47.
Avant de terminer cet ouvrage, je crois devoir invoquer l'autorité de saint Ambroise. Parmi les écrivains ecclésiastiques de la langue latine, ce saint évêque est celui dont Pélage célèbre avec le plus de complaisance l'intégrité de la foi. Nous avons invoqué son autorité sur la grâce; nous allons aussi l'invoquer sur le péché originel; comme la rémission de ce péché est évidemment le plus grand triomphe de la grâce, nous y trouverons la réfutation la plus facile des nombreuses calomnies de nos adversaires. Dans son livre sur la Résurrection, saint Ambroise s'exprime en ces termes : « Je suis tombé dans Adam, c'est dans Adam que j'ai été chassé du paradis, c'est dans Adam que jesuis mort; pour me rappeler à la vie, c'est donc aussi dans Adam que l'on doit me trouver, car si c'est en lui que j'ai été rendu coupable et condamné à la mort, c'est en Jésus-Christ que j'ai été justifié ». Le même docteur écrit aux Novatiens : «Nous naissons tous esclaves du péché, notre origine est souillée par le vice, selon ces paroles de David : J'ai été conçu dans l'iniquité, et ma mère m'a enfanté dans le péché1. Voilà pourquoi saint Paul regarde sa chair comme étant un corps de mort : Qui me délivrera, dit-il, de ce corps de mort2 ?Or, la chair de Jésus-Christ a condamné le péché, puisqu'il est né sans péché et qu'en mourant il a crucifié le péché; c'est ainsi que la justification s'est répandue par la grâce dans notre chair, quand auparavant cette chair n'était qu'un amas de fautes et d'iniquités3». Dans son commentaire sur Isaïe, saint Ambroise, parlant de Jésus-Christ, formule ainsi sa pensée : « Comme homme il a été éprouvé de toute manière et il a subi toutes les douleurs dans sa ressemblance avec les hommes ; mais le péché ne vint jamais souiller sa nature, parce qu'il était né de l'Esprit4. En effet, tout homme est menteur5, et personne n'est sans péché si ce n'est Dieu. Dès lors, ce n'est pas sans raison que l'on a dit que quiconque est né du commerce de l'homme et de la femme a connu le péché dès sa naissance. Celui-ci seul est né sans péché qui est né en dehors de ce genre de conception6 ». Dans son commentaire sur l'évangile de saint Luc, saint Ambroise dit également : « Quand il s'agit de la naissance du Sauveur, éloignez toute idée purement humaine, toute profanation de la sainte virginité, c'est l'Esprit-Saint lui-même qui, dans un sein inviolable, a déposé une semence immaculée. Seul entre tous ceux qui sont nés de la femme, Jésus-Christ n'a point goûté la corruption d'une origine souillée, seul il en a repoussé la honte par la nouveauté de son enfantement immaculé et par la majesté de sa nature divine7».