21.
Qu'ai-je donc fait de si extraordinaire, en disant : «Nous avons en notre pouvoir le mouvement des autres membres ? » j'ajoutais aussitôt : pourvu que notre corps soit sain et libre de tout obstacle. Le sommeil qui vient nous accabler malgré nous, la lassitude également, sont des obstacles qui s'opposent à l'agilité de nos membres. Vous répondez : «Malgré toute la force de notre volonté, nous ne pouvons imprimer à nos membres une direction qui serait contraire à leurs habitudes naturelles » ; vous n'avez donc pas remarqué que j'avais prévu cette objection, en disant : «Pourvu que ces membres soient appliqués à des fonctions qui leur conviennent » ; vouloir leur imposer des oeuvres qui seraient contre leur nature, c'est donc leur commander, avec la certitude qu'ils ne peuvent pas obéir. Mais quand ils obéissent à un ordre de la volonté librement imposé, nous n'avons nullement besoin d'invoquer le secours de la passion ; cessons de vouloir, ils cessent d'agir, sans que l'ai. guillon de la concupiscence vienne les sou. lever contre l'empire de la volonté.
