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De l'âme et de son origine
36.
Il me reste à montrer que l'esprit n'est point l'âme tout entière, mais seulement une faculté de l'âme, selon cette parole de l'Apôtre : «Tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps1 » ; ou plutôt selon cette parole de Job : «Vous avez détaché mon âme de mon esprit2 ». Cependant, comme il est assez ordinaire de prendre l'esprit pour l'âme tout entière, la question pourrait bien n'être qu'une simple question de mots. En effet, du moment qu'il existe certainement dans notre âme une faculté qui se nomme proprement l'esprit, et en dehors de laquelle les autres facultés se nomment simplement l'âme, il n'y a plus à alléguer aucune difficulté réelle. Ce qui le prouve encore mieux, c'est que nous sommes parfaitement d'accord sur la faculté que nous appelons l'esprit; nous entendons par là l'un et l'autre la faculté par laquelle nous raisonnons et par laquelle nous comprenons. Et c'est dans ce sens que nous interprétons ce passage de l'Apôtre : «Tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps» . L'esprit se nomme aussi l'entendement, comme dans ce passage : «J'obéis à la loi de Dieu par l'entendement, tandis que par la chair j'obéis à la loi du péché3 ». Cette phrase n'est en effet que la répétition de celle-ci : «La chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair4 ». Entendement et esprit désignent donc une seule et même faculté; et c'est à tort que vous prétendriez que l'entendement désigne à la fois l'esprit et l'âme ; je ne vois pas même un seul passage qui puisse servir de prétexte à cette interprétation. L'entendement pour nous n'est pas autre chose que notre faculté rationnelle et intellectuelle. Quand donc l'Apôtre nous dit : «Renouvelez-vous par l'esprit de votre entendement5 », n'est-ce pas comme s'il nous disait : Renouvelez-vous par votre entendement ? L'esprit de l'entendement n'est pas autre chose que l'entendement, comme le corps de la chair n'est pas autre chose que la chair. L'Apôtre ne dit-il pas : «Dans le dépouillement du corps de la chair6 », ce qu'il appelle corps de la chair n'étant que la chair elle-même? Dans un autre endroit, il est vrai, saint Paul distingue l'esprit de l'entendement ; c'est quand il s'écrie : «Si je prie par la langue, mon esprit prie, mais mon entendement est infructueux7 ». Mais nous n'avons pas ici à nous occuper de l'esprit en tant qu'il diffère de l'entendement. Ce serait du reste une question très-difficile, car ce mot: esprit, se retrouve souvent dans les saintes Ecritures et avec des sens bien différents. Pour nous, en ce moment, l'esprit c'est la faculté de raisonner, de comprendre, de juger ; quand donc nous parlons de l'esprit comme tel, nous sommes d'accord pour dire qu'il n'est point l'âme tout entière, mais une simple faculté de l'âme. Maintenant, si vous niez que l'âme soit un esprit, parce que le mot esprit nous représente spécialement l'intelligence, vous pourrez avec autant de raison nier que toute la race de Jacob soit appelée Israël, parce qu'en exceptant Juda on désignait sous ce nom le peuple des dix tribus qui formèrent le royaume de Samarie8. Mais pourquoi nous arrêter plus longtemps à de telles minuties?
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A Treatise on the soul and its origin
Chapter 36 [XXII.]--He Passes on to the Second Question About the Soul, Whether It is Called Spirit.
It now remains for me to show how it is that while the designation spirit is rightly predicated of a part of the soul, not the whole of it,--even as the apostle says, "Your whole spirit, and soul, and body;" 1 or, according to the much more expressive statement in the Book of Job, "Thou wilt separate my soul from my spirit," 2 --yet the whole soul is also called by this name; although this question seems to be much more a question of names than of things. For since it is certainly a fact that there is a something in the soul which is properly called "spirit," while (this being left out of question) it is also designated with equal propriety "soul," our present contention is not about the things themselves; 3 mainly because I on my side certainly admit, and you on your part say the same, that that is properly called spirit by which we reason and understand, and yet that these things are distinguishingly designated, as the apostle says "your whole spirit, and soul, and body." This spirit, however, the same apostle appears also to describe as mind; as when he says, "So then with the mind I serve the law of God, but with the flesh the law of sin." 4 Now the meaning of this is precisely what he expresses in another passage thus: "For the flesh lusteth against the spirit, and the spirit against the flesh." 5 What he designates mind in the former place, he must be understood to call spirit in the latter passage. Not as you interpret the statement, "The whole mind is meant, which consists of soul and spirit,"--a view which I know not where you obtained. By our "mind," indeed, we usually understand nothing but our rational and intellectual faculty; and thus, when the apostle says, "Be ye renewed in the spirit of your mind," 6 what else does he mean than, Be ye renewed in your mind? "The spirit of the mind" is, accordingly, nothing else than the mind, just as "the body of the flesh" is nothing but the flesh; thus it is written, "In putting off the body of the flesh," 7 where the apostle calls the flesh "the body of the flesh." He designates it, indeed, in another point of view as the spirit of man, which he quite distinguishes from the mind: "If," says he, "I pray with the tongue, my spirit prayeth, but my mind is unfruitful." 8 We are not now, however, speaking of that spirit which is distinct from the mind; and this involves a question relating to itself which is really a difficult one. For in many ways and in divers senses the Holy Scriptures make mention of the spirit; but with respect to that we are now speaking of, by which we exercise reason, intelligence, and wisdom, we are both agreed that it is called (and indeed rightly called) "spirit," in such a sense as not to include the entire soul, but a part of it. If, however, you contend that the soul is not the spirit, on the ground that the understanding is distinctly called "spirit," you may as well deny that the whole seed of Jacob is called Israel, since, apart from Judah, the same appellation was distinctly and separately borne by the ten tribes which were then organized in Samaria. But why need we linger any longer here on this subject?
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1 Thess. v. 23. ↩
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Job vii. 15. ↩
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[Compare On the City of God, xiv. 2, 6, and On the Trinity, x. 11, 18. Augustin denied the trichotomy of the Greek Fathers before Appollinaris, and held that the soul and spirit constituted a single substantial unity, and this one spiritual essence was "soul" (anima) so far as it was the informing and vivifying principle of the body, and "spirit" (spiritus) so far as it was the power of rational thought.--W.] ↩
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Rom. vii. 25. ↩
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Gal. v. 17. ↩
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Eph. iv. 23. ↩
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Col. ii. 11. ↩
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1 Cor. xiv. 14. ↩