11.
Quoi que vous en disiez, c'est bien la vérité que j'ai formulée dans mon livre, en ces termes : « La faute réellement pardonnée aux parents se transmet néanmoins aux enfants, quelle qu'en soit la manière; or, comme ce mode de transmission ne s'ex plique que difficilement par la raison et le langage; les infidèles se donnent le droit de rejeter cette croyance1 ». Vous dénaturez nies paroles en me faisant dire que ce mode de transmission a n'est ni compréhensible par la raison, ni explicable par le langage» ; vous retranchez adroitement le mot difficilement », que j'applique et à la raison et au langage. Autre chose est de nier absolument la compréhensibilité de tel mode, autre chose de la regarder comme très-difficile; votre adresse sur ce point n'est donc qu'une nouvelle calomnie. Eh bien ! supposé même que ni la raison ni le langage n'aient rien à voir dans ce dogme, une alose resterait toujours hors de doute, c'est que ce dogme de foi catholique est enseigné et cru dans l'Eglise tout entière depuis la plus haute antiquité. Il n'est pas moins certain que l'Eglise n'exorciserait pas et n'insufflerait pas les enfants des fidèles, si elle ne croyait les arracher par ce moyen à la puissance des ténèbres et au prince de la mort. C'est ce que j'ai établi dans le livre que vous essayez de réfuter2. Mais vous avez omis de mentionner cet usage, sans doute parce que vous avez craint d'être expulsé» de l'univers tout entier, pour peu que vous paraissiez contredire cette insufflation », qui rejette loin de nos enfants le prince de ce monde. Ce n'est qu'au prix des plus grandes douleurs que vous enfantez vos longs raisonnements, et cependant c'est bien en vain que vous vous armez, non pas contre moi, mais contre notre commune mère spirituelle; elle vous a enfanté, comme vous ne voulez plus qu'elle enfante,. et contre son sein maternel vous vous croyez suffisamment armé, parce que vous avez recueilli les arguments les plus disparates de la justice de Dieu contre la justice de Dieu, et de la grâce de Dieu contre la :grâce de Dieu. Pour constater la justice de Dieu, il me suffit de savoir que le joug si lourd qui pèse sur les enfants d'Adam depuis leur naissance3, n'est point une injustice. Or, comment ce joug si lourd n'est-il pas une injustice, s'il n'est mérité de la part des enfants par la présence d'aucun mal ? Pour m'assurer de la grâce de Dieu, il me suffit qu'elle soit dans la réalité des choses ce qu'elle est. dans la teneur de sa définition. Or, quelle réalité lui attribuer, si elle « insuffle » celui de qui elle sait bien qu'il n'y arien à chasser, et si elle lave celui en qui elle sait bien qu'il n'y a rien à laver ?
