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Œuvres Augustin d'Hippone (354-430)

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Des actes du procès de Pélage

32.

Mais la suite ne me. laisse pas sans inquiétude. Citant le cinquième chapitre du livre de Célestins; le réquisitoire reprochait aux Pélagiens « d'affirmer que chaque homme peut posséder toutes les vertus et toutes les grâces, et denier la diversité des grâces, telle que l'Apôtre l'enseigne ». Pélage répondit: « Il est vrai que nous l'avons dit, mais l'accusation portée contre nous n'en est pas moins inique et téméraire. Nous ne nions pas la diversité des grâces, mais nous disons que Dieu confère toutes les grâces à celui qui en est digne, comme il les a conférées à Paul ». Le synode répliqua : « Sur le don des grâces, telles qu'elles ont été conférées au saint Apôtre, vous n'avez d'autre doctrine que la doctrine même de l'Église ». Mais, dira quelqu'un, pourquoi donc se tourmente-t-il? Nierez-vous que l'Apôtre ait reçu toutes les vertus et toutes les grâces? Je réponds: S'il s'agit de toutes les vertus et de toutes les grâces que l'Apôtre énumère dans le même passage, et dont les évêques entendaient parler quand ils ont dit à Pélage qu'il partageait en ce point la doctrine de l'Église, je confesse sans hésiter que l'Apôtre les possédait toutes. Voici comme il s'exprime: « Dieu a établi dans l'Église: premièrement les Apôtres, secondement les Prophètes, troisièmement les docteurs, ensuite ceux qui ont la vertu d'opérer des miracles, puis ceux qui ont la grâce de guérir les maladies, le don d'assister les frères, de gouverner et de parler diverses langues1 ». Quoi donc ! dirons-nous que l'Apôtre ne possédait pas tous ces dons? Qui oserait le soutenir? Par cela même qu'il était apôtre, il avait l'apostolat. Il avait aussi le don de prophétie. N'est-ce pas de lui cette prophétie : « L'Esprit déclare ouvertement que dans les derniers temps quelques-uns abandonneront la foi pour s'attacher aux esprits séducteurs, aux doctrines des démons2 ? » Il était également « le docteur des nations dans la foi et la vérité3 » ; il faisait des miracles et opérait des guérisons ; n'a-t-il pas secoué sans en souffrir aucune atteinte, la vipère suspendue à sa main4? D'une seule parole il a rendu un paralytique à la santé5. Quant au pouvoir d'aider ses frères, le texte sur ce point est quelque peu obscur, et il est difficile d'en préciser l'application ; cependant pourrait-on refuser cette grâce à un Apôtre qui a travaillé si puissamment au salut de ses frères? Quant au don de gouverner, ne brille-t-il pas en lui avec un éclat extraordinaire, puisque Dieu s'est servi de lui pour gouverner un si grand nombre d'Églises, et qu'il les gouverne, encore aujourd'hui pas ses Epîtres? Quelle langue peut-il avoir ignoré, lui qui disait: « Je rends grâces à Dieu qui m'a donné de parler toutes vos langues6 ? » Ainsi donc aucun de ces dons ne manquait à l'Apôtre ; voilà pourquoi les juges approuvèrent d'une manière absolue la réponse de Pélage. « Toutes les grâces lui avaient été conférées ». Mais n'y a-t-il pas d'autres grâces dont il n'est point parlé dans ce passage ? Paul était assurément, dans le corps mystique de Jésus-Christ, l'un des membres les plus privilégiés ; mais celui qui en est la tête ne possédait-il pas des grâces et plus abondantes et plus précieuses encore, soit dans sa chair, soit dans son âme, en un mot dans l'humanité dont le Verbe divin s'était revêtu par l'union hypostatique, afin qu'il fût notre tête et que nous fussions son corps ? D'un autre côté, si toutes les propriétés peuvent être accordées à chacun des membres de l'Église, sur quoi repose donc la similitude si souvent établie entre les membres de l'Église et les membres d'un corps? Il y a sans doute des biens communs à tous les membres d'un corps, comme la santé, la vie; mais il en est aussi qui sont particuliers à chacun d'eux, car l'oreille ne perçoit pas les couleurs, et l'œil ne distingue pas les sons. De là cette parole : « Si tout le corps était oeil, où serait l'ouïe ? et s'il était tout ouïe, où serait l'odorat7? » L'Apôtre ne prétend pas sans doute qu'il soit impossible à Dieu de donner aux oreilles la faculté de voir, et aux yeux le pouvoir d'entendre. Cependant l'Apôtre établit assez clairement que dans le corps de Jésus-Christ, qui est l'Église, il y a une diversité réelle de grâces, de manière à s'approprier à chacun des membres en particulier. Voilà pourquoi les accusateurs de Pélage voulurent maintenir le principe de la distinction des grâces; voilà pourquoi aussi, si les juges approuvèrent la réponse de Pélage, c'est uniquement en considération de la personne de Paul en qui se trouvaient réunis tous les dons qu'il énumère dans ce passage de son épître.


