15.
Comment donc les enfants de la promesse,les fils de la libre et éternelle Jérusalem, ne seraient-ils pas émus en voyant la distinction.établie par l'Apôtre et par l'Eglise disparaître sons les coups des paroles imprudentes de Pélage, eu voyant Agar mise à peu près sur un pied d'égalité avec Sara? Oui, sous le souffle d'une hérétique impiété, celui-là outrage l'Ecriture de l'Ancien Testament, qui nie qu'elle eut pour auteur le Dieu bon, suprême et véritable ; tel fut Marcion, tel Manès et tous ceux qui partagent leur audace sacrilège. Et je résumerai en quelques mots ma conviction sur ce sujet: si l'on outrage l'Ancien Testament, en niant qu'il fut l'oeuvre du Dieu bon et suprême, on outrage également le Nouveau en l'assimilant à l'Ancien. Toutefois, comme Pélage répondit qu'en attribuant à l'Ancien Testament la promesse du royaume des cieux il ne faisait que rappeler la prophétie dans laquelle Daniel annonce que les saints recevront le royaume du Très-Haut, ses juges purent en toute vérité déclarer que cette doctrine n'était point contraire à la foi catholique. Cette décision, en effet, ne portait aucune.atteinte à la distinction par laquelle il est établi que les promesses de l'Ancien Testament avaient directement pour objet les biens et la félicité terrestres. Sans doute cette réflexion s'applique au Testament donné sur le mont Sinaï ; mais polir se conformer à l'habitude qui désigne sous le nom d'Ancien Testament toutes les Ecritures canoniques révélées avant l'Incarnation, on peut maintenir la proposition telle qu'elle est formulée. Quant au royaume du Très-Haut dont parle Daniel, il ne peut être autre que le royaume même de Dieu; personne- ne poussera la témérité jusqu'à soutenir le contraire.