58.
D'un autre côté, il a cité dans ce même écrit plusieurs chapitres de Célestius, sur lesquels il avait été mis en demeure de s'expliquer; mais il est à remarquer que quand il cite les actes du procès, jamais il ne rapporte les deux réponses qu'il a faites à ces chapitres, il a tu celle des deux qui les condamnait, et s'est contenté de citer l'autre, du reste fort peu compromettante. Est-ce dans le but d'abréger? Je le croirais encore, si je ne le voyais pas multiplier les citations qui blessent nos croyances. Voici du reste comme il termine: « Je répète que, de l'aveu même de mes adversaires, je ne suis pas l'auteur de ces propositions, et dès lors je ne dois pour elles aucune satisfaction. Quant à celles dont je suis l'auteur, j'affirme qu'elles sont irrépréhensibles ; pour les autres, je les réprouve selon le jugement de la sainte Eglise et frappe d'anathème quiconque se met en opposition avec les doctrines de la sainte Eglise ; je condamne également ceux qui n'ont pas reculé devant le mensonge pour nous charger de calomnies ». Cette dernière phrase ne se trouve pas dans les actes, mais nous n'avons pas à nous en occuper. Comme lui j'appelle l'anathème contre ceux qui n'ont pas reculé devant le mensonge pour les charger de calomnies. Mais en lisant ces premières paroles : « Je réprouve, selon le jugement de la sainte Eglise, ces propositions dont je ne suis pas l'auteur », j'ignorais encore que l'Eglise eût prononcé un jugement, puisqu'il n'en faisait aucune mention et que je n'avais pas encore lu les actes du procès. Je crus donc uniquement qu'il promettait de se conformer sur ces chapitres à la décision future de l'Eglise, et de réprouver tout ce que l'Eglise réprouverait. Voilà comment je m'expliquais ces autres paroles : « Déclarant anathème à quiconque se met en contradiction avec la doctrine de la sainte Eglise catholique ». Or, d'après les actes publics, le jugement ecclésiastique avait été prononcé par les quatorze évêques; c'est donc pour se conformer à ce jugement qu'il déclare réprouver toutes ces propositions, et dire anathème à ceux qui, en restant attachés à ces propositions, se mettent en opposition avec le jugement déjà prononcé. Les juges s'étaient écriés: « Le moine Pélage, ici présent, a-t-il quelque chose à répondre sur ces chapitres dont on vient de donner lecture? Car ces chapitres sont condamnés par le saint « synode et par la sainte Eglise catholique ». Or, ceux qui ignorent cette sentence et qui lisent l'écrit de Pélage, supposent naturellement que certains de ces chapitres peuvent être justifiés licitement, par la raison que l'Eglise ne les a pas condamnés comme contraires à sa doctrine, et que Pélage s'est déclaré prêt à obtempérer sur ces matières à toute définition qui pourrait intervenir de la part de l'Eglise. Ainsi donc, cet écrit qui nous occupe ne mentionne aucunement que ces propositions, sous le voile desquelles l'hérésie se propageait et la discussion retrouvait sans cesse de nouvelles audaces, aient été condamnées dans un jugement ecclésiastique présidé par quatorze évêques. Disons-le sans détour : il a craint de nous faire connaître cette condamnation, mais alors qu'il se convertisse donc, au lieu de s'irriter contre les sollicitudes trop tardives de notre vigilance épiscopale. S'il déclare qu'il n'avait rien à craindre à nous faire connaître ce jugement, si nous le soupçonnons à tort sur ce point, qu'il nous pardonne, pourvu du reste qu'il combatte énergiquement tous les chapitres sur lesquels il a été entendu, et qui ont été frappés d'anathème et de condamnation. En se montrant indulgent pour ces chapitres, il nous prouverait non-seulement qu'il en partageait la doctrine, mais qu'il la partage encore.