• Accueil
  • Œuvres
  • Introduction Instructions Collaboration Sponsors / Collaborateurs Copyrights Contact Mentions légales
Bibliothek der Kirchenväter
Recherche
DE EN FR
Œuvres Augustin d'Hippone (354-430) De nuptiis et concupiscentia Du mariage et de la concupiscence
LIVRE DEUXIÈME. RÉFUTATION DE JULIEN.

42.

Avant de répondre j'invite le lecteur à se rappeler que le but poursuivi par nos adversaires, c'est de faire croire que les enfants n'ont aucun besoin d'un Sauveur, et qu'ils ne sont coupables d'aucun de ces péchés qui leur rendraient la rédemption nécessaire. C'est là une erreur funeste qui se pose en ennemie déclarée de la grâce de Dieu, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu1. Cependant, c'est cette erreur qu'ils cherchent à insinuer dans les coeurs peu intelligents, sous le voile extérieur des louanges prodiguées aux oeuvres de Dieu, c'est-à-dire à la nature humaine, à sa fécondité, au mariage, à l'union des deux sexes; je n'ose pas dire à la concupiscence, car s'il rougit de prononcer ce nom, ce n'est que pour se donner le droit de louer autre chose. Si donc il confond le maux survenus à la nature, avec la bonté de la nature elle-même, ce n'est point précisément pour montrer qu'elle est saine, mais pour empêcher sa guérison. Voilà pourquoi il admet avec nous que « le crime de l'adultère ne saurait être justifié par le bien qui en résulte, c'est-à-dire par l'enfant qui en naît »; et pour mieux prouver sa pensée, qui est aussi la nôtre, il invoque la comparaison d'un voleur qui sème dans son champ un froment usurpé, sans que pour cela la moisson en devienne mauvaise et nuisible. Quant à cette autre proposition formulée par nous: « Le mariage reste bon, malgré le mal originel qui en est la conséquence », il la rejette et la condamne; il le fallait bien, car il ne pouvait l'admettre sans cesser d'être Pélagien pour devenir immédiatement catholique. « Si », dit-il, « le mal sort du mariage, le mariage n'est plus justifiable et doit être condamné; car vous en soumettez les fruits à l'empire du démon, oubliant ainsi que la cause du mal ne saurait être bonne ». Tous les développements qu'il invoque tendent à prouver que la cause du mal ne saurait être un bien, d'où il conclut que le mariage, par cela même qu'il est un bien, ne saurait être la cause du mal; par conséquent, le fruit du mariage ne peut être coupable, et comme tel ne saurait avoir besoin d'un Rédempteur. Quoi donc? est-ce que jamais nous avons dit que le mariage fût la cause du péché, tout en soutenant que l'enfant qui. en sort ne naît pas sans péché ? Le mariage a été institué pour engendrer, et non pas pour pécher ; de là cette bénédiction conférée par Dieu aux époux: « Croissez, multipliez vous, et remplissez la terre2 ». Quant au péché que l'on apporte en naissant, il n'est pas l'oeuvre même du mariage, mais la conséquence d'un mal survenu parmi les hommes, pour qui la consommation du mariage consiste dans l'union des époux. Il s'agit de la concupiscence. Or cette concupiscence peut exister en dehors du mariage, et le mariage aurait pu exister en dehors de toute concupiscence. Elle est l'oeuvre du corps, non pas du corps de vie, mais de ce corps de mort; voilà pourquoi depuis le péché le mariage ne peut exister sans la concupiscence, quoique la concupiscence puisse exister en dehors du mariage. Rien de si contraire au mariage que l'adultère et tous les autres crimes de la volupté, et cependant tout cela n'est inspiré que par la concupiscence. Bien plus, lors même qu'aucun de ces crimes ne serait commis, lors même que la volonté s'armerait d'énergie et de courage pour refuser son consentement, la concupiscence cesserait-elle pour cela ses mouvements tumultueux et sa perfide agitation, voire même ses rêves et ses songes voluptueux ? Ainsi donc, même dans le mariage, ce mal n'est pas le mal du mariage; il réside avant tout dans ce corps de mort ; les époux en sont atteints lors même qu'ils ne le voudraient pas, mais ils sont toujours libres d'en accomplir les oeuvres. La concupiscence n'est donc pas; à proprement parler, le résultat du mariage dont Dieu à béni l'institution primitive ; elle est le fruit de ce péché qui est entré dans le monde par un seul homme, et la mort par le péché, en sorte que la mort est passée dans tous les hommes par celui en qui tous ont péché » .


  1. Luc, XIX, 10. ↩

  2. Gen. I, 28. ↩

pattern
  Imprimer   Rapporter une erreur
  • Afficher le texte
  • Référence bibliographique
  • Scans de cette version
Download
  • docxDOCX (94.91 kB)
  • epubEPUB (87.42 kB)
  • pdfPDF (315.01 kB)
  • rtfRTF (284.87 kB)
Traductions de cette œuvre
Du mariage et de la concupiscence

Table des matières

Faculté de théologie, Patristique et histoire de l'Église ancienne
Miséricorde, Av. Europe 20, CH 1700 Fribourg

© 2025 Gregor Emmenegger
Mentions légales
Politique de confidentialité