57.
Il nous reste à demander si cette volonté par laquelle nous croyons est elle-même un don de Dieu, ou si elle nous vient de cette faculté naturelle que nous nommons le libre arbitre. Si nous disons qu'elle n'est pas un don de Dieu, il est à craindre que nous ne soyons tentés de nous attribuer quelque chose à nous-mêmes comme venant de nous-mêmes, malgré ce reproche que nous adresse l'Apôtre : « Qu'avez-vous donc, que vous ne l'ayez reçu? Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme si vous ne l'aviez point reçu1? » A cela nous pourrions répondre : Il est en nous une chose que nous n'avons pas reçue, c'est la volonté de croire; il nous est donc permis de nous en glorifier comme d'une chose que nous n'avons point reçue. D'un autre côté, si nous disons que cette volonté n'est elle-même qu'un don de Dieu, il est à craindre que les infidèles et les impies ne prétendent tirer de nos paroles le droit de s'excuser. et de dire que s'ils ne croient pas, c'est parce que Dieu leur a refusé la volonté de croire. « Car c'est Dieu qui opère en nous la volonté et l'action selon son bon plaisir2 » ; tel est le résultat de.la grâce obtenue parla foi, voilà ce qui rend possibles les bonnes oeuvres que la foi opère en nous par la charité qui est répandue dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. Si nous croyons afin d'obtenir cette grâce, il est certain que nous croyons par cette volonté dont nous recherchons en nous le principe. Si cette volonté vient de la nature, pourquoi tous ne l'ont-ils pas ? car nous n'avons tous qu'un seul et même créateur qui est Dieu. Si elle est en nous un don spécial de Dieu, pourquoi ce don n'est-il pas accordé à tous? car Dieu veut que tous les hommes fassent leur salut et arrivent à la connaissance de la vérité3.