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De l'âme et de son origine
1.
Les deux livres que Vincent Victor vous avait adressés, m'ont été envoyés par notre frère René, simple laïque, il est vrai, mais à qui la foi la plus vive inspire pour ses amis la sollicitude la plus prudente et la plus religieuse. Je n'ai connu l'auteur qu'en lisant ses ouvrages, dont le style révèle une grande suffisance, qui va quelquefois jusqu'à la redondance et la diffusion. Quant aux matières qu'il y traite, il est trop facile de voir qu'il manque de la science nécessaire et compétente; et cependant, si Dieu lui en fait la grâce, il pourra devenir plus lard un écrivain de quelque mérite et vraiment utile. En effet, il jouit d'une grande facilité d'élocution qui lui permettrait d'expliquer parfaitement et même d'orner sa pensée, s'il s'occupait d'abord de rendre cette pensée conforme à la vérité et à la foi. Ce qui m'effraie le plus, ce sont ces beaux diseurs de mensonges et d'erreurs qui trouvent dans une certaine habileté de langage un moyen si puissant d'en imposer aux hommes simples et ignorants. Qu'avez-vous pensé de ces livres, je l'ignore; cependant, si j'en crois les bruits qui me sont parvenus, il parait qu'à mesure que ce jeune homme vous lisait ses écrits vous vous seriez abandonné à tous les ravissements de la joie; dans votre enthousiasme vous auriez été jusqu'à donner à ce jeune homme et à ce laïque le baiser d'un vieillard et d'un prêtre, le remerciant avec effusion de vous avoir révélé ce que vous aviez ignoré jusque-là: Je suis loin de désapprouver l'humilité dont vous avez fait preuve, et les louanges dont vous avez comblé votre jeune docteur ; rien de tout cela, sans doute, ne s'adressait à l'homme, mais uniquement à la vérité qui avait daigné vous parler par sa bouche; cependant je serais heureux d'apprendre quelles sont les vérités qu'il vous a révélées. Veuillez donc, en me répondant, m'apprendre à moi-même ce qu'il vous a appris. Vous n'avez pas rougi de vous faire le disciple d'un laïque, pourrais-je rougir de me faire le disciple d'un prêtre? Si vous avez appris à cette école quelque vérité, je ne puis mieux faire que de louer et d'imiter votre humilité.
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A Treatise on the soul and its origin
Chapter 1 [I.]--Depraved Eloquence an Injurious Accomplishment.
There have reached me the two books of Vincentius Victor, which he addressed in writing to your Holiness; they have been forwarded to me by our brother Renatus, a layman indeed, but a person who has a prudent and religious care about the faith both of himself and of all he loves. On reading these books, I saw that their author was a man of great resources in speech, of which he had enough, and more than enough; but that on the subjects of which he wished to teach, he was as yet insufficiently instructed. If, however, by the gracious gift of the Lord this qualification were also conferred upon him, he would be serviceable to many. For he possesses in no slight degree the faculty of explaining and beautifying what he thinks; all that is wanted is, that he should first take care to think rightly. Depraved eloquence is a hurtful accomplishment; for to persons of inadequate information it always carries the appearance of truth in its readiness of speech. I know not, indeed, how you received his books; but if I am correctly informed, you are said, after reading them, to have been so greatly overjoyed, that you (though an elderly man and a presbyter) kissed the face of this youthful layman, and thanked him for having taught you what you had been previously ignorant of. Now, in this conduct of yours I do not disapprove of your humility; indeed, I rather commend it; for it was not the man whom you praised, but the truth itself which deigned to speak to you through him: only I wish you were able to point out to me what was the truth which you received through him. I should, therefore, be glad if you would show me, in your answer to this letter, what it was he taught you. Be it far from me to be ashamed to learn from a presbyter, since you did not blush to be instructed by a layman, in proclaiming and imitating your humble conduct, if the lessons were only true in which you received instruction.