23.
Parlant ensuite d'Abraham et de Sara, notre adversaire s'abandonne à de longs développements pour nous montrer comment ils ont reçu l'enfant de la promesse. Alors seulement il prononce le mot fatal de concupiscence; encore se garde-t-il bien de dire la concupiscence de la chair, car elle doit rester dans sa honte. Mais, en prenant ce mot concupiscence dans son sens général, né peut-on pas y trouver un sujet de gloire; n'y a-t-il pas la concupiscence de l'esprit contre la chair1 ; n'y a-t-il pas la concupiscence de la sagesse2? Voici comment il s'exprime : « Quant à cette concupiscence sans laquelle aucune fécondité n'est possible, vous avez dit qu'elle est naturellement mauvaise ; pourtant, ne voyons-nous pas que Dieu lui-même l'a rallumée dans certains vieillards? Osez donc, si vous le pouvez, attribuer au démon ce que vous voyez être un don même de Dieu ». Ne dirait-on pas, à l'entendre, que Dieu leur a donné depuis cette concupiscence qu'ils n'avaient pas auparavant ? Elle existait assurément dans ce corps de mort, mais ils étaient privés, par l'âge, de cette fécondité qui est l'oeuvre de Dieu ; pourquoi s'étonner que Dieu la leur eût rendue quand il le jugea à propos? Du reste, quoi qu'il en dise, jamais nous n'avons soutenu qu'Isaac eût été engendré sans intervention aucune de ce feu de la concupiscence.