12.
Lors donc que l'on peut dire d'un homme qu'il est livré à ses désirs, on peut par là même le déclarer coupable, parce que, abandonné de Dieu, il cède et consent à ces désirs, par lesquels il se trouve vaincu, enchaîné, entraîné et possédé. «On devient l'esclave de celui par qui on a été vaincu1», et ce qui n'était que le châtiment d'un péché antérieur, devient ultérieurement un péché. Ne trouvons-nous pas le péché et le châtiment du péché dans ces paroles : «Le Seigneur a mêlé en eux l'esprit d'erreur, et ils ont séduit l'Egypte, dans toutes leurs oeuvres, comme on séduit un homme ivre2 ? » Ne voyons-nous pas le péché et le châtiment du péché dans ces paroles adressées au Seigneur par le Prophète : «Pourquoi, Seigneur, nous avez-vous fait errer loin de votre voie ; vous avez endurci nos coeurs, afin que nous cessions de vous craindre3 ? » Comment ne pas en dire autant de ces autres paroles «Voici que vous êtes irrité, et nous avons péché ; voilà pourquoi nous avons erré, et nous nous sommes tous souillés4 ? » Ne trouvons-nous pas le péché et le châtiment du péché dans ce passage où nous lisons, des nations en guerre avec Josué, que le Seigneur enhardit leur coeur et leur inspira d'attaquer Israël, mais dans le but de les exterminer5 ? N'est-ce pas grâce au péché et au châtiment du péché, que Roboam refusa d'écouter les sages avis de son peuple, parce que, selon la parole même de l'Ecriture, «le Seigneur s'était retiré de lui, afin de réaliser la menace qu'il lui avait fait entendre par la bouche de son prophète6 ? » N'est-ce pas à cause du péché et du châtiment du péché, que nous lisons d'Amasias, roi de Juda, qu'il refusa d'écouter les sages conseils de Josias, roi d'Israël, qui lui défendait de faire la guerre? Voici ce qui est écrit : «Amasias n'écouta point, car le Seigneur avait résolu de le livrer à ses ennemis, parce qu'ils avaient cherché le dieu d'Edom7 ». Nous pouvons citer beaucoup d'autres passages, qui nous montrent clairement qu'il entre, parfois, dans les secrets desseins de Dieu, de permettre la perversité du coeur, de manière à ce qu'on n'entende pas la vérité, que l'on commette le péché, et que ce péché devienne le châtiment d'un péché précédent. Croire au mensonge, et ne pas croire à la vérité, c'est également un péché. Mais ce péché vient ordinairement de l'aveuglement du coeur, et cet aveuglement du coeur, par un mystérieux mais juste dessein de Dieu, n'est évidemment que le châtiment du péché. Tel est le sens de ces paroles de saint Paul aux Thessaloniciens : «Parce qu'ils n'ont pas reçu et aimé la vérité pour être sauvés, Dieu leur enverra des illusions si efficaces, qu'ils croiront au mensonge8 ». Dans ce texte, le châtiment du péché devient évidemment un péché. Ces deux propositions sont formelles et explicites dans leur laconisme ; et surtout elles sont émises par celui dont vous avez souvent essayé de dénaturer les paroles en faveur de votre doctrine.