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De l'âme et de son origine
14.
Il rougit pour moi de l'hésitation plus prudente que savante dont je fais preuve sur une question aussi profonde; voyez au contraire jusqu'à quel point il pousse la témérité: « Je n'hésite pas à avancer », dit-il, «que ces enfants peuvent obtenir la rémission du péché originel, quoique cependant ils ne soient point encore introduits dans le royaume des cieux, mais uniquement dans le paradis, comme c'est le paradis qui a été promis par le Sauveur au bon larron pour avoir confessé sa divinité, avant qu'il eût reçu le baptême1. Ce n'est point le royaume des cieux qui lui est promis, car le Sauveur avait déjà proclamé cette sentence : Celui qui n'aura pas été régénéré dans l'eau et le Saint-Esprit n'entrera pas dans le royaume des cieux2. Et puis le Sauveur ne dit-il pas qu'il y a plusieurs demeures dans la maison « de son Père , pour désigner qu'elles sont a appropriées au nombre et à la diversité des qui meurent avant d'avoir reçu le baptême. «Sur ce point » , dit-il, je ne prends pas la responsabilité d'auteur, je me contente d'invoquer un exemple. Je l'emprunte à ces enfants qui, prédestinés au baptême, sont arrachés à la vie présente avant d'avoir été régénérés en Jésus-Christ. Au sujet de ces enfants, voici ce que nous lisons : « Il a été ravi à la terre de peur que la malice ne changeât son intelligence, ou que le mensonge ne trompât son âme. Voilà pourquoi le Seigneur s'est empressé de le faire sortir du milieu de l'iniquité; car son âme était agréable à Dieu; il s'est rapidement éteint, mais il a rempli un long espace de temps3 ». Qui oserait mépriser un tel docteur ? Voici des enfants que l'on va présenter au baptême; on court, mais ils meurent avant de l'avoir reçu. Si leur vie s'était prolongée de quelques instants, s'ils n'étaient morts qu'immédiatement après avoir reçu le baptême; est-ce que la malice aurait changé leur intelligence, est-ce que le mensonge aurait trompé leur âme; est-ce pour leur venir en aide contre ce danger qu'ils ont été ravis à la vie avant d'avoir reçu le baptême? Ce serait donc dans le mérites de ceux qui y sont appelés? Ainsi, celui qui n'est pas baptisé peut parvenir au pardon de son péché, tandis que celui qui est baptisé peut parvenir à la palme qui lui est préparée par la grâce ». Voici donc un nouveau docteur qui sépare du royaume des cieux le paradis et les différentes demeures de la maison du Père, et cela sans doute pour pouvoir fournir d'abondants séjours de félicité même à ceux qui meurent sans baptême. Il ne voit donc pas que, tout en admettant les enfants baptisés dans le royaume des cieux; il ne craint pas d'en séparer la maison du Père ou les différentes demeures qui la composent. En effet, quand le Sauveur nous parle « de ces nombreuses demeures », il les place, non pas dans l'univers en général ou dans telle partie de l'univers, mais « dans la maison de mon Père4 ». Comment donc placer dans la maison du Père un enfant non baptisé, puisqu'il ne peut avoir Dieu pour Père qu'autant qu'il a été régénéré dans l'eau et le Saint-Esprit ? Et comment se montrerait ingrat envers Dieu celui que Dieu a daigné soustraire à la division des Donatistes ou des Rogatistes ? Comment oserait-il diviser la maison même de Dieu le Père, et en placer une certaine portion en dehors du royaume des cieux pour en faire la demeure de ceux qui meurent sans baptême? De quel droit se flatterait-il d'entrer un jour dans le royaume des cieux, s'il exclut de telle partie qu'il voudra de ce royaume la demeure du roi lui-même? Quant au bon larron qui, suspendu à la croix, tout près du Sauveur, a espéré dans le Sauveur crucifié ; quant à Dinocrate, frère de sainte Perpétue, il en conclut que ceux qui ne sont pas baptisés peuvent obtenir la rémission de leurs péchés et une place avec les bienheureux me paraît quelque peu téméraire. Est-ce que quelqu'un dont la parole doit être crue sous peine de blasphème lui a révélé que le bon larron et Dinocrate n'ont pas été baptisés? Au sujet de ces deux personnages j'ai clairement formulé ma pensée dans le livre que j'ai adressé à notre frère René5; si vous n'en méprisez pas la lecture; vous pourrez prendre connaissance de cet ouvrage, car en le lui demandant, vous le mettrez dans l'impossibilité de vous le refuser.
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A Treatise on the soul and its origin
Chapter 14 [X.]--Victor Sends Those Infants Who Die Unbaptized to Paradise and the Heavenly Mansions, But Not to the Kingdom of Heaven.
But I beg you mark how bold he is, who is displeased with hesitancy, which prefers to be cautious rather than overknowing in a question so profound as this: "I would be bold to say"--such are his words--"that they can attain to the forgiveness of their original sins, yet not so as to be admitted into the kingdom of heaven. Just as in the case of the thief on the cross, who confessed but was not baptized, the Lord did not give him the kingdom of heaven, but paradise; 1 the words remaining accordingly in full force, Except a man be born again of water and of the Holy Ghost, he shall not enter into the kingdom of heaven.' 2 This is especially true, inasmuch as the Lord acknowledges that in His Father's house are many mansions, 3 by which are indicated the many different merits of those who dwell in them; so that in these abodes the unbaptized is brought to forgiveness, and the baptized to the reward which by grace has been prepared for him." You observe how the man keeps paradise and the mansions of the Father's house distinct from the kingdom of heaven, so that even unbaptized persons may have an abundant provision in places of eternal happiness. Nor does he see, when he says all this, that he is so unwilling to distinguish the future abode of a baptized infant from the kingdom of heaven as to have no fear in keeping distinct therefrom the very house of God the Father, or the several parts thereof. For the Lord Jesus did not say: In all the created universe, or in any portion of that universe, but, "In my Father's house, are many mansions." But in what way shall an unbaptized person live in the house of God the Father, when he cannot possibly have God for his Father, except he be born again? He should not be so ungrateful to God, who has vouchsafed to deliver him from the sect of the Donatists or Rogatists, as to aim at dividing the house of God the Father, and to put one portion of it outside the kingdom of heaven, where the unbaptized may be able to dwell. And on what terms does he himself presume that he is to enter into the kingdom of heaven, when from that kingdom he excludes the house of the King Himself, in what part soever He pleases? From the case, however, of the thief who, when crucified at the Lord's side, put his hope in the Lord who was crucified with him, and from the case of Dinocrates, the brother of St. Perpetua, he argues that even to the unbaptized may be given the remission of sins and an abode with the blessed; as if any one unbelief in whom would be a sin, had shown him that the thief and Dinocrates had not been baptized. Concerning these cases, however, I have more fully explained my views in the book which I wrote to our brother Renatus. 4 This your loving self will be able to ascertain if you will condescend to read the book; for I am sure our brother will not find it in his heart to refuse you, if you ask him the loan of it.