est pas seulement Sara, c'est aussi Rebecca qui conçut en même temps deux enfants d'Isaac notre père. Car avant qu'ils fussent nés, et avant qu'ils eussent fait aucun bien et aucun mal, afin que le décret de Dieu demeurât ferme selon son élection; non à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui appelle, il fut dit à la mère : « L'aîné sera assujéti au plus jeune, selon qu'il est écrit : J'ai aimé Jacob, et j'ai haï Esaü1 ». Telle est cette maison d'Israël ou cette maison de Juda, choisie en vue de Jésus-Christ qui est venu de la tribu de Juda. Si cette maison est devenue la maison des enfants de la promesse, ce n'est point grâce au mérite de leurs propres oeuvres, mais grâce au choix et au libre bienfait de Dieu.
En effet, Dieu promet ce dont il est lui. même l'auteur; ce qu'il promet ce n'est pas un autre qui l'accomplit; car alors ce ne serait plus promettre, mais prédire. De là ces mots : « Non à cause de leurs oeuvres, mais par la volonté de celui qui appelle »; car autrement ce serait leur oeuvre propre et non celle de Dieu, et la récompense serait imputée non pas selon la grâce, mais selon le mérite2, et dès lors la grâce ne serait plus la grâce, malgré la parole formelle de cet Apôtre qui s'est constitué l'ardent défenseur de la grâce, et qui a plus travaillé que les autres, non pas lui, mais la grâce de Dieu avec lui3 « Car » , dit Dieu, « tous me connaîtront». « Tous », c'est-à-dire la maison d'Israël et la maison de Juda. « Tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas pour cela de vrais Israélites » ; il n'y a que ceux à qui il est dit dans le psaume : « pour la réception du matin », c'est-à-dire pour la lumière nouvelle, pour la lumière du Nouveau Testament : « Que toute la race de Jacob glorifie le Seigneur, et qu'il soit craint par toute la postérité d'Israël4 » . Il ne s'agit pas ici de toute la race prise dans son universalité absolue en tant qu'elle renferme tous ceux pour qui ont eu lieu les promesses et la vocation, mais en tant qu'elle renferme ceux qui ont été appelés selon le décret divin. Car « ceux qu'il a prédestinés, il les a aussi appelés, et ceux qu'il a appelés, il les a aussi justifiés, et ceux qu'il a justifiés, il les a aussi glorifiés5 » . « Ainsi, c'est par la foi, afin que nous le soyons par la grâce et que la promesse demeure ferme pour tous ses enfants, non-seulement pour ceux qui ont reçu la loi » laquelle est passée de l'Ancien Testament au Nouveau, « mais encore pour ceux qui suivent la foi d'Abraham qui est le père de nous tous, selon qu'il est écrit : Je vous ai établi père de beaucoup de nations6 ». Ainsi donc tous ces hommes prédestinés, appelés, justifiés, glorifiés, connaîtront Dieu par la grâce du Nouveau Testament, depuis le plus petit jusqu'au plus grand.