  1. I Cor. XII, 28.  ↩

  2. I Tim. IV, 1.  ↩

  3. Id. II, 7.  ↩

  4. Act. XXVIII, 5.  ↩

  5. Id. XIV, 9.  ↩

  6. I Cor. XIV, 18. ↩

  7. I Cor. XII, 17. ↩

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A work on the proceedings of pelagius

Chapter 32.--The Eleventh Item of the Accusation.

But what comes afterwards again fills me with anxiety. On its being objected to him, from the fifth chapter of Coelestius' book, that "they say that every individual has the ability to possess all powers and graces, thus taking away that diversity of graces,' which the apostle teaches," Pelagius replied: "We have certainly said so much; but yet they have laid against us a malignant and blundering charge. We do not take away the diversity of graces; but we declare that God gives to the person, who has proved himself worthy to receive them, all graces, even as He conferred them on the Apostle Paul." Hereupon the Synod said: "You accordingly do yourself hold the doctrine of the Church touching the gift of the graces, which are collectively possessed by the apostle." Here some one may say, "Why then is he anxious? Do you on your side deny that all the powers and graces were combined in the apostle?" For my own part, indeed, if all those are to be understood which the apostle has himself mentioned together in one passage,--as, I suppose, the bishops understood Pelagius to mean when they approved of his answer, and pronounced it to be in keeping with the sense of the Church,--then I do not doubt that the apostle had them all; for he says: "And God hath set some in the Church, first, apostles; secondarily, prophets; thirdly, teachers; after that miracles; then gifts of healings, helps, governments, diversities of tongues." 1 What then? shall we say that the Apostle Paul did not possess all these gifts himself? Who would be bold enough to assert this? The very fact that he was an apostle showed, of course, that he possessed the grace of the apostolate. He possessed also that of prophecy; for was not that a prophecy of his in which he says: "In the last times some shall depart from the faith, giving heed to seducing spirits, and doctrines of devils?" 2 He was, moreover, "the teacher of the Gentiles in faith and verity." 3 He performed miracles also and cures; for he shook off from his hand, unhurt, the biting viper; 4 and the cripple stood upright on his feet at the apostle's word, and his strength was at once restored. 5 It is not clear what he means by helps, for the term is of very wide application; but who can say that he was wanting even in this grace, when through his labours such helps were manifestly afforded towards the salvation of mankind? Then as to his possessing the grace of "government," what could be more excellent than his administration, when the Lord at that time governed so many churches by his personal agency, and governs them still in our day through his epistles? And in respect of the "diversities of tongues," what tongues could have been wanting to him, when he says himself: "I thank my God that I speak with tongues more than you all?" 6 It being thus inevitable to suppose that not one of these was wanting to the Apostle Paul, the judges approved of Pelagius' answer, wherein he said "that all graces were conferred upon him." But there are other graces in addition to these which are not mentioned here. For it is not to be supposed, however greatly the Apostle Paul excelled others as a member of Christ's body, that the very Head itself of the entire body did not receive more and ampler graces still, whether in His flesh or His soul as man; for such a created nature did the Word of God assume as His own into the unity of His Person, that He might be our Head, and we His body. And in very deed, if all gifts could be in each member, it would be evident that the similitude, which is used to illustrate this subject, of the several members of our body is inapplicable; for some things are common to the members in general, such as life and health, whilst other things are peculiar to the separate members, since the ear has no perception of colours, nor the eye of voices. Hence it is written: "If the whole body were an eye, where were the hearing? if the whole were hearing, where were the smelling?" 7 Now this of course is not said as if it were impossible for God to impart to the ear the sense of seeing, or to the eye the function of hearing. However, what He does in Christ's body, which is the Church, and what the apostle meant by diversity of graces 8 as if through the different members, there might be gifts proper even to every one separately, is clearly known. Why, too, and on what ground they who raised the objection were so unwilling to have taken away all difference in graces, why, moreover, the bishops of the synod were able to approve of the answer given by Pelagius in deference to the Apostle Paul, in whom we admit the combination of all those graces which he mentioned in the one particular passage, is by this time clear also.


  1. 1 Cor. xii. 28. ↩

  2. 1 Tim. iv. 1. ↩

  3. 1 Tim. ii. 7. ↩

  4. Acts xxviii. 5. ↩

  5. Acts xiv. 8, 9. ↩

  6. 1 Cor. xiv. 18. ↩

  7. 1 Cor. xii. 17. ↩

  8. Another reading has Ecclesiarum, instead of gratiarum; q.d. "difference in churches." ↩

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