31.
Dira-t-on que dans tout cela les hommes ne sont pour rien par leur libre arbitre? Qu'on écoute donc ces paroles du psaume «Gardez-vous d'endurcir vos coeurs » ; et celles-ci d'Ezéchiel : « Rejetez loin de vous toutes les impiétés que vous avez commises contre moi, faites-vous un coeur nouveau et un esprit nouveau, et accomplissez tous mes commandements. Maison d'Israël, pourquoi mourez-vous, dit le Seigneur? car je ne veux pas la mort de celui qui meurt, dit « le Seigneur des armées; convertissez-vous, et vous vivrez1 ». Celui qui nous dit : « Convertissez-vous, et vous vivrez », souvenons-nous que c'est celui à qui nous disons « Convertissez-nous, Seigneur2 » . Souvenons-nous que c'est lui qui nous dit : « Rejetez loin de vous toutes vos impiétés »; lui qui seul justifie le pécheur3. Souvenons-nous que c'est lui qui dit : « Faites-vous un nouveau coeur et un esprit nouveau » ; lui qui dit : « de vous donnerai un nouveau coeur, et je mettrai en vous un esprit nouveau ». Lui qui dit : « Faites-vous », comment peut-il dire : « Je vous donnerai? » Pourquoi commande-t-il ce qu'il doit donner lui-même? Pourquoi donne-t-il, si l'homme doit le faire? n'est-ce point parce qu'il donne ce qu'il commande, lorsqu'il aide à accomplir ce qu'il ordonne? Vous restez toujours maîtres de votre volonté, mais cette volonté n'est pas toujours bonne. Ou votre volonté se dépouille de la justice lorsqu'elle obéit au péché, et alors elle est mauvaise; ou bien elle se dépouille dit péché, quand elle obéit à la justice, et alors elle est bonne.
Quant à la grâce de Dieu, elle est toujours bonne, et celui qui la reçoit devient un homme de bonne volonté, lui qui auparavant n'avait qu'une volonté mauvaise. Par cette grâce, toute volonté déjà bonne devient encore meilleure, et elle peut devenir assez grande pour pouvoir accomplir les préceptes divins si elle le veut, et aussi parfaitement qu'elle le voudra. De là cette :parole : « Si vous le voulez, vous observerez les commandements4 ». Par conséquent, celui qui veut et qui ne peut pas, doit reconnaître qu'il ne veut pas parfaitement, et prier pour obtenir toute la volonté que réclame l'accomplissement des commandements. C'est ainsi qu'il est aidé pour faire ce qui lui est commandé. Par conséquent, il est utile de vouloir lorsque nous pouvons, et il est utile de pouvoir lorsque nous voulons; car à quoi sert-il de vouloir quand nous ne pouvons pas, ou de pouvoir quand nous ne voulons pas?